Citations sur Le Docteur Jivago (201)
Ils allaient, ils allaient toujours, et lorsque cessait le chant funèbre, on croyait entendre, continuant sur leur lancée, chanter les jambes, les chevaux et le souffle du vent.
La femme est seule à mettre au monde son enfant, elle est seule à se retrancher avec lui au second plan de l'existence, où règne une paix plus profonde et où l'on peut sans crainte poser un berceau. Et seule, dans une acceptation silencieuse, elle le nourrit et l'élève.
Plus clairement que jamais, il voyait maintenant que l'art, toujours et sans trêve, a deux préoccupations. Il médite inlassablement sur la mort et par là, inlassablement, il crée la vie.
Oh, comme parfois on aimerait laisser le faux sublime, les ténèbres épaisses du bavardage humain, pour se réfugier dans l'apparent silence de la nature , dans le bagne muet d'un long travail obstiné, dans l'ineffable du sommeil profond, de la vraie musique et du calme langage des cœurs, qui fait taire l'âme comblée.
Tous étaient là, réunis, côte à côte, les uns ne se reconnurent pas, les autres ne s'étaient jamais connus, certaines voies du destin restèrent à jamais cachées, d'autres, pour se révéler, devaient attendre une nouvelle occasion, une nouvelle rencontre.
Mais ce qui est vraiment grand n'a pas de commencement. Ce qui est grannd arrive sans qu'on ait rien vu qu'on ait rien vu venir, comme si c'était tombé du ciel.
Il faut être d'une irrémédiable nullité pour ne jouer qu'un seul rôle dans la vie, pour n'occuper qu'une seule et même place dans la société, pour signifier toujours la même chose!
Je n'aime pas les gens parfaits, ceux qui ne sont jamais tombés, qui n'ont jamais trébuché. Leur vertu est une vertu éteinte, de peu de valeur. La beauté de la vie ne s'est pas dévoilée à eux.
_Alors le mensonge vint sur la terre russe. Le principal malheur, la source du mal à venir, fut la perte de la foi en l'opinion personnelle. On imagina que le temps où l'on suivait les inspirations du sens moral était révolu, que maintenant il fallait emboîter le pas aux autres, et vivre d'idées étrangères à tous et imposées à tous. La tyrannie de la phrase n'a cessé de croître depuis, d'abord sous une forme monarchique, ensuite sous une forme révolutionnaire.
Ma charmante, mon inoubliable ! Tant que les creux de mes bras se souviendront de toi, tant que tu seras encore sur mon épaule et sur mes lèvres, je serai avec toi. Je mettrai toutes mes larmes dans quelque chose qui soit digne de toi, et qui reste. J'inscrirai ton souvenir dans des images tendres, tendres, tristes à vous fendre le cœur. Je resterai ici jusqu'à ce que ce soit fait. Et ensuite je partirai moi aussi.