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EAN : 9782213707198
176 pages
Fayard (19/01/2022)
3.19/5   16 notes
Résumé :
Provincial venu étudier à Sciences Po, Quentin Ixe tombe de haut quand son idole socialiste chute suite à un scandale sexuel. Voilà qui n’arriverait jamais à l’énarque et banquier d’affaires Cyril Crâmon. Brillant, ondoyant, marié à une femme exceptionnelle, ce trentenaire cache à peine ses ambitions présidentielles. Une jeune garde électrisée et le nouveau parti En Route vont le lancer. Expert en éléments de langage et outils numériques, Ixe viralise la Crâmonmania... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Chronique d'un quinquennat très bousculé

Avant les élections présidentielles, Jean-Marc Parisis nous rafraîchit la mémoire avec ce roman à clefs. A travers le regard du conseiller spécial du Président, il retrace le quinquennat écoulé avec une plume corrosive.

Je sais que le cliché peut sembler éculé, mais il y a bien du Rastignac dans l'épopée que va nous conter Quentin, le narrateur de ce roman. Après nous avoir fait revivre au pas de charge les batailles politiques des dernières années, ses yeux de trentenaire venu à la politique dans le sillage de DSK, voient son horizon s'éclaircir. Il rejoint l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron. Si l'auteur utilise des noms d'emprunt, il sont toutefois transparents, y compris pour les seconds couteaux. Et quelquefois même porteurs de sens, comme Carchère pour Sarkozy. le président s'appelle Crâmon, DSK Eleski.
C'est avec un style alerte et enlevé que nous revivons ainsi les épisodes précédents, la campagne de Ségolène, suivie de celle de son mari de l'époque pour la gauche, la victoire de Sarkozy suivie de sa mise hors-jeu par un François Fillon que les affaires mettront à son tour sur la touche. L'heure a sonné pour l'ex-ministre de l'économie et des finances, bien décidé à «faire bouger ce putain de pays».
L'élection dans la poche, voici notre narrateur propulsé conseiller spécial du président, un poste qui va nous permettre du suivre le quinquennat depuis un poste stratégique. de l'affaire Benalla aux gilets jaunes. de la pandémie et du confinement au changement de gouvernement avec l'arrivée de nouvelles têtes, notamment le premier ministre ou la ministre de la culture. Puis viendra l'assassinat de Samuel Paty. J'allais oublier l'épisode de la baffe donnée au président et que son ego a eu bien du mal à accepter. Et à l'heure du bilan, à 44 ans, il y a bien ce côté Rastignac qui ne fera pas hésiter Crâmon à se représenter.
Si Jean-Marc Parisis change totalement de registre avec ce nouveau roman, il n'oublie rien de la fougue qui présidait à L'histoire de Sam ou l'avenir d'une émotion, son précédent une histoire d'amour fou entre deux adolescents. Et si l'actualité brûlante vient dépasser la fiction et l'épilogue préparé par le romancier, il y a fort à parier que notre narrateur va pouvoir préparer un tome 2.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Macron s'appelle Cramon, Brigitte devient Béatrice, Hollande s'appelle Boulende, et, Lepen devient Lablonde. En Marche, c'est En Route, et Benala devient El Glaoui ! Et tant d'autres encore, pour accompagner le narrateur : proche de Cramon (donc) qui va partager le premier mandat avec ce nouveau président Ce livre se dévore, on court après tous les changements, drôles, imaginatifs, que l'auteur fait avec la réalité. Et, du coup, au final, dans ces conversations, on se demande ce qui ressemble au vrai et ce qui est pure invention. Excellemment bien pensé. Une lecture très (très) plaisante, d'autant plus qu'il ne s'agit pas de propagande.
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Juste avant de repartir à Séville, j'ai écouté le Masque et la plume pour voir si je me trouvais un petit bouquin détente lisible en 4 jours bien remplis. Une satire du quinquennat Macron ? Bingo, j'achète. Jean-Marc Parisis se met dans la peau d'un communiquant (un mange-merde), jeune et "disruptif" racontant l'ascension de Cyril Crâmon le banquier insolent. Ils y sont tous: Sibeth N'Diaye, Édouard Philippe, Marlène Chiappa, Benjamin Griveau, Olivier Veran, Jean Casteix, Alexandre Benalla et bien sûr Brigitte. Au début, ça m'a agacée : le narrateur semblait admirer cet arrogant lionceau et sa Pygmalionne. Je me suis dit que je n'avais pas payé 12 balles pour me taper de la propagande macronienne ! Et puis non, la plume se fait acidulée au moment de l'affaire Benalla puis carrément corrosive à l'évocation des Gilets jaunes. "Alors, c'est ça la fameuse France périphérique ? - Non, c'est la France tout court." Je n'en avais nul besoin mais, au moment de voter au premier tour, jour où j'ai terminé le livre, ma conviction profonde était renforcée.
