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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Se sachant malade et en fin de vie, une femme écrit à son plus grand amour, disparu sans laisser de trace des décennies plus tôt, sans même qu'elle sache si ses lettres seront lues un jour. Un jeune peintre à la recherche d'inspiration voit la silhouette d'une femme inconnue mais familière s'insinuer sous son pinceau et revenir en leitmotiv de ses toiles. Quel est donc le lien entre ces deux personnages ?


Deux aspects m'ont beaucoup gênée dans cette histoire. Sur le fond, elle m'a parue assez peu vraisemblable : je n'ai pas été convaincue par cette disparition quasi sans recherches, par cette résignation si facile et par cette douleur si positivement vécue. Sur la forme, le versant épistolaire du roman m'a vite semblé tourner en rond autour du même message, indéfiniment reformulé pour faire tenir dans la longueur l'alternance des chapitres entre « elle » et « lui ».


Cela n'empêche pas la lecture d'être agréable. le style est fluide. le récit s'organise de façon à ménager un certain suspense entre surprise et fausse piste. le thème de la peinture et de l'inspiration artistique est abordé d'une manière originale, et fait l'objet de quelques réflexions intéressantes. Surtout, il émane de cette histoire une certaine poésie qui vous tient sous son charme, et elle m'a permis de découvrir le tableau de Jan van Eyck intitulé Les Epoux Arnolfini.


Je referme donc ce livre sur une impression mitigée : charmée par la joliesse de son histoire bâtie sur une idée intéressante, je n'ai pu toutefois ressentir de véritable empathie pour son héroïne, trop peu crédible et pas assez consistante à mes yeux. La lecture est agréable, mais j'en attendais un peu plus.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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***

Lui est artiste peintre. Il a quitté l'île Maurice pour venir vivre de son art à Paris. C'est dans son atelier, coupé du monde, qu'il voit apparaître une femme dans ses tableaux. Il peint d'abord sa silhouette, ses mains, son corps, mais son visage reste flou. Elle est une mère en errance. Son mari lui a arraché son fils il y a des années, quand il avait 3 ans. Depuis elle le cherche et n'a jamais cessé de lui parler et de le croire à ses côtés. Proche de la mort, elle lui écrit une lettre… Se peut-il que ces deux êtres, en quête de cet autre qui leur manque, soient liés ?

J'ai eu un de mal à entrer dans l'univers de Lucie Paye. Pourtant poétique et aux mots justes, l'atmosphère qu'elle nous offre ne s'attrape pas si facilement…

Et puis la magie a opéré. On alterne les histoires, les lieux, les corps. Qu'on soit enfermé dans l'atelier de l'artiste ou dans la chambre de cette femme, on ressent toute la solitude de chacun d'entre eux.
La quête et la force de cette mère, à qui on a arraché son fils, m'a énormément émue. le croire à ses côtés pendant toutes ces années lui a donné le courage de vivre. Tête haute, elle n'a jamais perdu l'espoir de le revoir…

Avec une écriture fine et tendre, l'auteur nous touche par sa délicatesse et la justesse de son ton. L'amour infini qui relie ces deux âmes abandonnées est lumineux et pur… Un moment de lecture comme suspendu.

