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Quelques mots d'un grand père évoquant les allemands...
Les ruines brulées d'un château...
Une stèle commémorative au détour d'une rue, pour un sinistre jour de mars 1944.

Parce que La Bachellerie fut le village d'enfance de ses étés campagnards, Jean-Marc Parisis suit la piste des indices et des témoignages sur la déportation des juifs réfugiés dans le Périgord.
Tentant d'échapper au traçage administratif des faits et des individus, c'est par les photos et les souvenirs des survivants qu'il cherche "ce qui lie les hommes, les âmes, les lieux dans le temps".

Avant que la mémoire ne s'occulte, il retrace le parcours de ces déplacés d'Alsace de la défaite de 40 (mécréants, catholiques, protestants et juifs), arrivés par familles entières, démunis de tout: installations chaotiques et sommaires pour des citadins dans la rusticité rurale, solutions financières improvisées pour survivre, petits métiers, débrouillardises, intégrations plus ou moins réussies dans le tissu social paysan.
Cette migration alsacienne en déplacement de population dont l'ampleur a dopé pour un temps l'économie locale de la Dordogne.
"Saucisses et choucroute rivalisant avec les rillons et le confit d'oie".

C'est ensuite la chronologie tristement connue de la France de Vichy, de son antisémitisme et des lois anti juives.

Un récit vivant et documenté, à l'écriture très littéraire, aux élégantes formulations. Un récit, en hommage de mémoire, fourmillant de détails du quotidien et complété de photographies, donnant ainsi vie à des petits disparus et mettant en parallèle les propres parfums d'enfance heureuse de l'auteur dans les mêmes lieux.

Un quotidien si bien revisité en joie de vivre enfantine, que l'effroi de la déportation n'en est que plus grand, et que la chronologie finale, nous projetant au plus près des événements, crée une sensation d'étouffement et de panique.
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Les inoubliables de Jean Marc Parisis est un très bel ouvrage. Mais c'est aussi un ouvrage difficile sur un thème difficile... Je l'ai commencé avant les épouvantes actualités de la semaine et je dois dire que toutes mes pensées sont allées autant aux inoubliables du livre qu'aux disparus de la semaine. Il m'a par ailleurs fallu plus de temps que prévu du coup pour lire les quelques 225 pages du livre.

C'est un récit (et non un roman attention l'auteur y tient) dynamique et très documenté. On voit que l'auteur a beaucoup travaillé.

L'écriture est belle, plus littéraire comme le dit la précédente critique que romanesque. Elle n'est donc pas si facile que cela à lire. Mais elle reste agréable (vous trouverez de très jolies phrases aussi agréables à lire qu'à écouter).
Autre "difficulté" pour moi: la multitude de personnages. Pas toujours évident de s'y retrouver dans les noms... J'ajouterais aussi quelques longueurs dans certains passages.

Par contre, l'auteur a agrémenté le récit de photos des enfants et des différents personnages à qui il rend hommage. C'est une excellente idée qui donne encore plus vie au récit et nous permet surtout de ne pas oublier que tout cela est malheureusement une histoire vraie...

Autant l'auteur connait le village pour y avoir passé de bons moments (son enfance, d'ou l'envie des recherches et du récit), autant les personnages dont ils racontent la vie y ont passé des moments troubles voire pires... Certains y ont été fusillés, d'autres ont pu se sauver et ont pu revenir plus tard dans ce village de Dordogne nommé la Bachellerie.

La fin est particulièrement émouvante, oppressante et par moment dérangeante. L'horreur dont sont capables les hommes...

Non on n'oubliera jamais cette période noire et ses horreurs.
Le récit de JM Parisis est pour moi une réussite.
3/5
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C'est un livre conçu à partir d'un silence. Pour remplir ce silence, Jean-Marc Parisis aurait pu choisir l'option du roman ; il a préféré la réalité de faits établis, notifiés noir sur blanc dans des dossiers épais, bien rangés sur les rayonnages des Archives. Une façon de rendre justice à ceux dont on ne parle plus et avec lesquels il partage une même unité de lieu : le village de la Bachellerie, niché au fin fond de la Dordogne, que l'on aurait pu croire, à tort, à l'abri des tourmentes de l'histoire.

Lorsqu'il était enfant, dans les années 60-70, qu'il passait tous ses étés dans la maison de ses grands-parents dans ce petit coin de paradis, il n'a jamais entendu parler de la façon dont La Bachellerie avait traversé les années de guerre. Un silence plutôt répandu dans les familles à cette époque. C'est par hasard, en faisant des recherches sur un autre événement que Jean-Marc Parisis tombe sur la photo qui orne à présent la couverture de son livre : cinq enfants d'une même famille juive, victimes de la rafle du 30 mars 1944 à La Bachellerie. Il prend alors conscience de tout ce qu'il a partagé avec ces enfants, lui dont la propre enfance s'est déroulée au contact des mêmes pierres, des mêmes champs baignés de soleil, des mêmes chemins où cueillir des mûres. Il part à leur recherche à travers les nombreux écrits et témoignages disponibles, rencontre l'un des rares survivants ayant échappé à la rafle, Benjamin, âgé de 14 ans à l'époque des faits.

