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Citations sur Avant que j'oublie (165)

Particulier vend arrogante merveille de sophistication mécanique pour corps délabré stade final. Très peu servi. Prix à débattre.
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Tout occupée de la suite des événements, je n'ai même pas pensé à être triste.
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Des fois on n'est pas attentif, et après, trop tard, les gens sont morts.
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J’en revenais pas, pas du tout. D’abord qu’elle me dévoile simplement et avec de si jolis mots la vérité de cet attachement adolescent qui avait continué de rougeoyer dans les replis silencieux de leurs existences. Puis qu’elle me dise, l’air de rien, que, depuis toujours, il était fier de nous, de moi, alors même qu’il ne nous l’avait jamais vraiment dit. Enfin, qu’elle me fasse l’ultime cadeau de me confirmer qu’il avait toujours été, avant que la vie, la violence et l’alcool ne viennent s’en mêler, celui que je pensais qu’il était : un juste, un sensible, un contemplatif, un silencieux dans la bulle duquel être admis valait toutes les protections, un ogre timide à qui il était arrivé, autrefois, d’être un adolescent amoureux, de détester l’école et de jouer les Huck Finn devant des feux de camp, le soir, au bord de rivières.
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Avant de fouler l’allée centrale, j’ai saisi Félicie par le bras puis lui ai chuchoté : C’est le grand jour, t’es prête ? Nous n’aurions, pensais-je, plus d’autre occasion d’avancer bras dessus, bras dessous dans l’allée centrale d’une église et, d’une certaine façon, c’était bien mon père qui m’accompagnait jusqu’à l’autel. Elle n’a pas compris mon allusion mais ça m’a fait sourire pendant quelques instants.
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INCIPIT
Le soir où mon père est mort, on s’est retrouvés en voiture avec mon frère, parce qu’il faisait nuit, qu’il était presque 23 heures et que passé le choc, après avoir bu le thé amer préparé par l’infirmière et avalé à contrecœur les morceaux de sucre qu’elle nous tendait pour qu’on tienne le coup, il n’y avait rien d’autre à faire que de rentrer. Finalement, avec ou sans sucre, on avait tenu le coup, pas trop mal, pas mal du tout même, d’ailleurs c’était bizarre comme on tenait bien le coup, incroyable, si on m’avait dit. On avait rangé les placards, mis la prothèse de jambe, le gilet beige, les tee-shirts et les slips dans deux grands sacs Leclerc, plié la couverture polaire verte tachée de soupe et de sang, fait rentrer dans la boîte à médicaments – une boîte à sucre décorée de petits Bretons en costume traditionnel – le crucifix de poche attaché par un lacet à une médaille de la Vierge, à un chapelet tibétain et à un petit bouddha en corne.
On avait sorti du chevet des petits sachets de moutarde, une compote abricot, un paquet de BN, faut pas se laisser entamer, une pince à épiler en plastique, un menu de la semaine sur lequel il avait essayé de noter quelque chose, des mots fléchés force 4, sa petite bible, un recueil de haïkus, son livre sur Gandhi, son étui à lunettes mité en skaï bordeaux, trois critériums dont un très ancien, une gomme, huit élastiques multicolores, une paire de lunettes rafistolée, deux tubes de Ventoline, un rouleau de Sopalin, son portefeuille et la fiche bristol sur laquelle il tenait sa petite comptabilité d’hôpital (télé, chambre, 18 €, 70 €, téléphone 12 €, Anne distributeur 60 €). Dans le cabinet de toilette, avec des gestes précis, j’avais réuni, dans sa trousse vert foncé le rasoir électrique plein de restes de barbe, les rasoirs Bic et la crème à raser, le bidon d’eau de Cologne Bien-Être Lavande dont il me faisait tamponner son mouchoir, la serviette-éponge et le savon, glissé dans le gant encore humide.
Mon frère avait déplié le fauteuil roulant, posé dessus la prothèse de rechange, les béquilles, le petit ventilateur Alpatec acheté chez Darty quelques heures plus tôt – la mort, s’approchant, semble donner chaud –, les sacs Leclerc, puis m’avait dit avec une douceur inhabituelle : Je descends à la voiture et je remonte. Un mec pratique, mon frère. Je m’étais retrouvée seule avec lui, mon macchabée, ma racaille unijambiste, mon roi misanthrope, mon vieux père carcasse, tandis qu’au-dehors tombait doucement la nuit. Non, tandis qu’au-dehors, en direct du septième étage de l’hôpital de Poissy – tadaaa ! –, tellement magnifique, quelle écrasante beauté Maïté, les lumières de la ville et le ciel orangé de la banlieue. Il aimait ça, les couchers de soleil. Il nous appelait toujours pour qu’on vienne les regarder.
Les infirmières avaient fermé ses yeux, coincé son visage dans une mentonnière et habillé son corps d’une petite blouse vert pâle façon sweat-shirt. C’était triste et drôle, ça l’aurait fait rire, cette petite blouse verte qui lui cachait à peine le genou. J’ai regardé son pied violacé, la vache ! le pauvre, sa barbichette miteuse et son beau visage déserté. En gardant sa grande main qui tiédissait dans la mienne, j’ai souhaité de tout mon cœur ne jamais oublier son odeur et la douceur de sa peau sèche. Je lui ai demandé pardon de ne pas avoir vu qu’il mourait, je l’ai embrassé et puis j’ai dit à haute voix, ciao je t’aime, à plus, fais-nous signe quand tu seras arrivé. Je suis sortie dans le couloir lino-néon, une aide-soignante est passée en savatant et mon frère est arrivé. On y est retournés une dernière fois, pour vérifier. Et puis on a plié les gaules, comme il disait toujours. La vie, cette partie de pêche.
Dans le miroir de l’ascenseur, nos gueules d’adultes, défaites. Coucou l’impact de la mort, bisous. Et la plus-que-certitude, en étant côte à côte, chacun avec sa part de gènes, qu’on était bien les enfants du défunt. On a juste dit bonsoir à une femme enceinte, souri à un interne : on s’est montrés urbains, polis, dignes dans la douleur. On a traversé le hall désert en silence, franchi la porte vitrée, atteint la voiture – mouip mouip – et puis on a pris l’autoroute, déserte elle aussi. Veille de Toussaint, lune claire, ciel dégagé, route à peine réelle.
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Un jour, il nous avait carrément enfermées dehors, sûrement excédé que son public habituel ne daigne pas, ce soir-là, assister à son couplet éthylique gesticulé. On avait tapé une bonne demie-heure au portail. On avait sifflé, crié, mais rien. Le pire, c'est qu'on avait cru qu'il lui était arrivé quelque chose.
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Partir le plus vite possible avant que sa névrose et ses angoisses ne me contaminent davantage.
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La pie, remise en liberté, le suivait partout en faisant des petits bonds ou bien elle venait nous voir pour essayer de défaire nos lacets qu’elle prenait visiblement pour des vers de terre. C’était fou comme elle était familière.
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Heureusement, pour m’accompagner dans cette chute, je disposais tout de même de ses trois importants conseils principaux : 1. Le temps passe, tu sais. 2. La vie est comme la corde d’un instrument : pas assez tendue elle sonne faux, trop tendue elle casse. 3. Tout s’enchaîne, tout a une conséquence, et si tu fais pas gaffe, en deux minutes, t’es baisé.
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