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Critique de Dionysos89


Après Délits d'élus en 2014, Pilleurs d'État en 2015, du goudron et des plumes en 2016, Pilleurs de voix, puis Allez (presque tous) vous faire… en 2017 et Pilleurs de vies en 2018, Philippe Pascot publie en 2019, à nouveau chez Max Milo, Mensonges d'État pour dénoncer les abus de pouvoir de la République française.

Éclairer les citoyens
Comme à son habitude, Philippe Pascot partage avec le grand public des aberrations, des mensonges voire des délits perpétrés au sein de nos instances dirigeantes. Cela peut aller du simple conseiller municipal (il reprend une liste nominative en fin d'ouvrage) jusqu'aux plus hauts sommets de l'État, c'est là qu'on peut trouver les plus immondes, car on y croise les conflits d'intérêt les plus patents (un banquier à la tête de l'État qui favorise les banques et les grandes entreprises du CAC 40, par exemple). Il égraine un à un des faits qui devraient révulser n'importe quel citoyen (un président de la République qui ment effrontément au pays et qui insulte une partie des citoyens, des ministres qui abusent et profitent de leur position, des puissances industrielles qui agissent impunément, etc.).

Une revue de presse approfondie
Toutefois, dans cet ouvrage-ci, Philippe Pascot se contente davantage de reprendre des faits d'actualité en nous proposant une revue de presse approfondie, car finalement ses sources, ce sont Mediapart, L'Humanité, Le Figaro, voire Valeurs Actuelles… C'est éclectique certes, mais il y a beaucoup moins de recherches dans cette publication-ci, à l'image d'un Juan Branco qui annonce des découvertes incroyables dans son ouvrage, mais tout en ne faisant que condenser des articles déjà bien en vue. C'est bien, c'est utile, mais difficile de faire de Mensonges d'État un chef-d'oeuvre de révélations non plus. On passe les cas les uns après les autres sans véritable lien autre que le fil de la pensée de l'auteur (comme un « au fait, je penser à ça… »). C'est dommage car plutôt qu'un panel ou un catalogue, il y a toute une pensée à faire exsuder de ces pratiques mensongères et délictueuses (voire criminelles pour certaines) : c'est une pensée néolibérale qui utilise la machine étatique pour le profit privé de quelques-uns, ces quelques-uns qui ont tendance à posséder les plus grosses industries du pays et les plus gros ressorts médiatiques pour propager leurs idées. Chaque sujet abordé (la technocratie issue de l'ENA biberonnée à l'ordolibéralisme, l'usage déraisonné du pétrole et de toutes les ressources en général, les conflits d'intérêts à chaque pantouflage d'un haut fonctionnaire/haut dirigeant d'une multinationale, le détournement des fonds publics au profit de subventions pour les grandes entreprises, etc.) est un caillou de plus à saisir dans la lutte des classes qui n'a pas cessé de se mettre en branle. L'auteur ne va pas aussi profond dans le raisonnement politique.

Un arrière-plan à questionner
En plus du fond politique, l'auteur donne une large touche personnelle à cet écrit. D'ailleurs, à lire Philippe Pascot, il est bloqué dans ses révélations du fait qu'il ne serait jamais invité dans des « grandes » émissions médiatiques comme chez Ardisson ; une fois de plus, c'est se moquer du monde, car si l'auteur n'est pas dans ces émissions-là (et tant mieux, en fait, car ce n'est pas la crédibilité qui suinte de ces émissions), il en fait bien d'autres, télé ou radio, il est lui aussi un personnage très médiatique qu'il le veuille ou non. Cette position un brin hypocrite (d'autant que l'auteur rappelle très souvent dans ses passages médiatiques que les Valls et consorts, il les connaît bien !) est tout de même gênante pour bien apprécier ce que l'auteur a à nous présenter. La forme peut donc largement rebuter certains lecteurs, alors que le propos est intéressant et particulièrement nécessaire ; en effet, le citoyen ne devrait que souscrire à l'aphorisme répété par l'auteur : « plus vous saurez, moins ils pourront ».

Avec Mensonges d'État, Philippe Pascot poursuit ses publications anti-corruption bien utiles ; on peut regretter sa manière d'écrire qui ne va pas toujours dans le sens d'une plus grande efficacité
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