Merci aux 68 premières fois pour cette douce découverte…
Lien : https://lire-et-vous.fr/2021..
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Court roman qui alterne entre le genre narratif et le genre épistolaire.
D'un côté, nous suivons la vie d'un homme, « lui », un peintre qui a quitté Maurice pour venir vivre de sa peinture à Paris.
« Lui » a débuté sa « carrière » de peintre avec des tableaux de paysages mais petit à petit « une femme » s'invite dans sa peinture. D'où vient-elle ? Est-ce la voisine de l'immeuble d'en face qu'il se surprend à espionner chaque soir ? Que veut-elle lui montrer ? « Lui » persiste dans son processus artistique afin de voir où cette femme peut l'emmener.
De l'autre, nous lisons la lettre d'une femme, « elle », qui, avant son décès, écrit une lettre dévoilant ses sentiments à son plus grand amour. Son plus grand amour qu'elle a perdu et qu'elle espère retrouver de façon posthume avec cette lettre.
Le lecteur est forcé de s'interroger sur l'existence d'un lien entre « Elle » et « Lui ».
Lecture rapide et agréable.
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L'idée est belle. Des coeurs inquiets parce qu'ils se manquent, sans le savoir parfois, parce qu'ils se cherchent, sans le savoir toujours.
L'idée est belle, toute en discrétion, sans explications décortiquées. Nous n'en avons nul besoin ; nous comprenons bien vite ce qui relie le Lui et le Elle qui se répondent devant nous, sans se parler, sans se rencontrer ni s'entendre jamais, en se loupant encore, sous nos yeux toujours. L'idée est belle et il y a du très joli dans les lignes de ce premier roman. Certes on comprend vite, mais l'objet n'était sans doute pas d'écrire un polar. Certes, il y a quelques longueurs, un peu d'ennui, et, pour ma part, un inabouti pour le Lui qui m'a éloigné l'empathie…Laquelle j'ai beaucoup plus ressenti pour le Elle. Un fil d'Ariane tend vers la vie au bout du labyrinthe et l'inconscient dans son ombre, en guide insaisissable et pourtant inévitable, qu'on refoule sans cesse alors qu'il dit tout de nos énigmes, béances, obsessions et passions.
Ce premier est une vraie promesse, un peu accueillie par moi il est vrai, après lecture, comme une ébauche, mais une évidente, une belle, intrigante ébauche…Oui une promesse littéraire.
« Les arbres que le vent bat grandissent penchés. Ceux exposés à la sécheresse réduisent leurs feuilles. L'homme est pareil, il s'adapte. Mais prends garde aux fêlures cachées. Ne réponds pas à la sécheresse par la parcimonie ; ne choisis pas la fureur pour contrer la bourrasque ; ne laisse pas le silence habiter la solitude. Ne te ferme pas. »
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« Pour la peinture, ma nécessaire conviction, c'est cet abandon pour laisser advenir. Retrouver ce coeur pur, naturel celui de l'enfant. Abattre les frontières entre le soi et le vivant de toutes choses. Et alors un échange incessant s'engage, extérieur-intérieur, un cycle naturel de revitalisation, d'auto-régénérescence incroyable. » - Charles Juliet, Entretien avec Fabienne Verdier

« La toile écume sous les coups de son pinceau. Un flot en nuances de vert, brouillé par les vents. Une chape épaisse agitée de courants. Sous sa pression, la paroi s'ouvre sur une image : un jardin. Il y force son chemin, aveugle et voyant à la fois. le grain de la toile, la pâte sortie des tubes deviennent écorce, tige, herbe, feuille, mousse. Au centre de ce jardin : une silhouette. »

Le 1er roman de Lucie Paye a été publié en mars 2020, alors que nous allions vers des jours empêchés. Les Coeurs inquiets entrelace deux vies intranquilles, elles aussi empêchées : Lui et Elle s'en partagent les courts chapitres.
Lui, raconté à la 3e personne, est un jeune peintre ayant quitté, à la mort de son père, l'île Maurice pour Paris après qu'il a été repéré par Marc, galeriste affairé aujourd'hui à monter sa prochaine exposition, la deuxième.
Elle, est une femme malade, en fin de vie pour tout dire, qui se jette comme on se noie dans l'écriture d'une longue lettre à l'absent et nous ignorons si, avant le point final, elle retrouvera ce « tu » que déjà nous devinons familier.

Le roman est construit sur le chassé-croisé de ces deux récits qui ne se juxtaposent pas, mais bien au contraire se tissent ensemble et se font écho.

LUI « […] ce n'est pas un soliloque. Tout juste un monologue. Parler seul, mais s'adresser à tous. »

ELLE « le monologue est un exercice plus difficile que la conversation. »

On sent d'emblée qu'ils pourraient se rejoindre pour entrer en résonance : Lui dont le trait tente de saisir la vie qui s'est invitée sur la toile alors qu'Elle écrit à l'absent pour lui dire ce jour terrible où sa vie a trébuché. Sont-ils faits pour s'entendre ? pour s'attendre ?

Il se crée un mouvement étonnamment languide de la peinture à l'écriture et retour, toutes deux traversées par le secret et le manque,

LUI « Il se rappelle les tableaux en legato, naissant les uns des autres. Il était une bouche béante. La matière coulait à flots de lui. Jusqu'à Paris. Jusqu'à maintenant, où plus rien de sort. Plus rien de juste. Il a beau essayer, il a beau forcer la peinture sur la toile. Il fouille, il rampe, il tourne en rond. Il est échoué, à sec sur une plage inconnue. Carcasse pleine d'un grand vide noir. »

par l'apparition évanescente et l'absence tangible, par l'amour que l'on n'a pu recevoir et celui, « immarcescible », que l'on n'a pu donner.

ELLE « Aimer c'est toi qui me l'as appris. Ce don, même le manque terrible n'a pas pu me le retirer. Accompagnée de toi, je pouvais continuer d'aimer. »

Elle et Lui sont deux énigmes en souffrance, pour le lecteur bien sûr, mais également pour eux-mêmes.