Une piqûre de rappel salutaire. Même si on sait tous que c'est plié. Au moins vous aurez passé un bon moment. Enfin moi, ça ne l'a pas tant fait rire que ça, surtout sachant qu'on en reprend une louche.
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C'est le récit d'un quinquennat à l'Élysée, un roman-chronique à clefs dont les clefs sont le plus souvent évidentes. Ainsi en est-il du président Crâmon, l'anagramme est clair.
Le narrateur a une position stratégique : il fait partie des proches conseillers du président, ce qui lui permet de vivre ses humeurs, ceux de madame et des principaux responsables du régime.
On s'amuse un temps à ouvrir les autres clefs, à revivre aux côtés de ceux qui nous gouvernent les secousses d'un mandat présidentiel essentiellement marqué par la révolte des Gilets jaunes et la covid.
On s'en lasse assez vite. Dans le genre, Patrick Rambaud a fait beaucoup mieux, maniant une causticité ici absente.
La dernière page tournée, le lecteur que je suis, qui fait partie de "ceux qui ne sont rien" – un lecteur , quelle productivité ?, cela ne sert à rien...– a trouvé l'auteur bien sympathique avec ce Président de la République.
Jean-Marc Parisis serait-il crâmoniste ?
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- Salut JM tu nous dois un livre et t'es en retard...
- Oui je sais mais j'ai pas d'inspiration!
- Je sais pas prends des exemples dans l'actu, écologie? Immigration...
- Quinquennat de Macron?
- Oui si tu veux mais attention à pas se retrouver en justice.
- T'inquiètes pas je changerai les noms.
- 300 pages?
- Euh non 180 ce sera déjà bien !
- Ok je te laisse 2 semaines et on envoie à l'impression!


Nous ne voyons pas d'autre explication...
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critiques presse (2)
LeFigaro
04 mai 2022
Dans ce roman comme dans ses précédents, vivre est un acte magique, malgré la folie des hommes et la furie du pouvoir, malgré la domination du mensonge et le mensonge de la domination.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Bibliobs
04 mai 2022
Jean-Marc Parisis, le romancier bagarreur de « la Mélancolie des fast foods », le radiographe de Reiser et Delon, n’apprend rien qu’on ne sache déjà, mais il raconte, ainsi qu’une commedia dell’arte, la geste de Macron avec un tel humour, une telle maestria et une telle férocité qu’on a l’impression, chapeau l’artiste-satiriste, de la redécouvrir. Il faut lire ce putain de pasquin.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Qu'est-ce que c'était pour moi, ce pays, à 30 ans? Qu'est-ce qu'il représentait? D'abord des couleurs, des odeurs, des sensations d'enfance. Les pavés pentus de la venelle des Papegaults à Blois, les promenades avec ma mère au parc de la Roseraie, les concours de ricochets sur la Loire avec les copains de la cité scolaire Augustin-Thierry (un château plutôt), la cime du mont Blanc en février, la dune du Pyla en été... Et dans ce tableau de fils unique né chez des conteurs, les échos de la tradition orale familiale. Les souvenirs d’un grand-père paternel né avant la crise de 1929, son apprentissage dans l’ébénisterie à Paris, ses «fredaines avec les gisquettes» du Faubourg-Saint-Antoine, sa Résistance dans les Forces françaises de l’intérieur, «Rien de plus subtil, de plus rigoureux, que de vivre. À son idée, à ses idées, la liberté, c'est tout un art, une mécanique de précision. À l'origine du fascisme, il y a toujours un manque de rigueur. Ne mens jamais, mon petit. p. 23
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(Les premières pages du livre)
Je me souviens, l’appartement de la rue de la Chaise, près du Bon Marché. Les murs blancs à moulures, l’odeur de café et des smoothies à la fraise. La fontaine et le jardinet dans la cour intérieure. Le quartier général pour la campagne des primaires du Parti socialiste en 2006. Un petit groupe de garçons et filles, 20-30 ans, dévoués corps et âme à l’ancien Ministre, au Professeur, à l’Agrégé, à l’Économiste, à notre « dieu », Richard Eleski.