Sous sa plume, surgit alors la réalité d'une époque. Celle d'un village qui, jusqu'en 1940 ignorait ce qu'était un juif. Une région qui voit soudain affluer les populations de l'Est de la France, contraintes à l'exil au moment de l'armistice. Parmi elles, de nombreuses familles juives qui vont trouver asile et travail dans la campagne, auprès d'une population accueillante et solidaire où le bon sens paysan semble prévaloir. On s'entraide, chacun à son niveau, les fermiers en offrant du travail, les gendarmes en trafiquant des rapports, aidés en cela par la bienveillance du préfet. La vie s'organise, certes précaire. Mais la gangrène gagne, sous la forme de la milice qui s'infiltre jusqu'aux endroits les plus reculés. Et les habitants qui pensaient qu'un coin aussi perdu passerait peut-être entre les mailles du filet vont être vite détrompés lorsque la division Brehmer qui remonte vers Paris avec pour mission de nettoyer les maquis sur son chemin fait étape à La Bachellerie.

C'est un véritable objet littéraire que nous offre Jean-Marc Parisis, bien au-delà du simple récit. A travers le parallèle entre les enfances vécues à différentes époques, il met à jour des correspondances entre des individus qui ne se sont jamais connus et qui pourtant sont liés pour toujours. Et l'on se dit que les murs ne devraient pas être les seuls à se souvenir.

Très émouvant le moment où il s'aperçoit face aux quelques survivants des camps que sa quête ne peut aller au-delà des faits vécus au village car ensuite, cela dépasse son propre entendement et cela n'est plus son propos : "Si les mots ont manqué à ceux qui ont vécu l'enfer, il n'y a rien à ajouter".

Tout simplement magnifique. Belle ambition, belle réalisation. Indispensable.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Pour ne pas oublier maintenant que les témoins directs de la Shoah ont à peu près tous disparus . Un récit émouvant bâti autour d'une photo , celle d'une fratrie de cinq enfants découverte par Jean-Marc Parisis lors d'une recherche de documents concernant la rafle du Vel d'Hiv. Cinq frères et soeurs raflés et déportés en 1944. le cliché précise qu'ils ont été arrêtés à la Bachellerie village où l'auteur a passé en partie son enfance .Il va alors essayer de comprendre ce qu'il s'est passé et le silence de ses grand-parents sur ces événements.
Un récit d'une authentique sensibilité, empli de pudeur et de respect .
Un témoignage à lire sans modération alors que la peste brune refait surface dans nos sociétés .
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"Je les regarde.
Mais ils me regardent aussi."

J'ai découvert Jean -Marc Parisis lors de la présentations de son livre "Les inoubliables" lors de l'émission "La Grande Librairie" : j'avais été conquise par la fougue de cet écrivain à nous expliquer le pourquoi de sa quête et l'aboutissement de celle-ci. Il vivait son sujet...

Je viens juste d'avoir la possibilité de lire le livre et j'en suis habitée : ces enfants - ceux de la photo point de départ à la recherche et tous les autres évoqués - ne quitteront pas mes pensées de sitôt.

Quel Beau livre sous forme de récit - et c'est ,à mes yeux, ce qui fait sa force - que ce cheminement auprès de ces personnes déplacées. et de leur vie dans ce petit village.

Jean-Marc Parisis établit un parallèle entre son enfance heureuse à La Bachellerie et celle de ces enfants réfugiés : comment un même lieu peut-il générer tant d'émotions et de sentiments opposés?


A lire absolument.