ELLE « Je ne voyais pas d'autre issue que celle de te retrouver. Je ne pouvais pas mourir, à cause de toi ; je ne pouvais pas vivre, sans toi. »

LUI « Il est comme un mineur qui a trouvé le début d'une veine, mais bute sur une paroi trop dure à entamer. Ce qu'il cherche est derrière. Il n'a pas d'autre choix : creuser, sans relâche. »

Creuser la veine artistique pour colmater les failles intimes, se risquer dans cette entreprise avec, pour le guider vers la lumière enfin révélée, le fil des cartes postales d'Ariane, jeune femme si bien prénommée, dont les mots, rares, tombent toujours juste. Avec son instinct économe, cette amie sûre et discrète a envoyé ces cartes comme autant de fils lancés dans l'espoir d'extraire ce peintre tourmenté de la « mélasse informe ». Comme j'aurais aimé qu'Elle, hélas bien vite résignée à mon avis, creuse avec la même opiniâtreté pour retrouver la trace de celui qu'on lui a ravi !

Il est à la fois très facile de résumer ce roman et très malaisé d'en parler sans déflorer le lent cheminement vers l'ultime révélation, celle que l'on pressent dès les premières pages et celle qui finalement advient au moment où un soubresaut inattendu réussit à déjouer notre intuition première. Lucie Paye n'oeuvre pas en grands à-plats. Pour éviter un trop rapide dévoilement, seules de petites touches intimistes posées habilement çà et là finissent par composer le tableau d'ensemble dans les toutes dernières pages. Nulle fièvre, tout au plus ces coeurs inquiets vacillent-ils, tant ils se savent contraints par quelque chose de plus grand qu'eux, qui les dépassent et qu'ils s'expliquent mal.

LUI « Acharné à faire émerger quelque chose. Il ne sait même pas quoi. Il ne se le demande pas. Tout ce qu'il sait, c'est la solitude, l'insatisfaction permanente, l'acharnement, la rage de l'impuissance, l'inabouti perpétuel, l'âme toujours inquiète. »

ELLE « Je continue de t'aimer, malgré tout, au-delà de tout, sans limite. Nous avons prouvé, toi et moi, ensemble, que l'amour se moque de l'absence et qu'il n'est pas l'esclave du temps. »

Moi d'ordinaire si friande des écrits de l'intime, j'attendais ce roman voyageur avec impatience. Je ne saurais vous dire combien je suis chagrinée que la beauté froide du style de l'autrice m'ait empêchée de vibrer à cette histoire bouleversante. Comme le peintre observe de sa fenêtre la femme occupée à écrire de l'autre côté de la cour, cherchant à percer son mystère en imaginant une possible histoire, je suis restée, spectatrice, au seuil de ce texte. Je n'ai pu m'imprégner ni des questionnements d'Elle et de Lui ni de l'acuité de leur quête. À ma grande confusion, je n'ai pas su faire abstraction du travail sur la phrase à l'élégance aseptisée. J'ai en tête les mots de Fabienne Verdier (oui, encore elle) dans Passagère du silence : Dix ans d'initiation en Chine (Albin Michel, 2003)

« Tu as voulu traiter ta phrase en oubliant l'harmonie de la composition ; on sent le labeur [...]. »

On sent le labeur... Bien sûr, la sincérité de l'autrice n'est pas à mettre en doute - c'est un 1er roman et je ne l'oublie pas - mais il me faut bien reconnaître avoir peiné à entrer dans ses mots. le travail d'écriture, certes immense mais à l'apprêt trop apparent, m'a rendue peu sensible au montage pourtant bien orchestré à défaut d'être innovant, à la tension de ce roman d'atmosphère où, comme devant une toile, tout aurait dû n'être qu'émotion.
Il lui a manqué « cet abandon pour laisser advenir » ; ce même abandon qui a manqué à la lectrice que je suis.

1er roman, lu pour la session 2021 des #68premieresfois
Lien : https://www.calliope-petrich..
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Deux romans en un!!!
Un très beau portrait de femme mystérieuse d'une part, d'autre part celui d'un homme, artiste peintre, obsédé par une silhouette, un visage... le style est net et précis, la plume virtuose et maîtrisée accompagne le lecteur qui ne lâchera pas l'ouvrage avant d'avoir démêlé les fils de ce suspens psychologique. Ce roman de Lucie Paye est un premier opus très maîtrisé qui laisse entendre que cette nouvelle voix nous en livrera d'autres.
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