Il débarquait, le costume froissé, le cheveu en bataille, se posait, les reins lourds, dans son fauteuil Empire. Vidait un grand verre d’eau, nous fixait de ses yeux pochés et pénétrants… « Il faut chercher les angles morts, mes petits. Les prélèvements obligatoires et les impôts, cela n’a rien à voir. » On prenait des notes, raturait, surlignait. Parfois, ça chauffait… « Si je n’ai pas ce rapport demain, je vous coupe les couilles. » Au bout d’un moment, il regardait sa montre, se levait de toute sa masse, repartait, on ne savait où. Laissant des deux côtés du fauteuil ses mentors en communication, la fashionista rusée Pénélope Pradat et l’intellectuel Claude Lécharpe de la Fondation Léon-Blum. Deux salariés du groupe BHVA, experts en ventes de discours et placements d’idées, qui rivalisaient d’ingéniosité… « Ne jamais parler de la réalité. Ne jamais parler de la vie. Bien les connaître, ne jamais en parler. Les contourner. Prendre la parole, jamais le sujet. — Inverser, déplacer, colorer, éluder, biaiser, dilater, mentir sans mentir. » Pourquoi mentir ? On pouvait toujours faire mieux.
J’avais 20 ans. Ma famille habitait dans le Loir-et-Cher. Blois. Mon père, blésois de souche, enseignait la philosophie dans un lycée de la ville. Ma mère travaillait dans une compagnie d’assurances avec du sang espagnol dans les veines ; sa grand-mère antifranquiste, réfugiée à Blois pendant la Retirada, avait épousé un infirmier des Grouëts. Après le baccalauréat, j’étais venu à Paris pour étudier à Sciences Po. C’est là où j’avais rencontré Richard Eleski, on discutait parfois avec lui à la fin de ses cours d’économie politique… « Je suis socialiste. Je suis social-démocrate de conviction. Si j’étais président ?… Eh bien, je ferais porter l’effort sur la formation, j’ouvrirais un droit nouveau, permettre à chacun de se reformer à un moment de sa vie. » La rue Saint-Guillaume et la rue de la Chaise se touchaient presque. Un jour, j’avais sonné à la porte du QG d’Eleski. Julien Bidard, l’un de ses assistants, m’avait reçu. Trente ans, bien plus âgé que moi, Bidard, mais encore assez jeune pour se distancier du socialisme social-démocrate, formateur ou non… « De vieux mots, rassurants par leur usage, leur usure. Le débat public réclame des références, même obsolètes. Mais Richard Eleski, c’est bien autre chose, de plus aventureux, de plus excitant. Crois-moi. » Eleski avait le corps, la voix, l’intelligence, la culture, la profondeur d’un homme qu’on pouvait croire. Un Européen, parlant l’anglais, l’allemand, l’espagnol, l’italien. Un Moderne, précurseur du blog politique en France, malgré ses 50 ans bien tassés. Ça nous allait bien, nous, millénials du troisième millénaire, décidés à sortir de la sale histoire du XXe siècle par les nouveaux outils numériques.