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Alors que je ne gardais aucun souvenir du précédent roman de Jean-Marc PARISIS ("Les aimants", cent pages dont je crois n'être pas venue à bout !), j'ai eu envie de lire ce récit qui retrace le destin de cinq enfants juifs, réfugiés en Dordogne et qui finiront comme tant d'autres, gazés au ZyklonB à Auschwitz.
Jean-Marc PARISIS déroule la chronologie de ce coin de France, retrouve des témoignages que le temps a parfois flouté, rencontre un survivant de la rafle, enquête minutieusement.
Le tout est extrêmement bien documenté, à la manière d'un archiviste méticuleux, sans jugements sur les comportements des uns ou des autres et pourtant le récit, pudique, est riche en émotion et rend hommage à ces enfants oubliés. L'auteur réussit à mettre en parallèle son enfance dans ce village et celle des Alsaciens qui y ont vécus, pas tout à fait cachés, dans une relative tranquillité jusqu'au 31 mars 1944, jour de Pessa'h...Ils prendront le même convoi 71 que trente-quatre enfants de la colonie d'Izieu raflés sur ordre de Klaus Barbie...
J'ai apprécié de ne pas deviner entre les lignes d'apitoiement ou de culpabilité latente qu'on trouve parfois dans certains ouvrages traitant du sujet, j'ai au contraire aimé que l'auteur glisse en filigrane les souvenirs heureux de sa propre enfance se demandant si les enfants Schenkel avaient emporté avec eux un peu de ces paysages où ils avaient eux-aussi vécu.
Un beau récit qui, au-delà de la peur et de l'horreur, par sa douceur redonne vie à ces cinq enfants.
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Une photo de cinq enfants juifs réfugiés à La Bachellerie en Dordogne pendant la deuxième guerre mondiale permet à l'auteur, connaissant bien ce village, de commencer cette enquête le menant vers d'autres personnes ayant eux aussi connu la tragédie, la déportation ou la mort.
Un récit très bien documenté qui m'a permis de découvrir l'histoire de cette région, la Dordogne, qui au début de cette guerre a recueilli des réfugiés juifs et non juifs venant de l'Alsace. Malgré un intérêt pour cette histoire, je trouve que le récit est un peu confus avec des aller/retours vers le passé de ses réfugiés, vers son passé à lui, jeune vacancier en Dordogne et également à cause d'un nombre important de noms où je m'y suis un peu perdue.
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Enfant, Jean-Marc Parisis passait ses étés dans la maison familiale du village de la Bachelière, en Dordogne. C'était dans les années 60-70, et on entendait parfois parler de "la guerre" et "les Allemands" mais rien de plus. C'était une existence heureuse, sans nuage et sans mémoire.
Devenu adulte, Jean-Marc Parisis est tombé par hasard sur le net sur la photo qui fait la couverture du livre, 5 enfants juifs, Isaac, Cécile, Jacques, Maurice et Alfred Schenkel, ayant vécu à la Bachelière, exterminés à Auschwitz.

Il s'est penché sur l'histoire du village, a recueilli des témoignages, fouillé dans les archives, lu toute une bibliographie. Il raconte comment des dizaines de familles juives alsaciennes se sont réfugiées en Dordogne, croyant y trouver la paix, plutôt bien accueillis, on ne savait même pas ce qu'était un juif, ici. La pression est peu à peu remontée, les choses se sont organisées. D'une part un maquis très actif, d'autre part la mainmise progressivement plus pesante des Allemands en face. Tout cela aboutit à la rafle du 30 mars 1944, à l'incendie des maisons et du château de Rastignac, à la disparition des dizaines d'oeuvres impressionnistes qui y étaient cachées, aux exécutions sommaires, à la déportation.

Ce qui est intéressant ,c'est que Jean-Marc Parisis s'intéresse autant à aux individus qu'au collectif, que tous les juifs réfugiés, et tous les habitants en général, ont un nom, une identité, une famille, un parcours de vie, et qu'il nous fait partager leurs photos. Les parallèles avec son enfance innocente, tranquille et protégée, sa maison qui était celle de telle famille, le chemin où il ramassait des mûres ayant permis la fuite de tel enfant, sont particulièrement touchants.

Et bien sûr, une fois de plus, cela fait peur.
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Malgré l'intention louable de l'auteur de rendre hommage à ces victimes, comme un devoir de mémoire, il y a tant à dire, tant à raconter de destinées personnelles que le récit m'a semblé beaucoup trop dense.

L'auteur superpose les souvenirs heureux, sereins de son enfance à la Bachellerie, village de Dordogne, avec l'arrestation massive de juifs exilés, puis déportés, durant la seconde guerre mondiale.
La rédaction de ce document trouve sa source avec la découverte d 'une photo sur laquelle apparaissent 5 enfants, la photo de couverture. C'est cette image, ajoutée à des souvenirs très minimes et diffus (puisque des paroles entendues bien des décennies auparavant) qui provoque le récit.

L'auteur rencontre quelques survivants comme gage de véracité : leurs témoignages sont bouleversants, chacun a vu sa famille séparée, massacrée.

Jean-Marc Parisis a le souci de se souvenir de tous ces protagonistes, juifs, maquisards, comme si les évoquer était un hommage nécessaire. Cette volonté d'équité rend le livre très dense, trop ambitieux dans les deux tiers de la lecture : trop de personnages, trop de lieux.

Malgré les qualités littéraires incontestables de l'auteur, le fil narratif a été difficile à saisir, et je ne pourrais affirmer que lire ce document fut un plaisir.
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