De sel et de sang

Un panel exclusif de couleurs ocre et carmin accompagne un graphisme expressionniste aux silhouettes anguleuses et torturées. Les protagonistes sont laids comme le sont les événements relatés. Tout n'est que rictus, contorsions et grimaces. Une absence de ciel et de végétation tend à placer cette parenthèse dans des limbes intemporels. Rien n'identifie Aigues Mortes, lieu des évènements décris.

L'accoutrement raffiné et les gestes précieux de la bourgeoisie locale aussi pleutre qu'avare, ne cachent pas le poids écrasant de leur responsabilité dans les événements relatés.

Les personnages sont difficilement identifiables entre eux. C'est la fureur bestiale d'une foule qui est ici décrite, pas les individus qui se trouvent comme effacés.

J'ignorais totalement cet évènement honteux mais symptomatique d'un libéralisme débridé que connait la France à la fin du XIXème siècle : 1893, les marais salants d'Aigues-Mortes sont le théâtre d'une ratonnade mortifère entre journaliers paysans ou vagabonds français et ritals traîne-misère.

Dommage que le dessin m'ait empêché d'apprécier cette histoire passionnante dont j'ignorais tout.