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Citations sur L'air était tout en feu (56)

« Je suis maîtresse de mon argent et je n’ai que faire de votre politique, je la sais mieux que vous ; vous ferez donc ce que vous voudrez avec vos créanciers, je n’entre point dans tout cela C’est l’affaire de M. du Maine... »
Brillon restait trop attaché aux intérêts de son maître pour ne pas tenter le tout pour le tout. D’après ce qui se chuchotait à Paris, la princesse de Conti demandait plus de six cent mille livres de cette maison dont seul le gros œuvre était achevé. Avec les travaux encore à venir, c’était plus d’un million qu’il faudrait dépenser avant de pouvoir en prendre vraiment possession.
Cette sarabande de chiffres commençait décidément à tourner la tête de la princesse, et elle y mit un terme en renouvelant ses ordres :
« Il me faut cette maison avant un mois, ma présence est nécessaire à Paris. »
L’intendant au désespoir chercha encore à gagner du temps, expliquant qu’une telle somme serait difficile à réunir dans des délais aussi brefs et en l’état de délabrement des comptes, mais cette fois il reçut une réponse le renvoyant à sa servitude :
« Monsieur, un domestique doit exécuter les ordres qu’on lui donne... »
Brillon, conscient que cette dernière folie allait achever de ruiner son maître, n’en salua pas moins très respectueusement la princesse et quitta la pièce à reculons pour ne pas l’offenser en lui tournant le dos.
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Le visage du Régent offrait un aspect effrayant : le teint cramoisi, les lèvres bleues et les yeux révulsés présageaient du pire – néanmoins il respirait encore. Chacun des joyeux convives savait sa fortune attachée à ce reste de souffle, car la mort de l’amphitryon signifiait la faillite immédiate du système de Law et leur ruine complète. Les femmes surtout s’inquiétaient car, comme le duc de Bourbon, elles avaient pris l’habitude de recevoir des actions du Mississipi en échange de leur complaisance. Si le Régent passait de vie à trépas avant l’heure d’ouverture de la banque, elles n’auraient plus qu’à se torcher avec du papier-monnaie, et c’était une perspective bien rugueuse.
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« Tenez, monsieur, lisez cela ! Le reconnaissez-vous ? »
C’était une lettre autographe dans laquelle le président de Mesmes répondait, comme de lui-même, du Parlement en faveur de la cause du roi d’Espagne.
Il ne fallut pas plus de quelques secondes au visage du magistrat poue se décomposer. Des larmes coulaient le long des joues de cet homme toujours impassible et parfaitement indifférent à la douleur de ceux qu’il faisait condamner. Ses genoux s’entrechoquaient au point de donner le tournis à ses bas de soie. Enfin ce maître de l’éloquence n’arriva pas à prononcer un seul mot. Le Régent le fixait de son regard de myope faussement doux, mais le frémissement des narines et le pincement des lèvres disaient suffisamment la haine froide du Régent pour le président de Mesmes, réduit à l’état de ces bêtes traquées, acculées à une pièce d’eau, et qui n’ont d'autre choix que la noyade ou les crocs des chiens. Alors, tentant le tout pour le tout, le magistrat qui avait si souvent prostitué sa toge pourpre à Versailles, à Sceaux ou à Trianon dans l’espoir de plaire à la marquise de Maintenon se jeta aux pieds du prince, l’assurant de son entière obéissance et de celle d’un Parlement qu’il saurait tenir en lisières comme il l’avait si bien fait dans les dernières années du règne précédent.
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Le pouvoir ayant, en effet, cette vertu, presque magique, de toujours réduire au silence les contradicteurs et leurs contradictions, le prince finissait par oublier que l’on pouvait parfois s’opposer à ses volontés et, plus insolite encore, penser différemment de lui.
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C’était prodigieux, pensa-t-il dans un rire intérieur, comme l’ombre de la Bastille et l’éclat de l’or, même sous la forme de papier-monnaie, se révélaient capables de rompre comme par enchantement les serments de fidélité et d’éventer les secrets. Aussi lui était-il revenu que depuis le printemps cette naine de sang royal recevait régulièrement le prince de Cellamare lors de médianoches si peu discrets que le gouvernement anglais l’en avait directement informé. Ainsi, dans le France de la Régence, l’ambassadeur du roi d’Angleterre espionnait l’ambassadeur du roi d’Espagne pour la plus grande gloire de l’abbé Dubois ! Dieu qu’il aimait ce monde où tout était à vendre.
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Au lendemain du trépas du Grand Roi, le château de Versailles avait été immédiatement abandonné par la cour pour être nettoyé et purifié. Il s’agissait maintenant de finir le travail.
En 1715, la France n’avait pas seulement changé de règne, elle avait changé d’époque. Le tempérament du siècle n’était plus à la guerre, à la gloire et à la ruine, mais à la paix, aux plaisirs et à la prospérité. Malheur à ceux qui ne l’avait pas encore compris car leur tombe était déjà creusée, et Dubois comptait bien les y pousser les uns après les autres jusqu’à ce que la place soit bien nette. Désormais tous ceux qui se mettraient imprudemment en travers de son chemin seraient écrasés, comme le chien de ferme dont la dépouille gémissante venait d’être trainée toute une lieue sous les roues de sa voiture lancée au grand galop. Tant pis pour eux et tant pis pour le chien, pensait l’abbé…
Depuis des mois, pour ne pas dire des années, chacun de ses adversaires au Conseil était étroitement surveillé par une armée de mouches. L’argent qui qui coulait à flots grâce à la magie du système de Law permettait d’acheter les femmes, les maîtresses, les amants, les enfants et même les parents lorsqu’ils étaient encore de ce monde.
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L’académicien connaissait trop bien le mot du terrible Lauberdemont au cardinal de Richelieu qui lui demandait une tête : « Qu’on me donne six lignes écrites de la main du plus honnête homme de France, et j’y trouverai de quoi le faire pendre... »
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Ruiné par une guerre interminable, l’État se trouvait au bord de la banqueroute dont il était souvent tiré in extremis par des financiers, traitants et maltôtiers, qui lui administraient de mois en mois un remède plus dangereux encore que le mal en lui faisant crédit à des taux usuraires. Il y avait urgence, car les rentes n’étaient plus payées à terme et c’était toute la bourgeoisie parisienne qui se verrait amputée d’une partie de ses revenus, ce qui n’est jamais bon pour le pouvoir, surtout lorsque le roi règne mais ne gouverne pas encore. (…)
La situation financière et politique paraissait donc inextricable lorsqu’un homme de génie s’était présenté au Palais-Royal, un de ces aventuriers comme le baron de Walef que la fin de la guerre laissait désoeuvrés mais qui pullulaient alors à Paris, où l’on a toujours ouvert les bras aux esprits à systèmes et à bonnes fortunes. Cet Ecossais, condamné à mort dans son pays, répondait au nom de John Law, parfaitement imprononçable en France. Il était parvenu à convaincre le Régent que seule une révolution monétaire sauverait ses finances. Le Duc d’Orléans n’avait rien contre la magie, bien au contraire, et il s’était lui-même essayé à l’alchimie ; aussi convertir de l’or en papier pour faire de l’argent lui parut-il une idée tout à fait formidable.
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La colère princière était comme un poêle hollandais, dont l’extérieur tout carrelé de Delft paraît aussi frais que de la faïence mais dont l’intérieur dissimule une fournaise.
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Mon Dieu, que le monde est plus difficile à faire mouvoir qu'on ne le croit...
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