Malgré les meet-up entre blogueurs et militants et les discours de la méthode Lécharpe et Pradat, Eleski s’est crashé à la primaire socialiste. Aplati par la présidente de Poitou-Charentes, Mme Démocratie-Participative. Si participative qu’elle avait refusé de débattre avec lui. Si mauvaise que Mathieu Carchère a gagné la présidentielle et soutenu la candidature d’Eleski à la direction du Fonds monétaire international. La bande de la rue de la Chaise s’est dispersée. Bidard a rejoint son Ardèche natale pour se relancer dans la politique locale. Moi, j’ai passé mes diplômes à Sciences Po, entrepris un voyage d’études à Barcelone, fréquenté l’université Pompeu-Fabra, l’une des meilleures en matière de sciences politiques et de communication. À mon retour à Paris, je suis entré chez BHVA (sur recommandation de Lécharpe), où j’ai gravi tous les échelons du conseil. Wording, drafts, story-telling, rapports pour patrons du CAC 40, coaching de chefs d’État du tiers-monde, etc. Ma petite amie de l’époque, interne en médecine, me traitait gentiment d’imposteur… « Tout ça, c’est de la pub, de la com, de l’enfumage. — La pub, c’est la poésie des pauvres. La com, celle des cadres. Rien à voir avec mon job. Je m’occupe d’Expertise et de Stratégie. »

La stratégie consistait à ne pas lâcher Eleski, de plus en plus socialiste de droite à Washington, de plus en plus déroutant aussi dans sa gestion du désir et de l’ennui loin de Paris. Pradat a pris le premier vol pour déminer l’affaire de l’économiste danoise harcelée au FMI. J’ai fait ce que j’ai pu pour distraire la presse à Paris : recadrage du contexte, attente dilatoire d’éléments nouveaux, rappel de la présomption d’innocence, sanctuarisation de la vie privée. Malgré ses dragues sauvages, Eleski restait la personnalité politique préférée des Français pour la présidentielle de 2012. Et cette fois, le terrain de la primaire était dégagé, la grande famille sociale-démocrate ne proposant qu’un panel de seconds couteaux, dont Henri Boulende, l’ex-concubin de Mme Démocratie-Participative. Pour fêter les 60 ans d’Eleski, on lui a offert une photo du président américain de la série The West Wing dédicacée par l’acteur : « Au futur vrai président de France. Good luck ! » On pouvait toucher Martin Sheen, on pouvait toucher n’importe qui avec la carte Eleski. Il allait bouffer Boulende puis Carchère. Bidard et moi, on le voyait déjà à l’Élysée, et nous avec.
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Mon grand-père, un livre ouvert, vivant, jusqu'au bout... "Les gens ont peur de la mort parce qu'ils n'y croient pas tout à fait. Ils se disent que morts, ils vivront encore leur mort, éternellement. D'où leur terreur, leur effroi, leurs religions. Moi, j'ai bien vécu la vie. Je me suis bien battu, j'ai bien travaillé, bien rigolé, bien aimé ta grand-mère, je vivrai bien ma mort, car j'y crois entièrement, à la mort."
(p. 24)
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- Crâmon a quand même écrit des romans avant d'être banquier, dit ma mère. Et il a beaucoup lu.
- C'est un bluffeur, dit mon père. Il la ramène avec son amour de la littérature, mais qui ferait de la politique après avoir lu Proust, Céline, Camus ou même ce filandreux de Char ? La langue oblige à des choix de vie, à une certaine dignité.
(p. 31)
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Message paternel sur ma boîte vocale : « Je regarde ce nouveau gouvernement qui plastronne à la télévision. Les politiques sont des bouchers de la chose publique et les journalistes sont leurs commis. Quand on voit l'étalage de faces politiques et journalistiques à la télé, leurs tics, leurs contorsions, leur diction horrible, leurs arguments, leurs patelinages, on doit poser le diagnostic qui s'impose, celui d'un pays psychiquement ruiné, mentalement au bout du rouleau. Chaque fois qu'apparaît un politique ou un journaliste, apparaît une pathologie. »
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Charlie Hebdo libère les femmes - Un demi-siècle d'articles et de dessins sur les droits des femmes De Collectif aux éditions Les échappés https://www.lagriffenoire.com/1097392-humour-charlie-hebdo-libere-les-femmes---un-demi-siecle-d-articles-et-de-dessins-sur-les-droits-des-femmes.html • Reiser - L'Homme qui aimait les femmes de Reiser et Jean-Marc Parisis aux éditions Glénat https://www.lagriffenoire.com/1095890-bd-reiser---l-homme-qui-aimait-les-femmes.html • Paris-Pontoise de Charb aux éditions Les Échappés https://www.lagriffenoire.com/1096713-bd-charlie-hebdo---paris-pontoise.html • • • Chinez & découvrez nos livres coups d'coeur dans notre librairie en ligne lagriffenoire.com • Notre chaîne Youtube : Griffenoiretv • Notre Newsletter https://www.lagriffenoire.com/?fond=newsletter • Vos libraires passionnés, Gérard Collard & Jean-Edgar Casel • • • #lagriffenoire #bookish #bookgeek #bookhoarder #igbooks #bookstagram #instabook #booklover #novel #lire #livres #conseillecture #editionslesechappes #editionsglenat
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