Citations sur Mes années grizzly (87)
Je n'encourage personne à quitter les chemins balisés : moins on envahira la nature, mieux ce sera.
En 1800, on comptait encore cinquante à soixante millions de bisons. En 1884, il ne restait que deux petits troupeaux dans les montagnes.
A mon sens, le comportement adéquat à adopter dans les bois ressemble à celui d'un hors-la-loi.
La neige avait fondu sur le plateau de Yellowstone. La plupart des grandes prairies étaient dégagées, à l'exception des croissants de neige amoncelée au pied des collines couvertes d'armoise, du côté exposé au vent. Il était encore possible, à la mi-mai, de trouver ici un peu de solitude, la foule des bipèdes n'arrivant que plus tard.
Etendu, bien éveillé, sous la tente, je suivais la course de la pleine lune, respirant l'odeur musquée du chien mouillé, son parfum à elle, la senteur suave des mûres et celle fruitée des pommes pourrissant sur le sol.
En attendant, ma vie se déroulait comme une succession de saisons toutes semblables, à l'exception de petits événements sporadiques : parfois des riens, comme un coucher de soleil dans la forêt du parc national du Rio Grande ou un orage de fin novembre se préparant à l'horizon, vers l'ouest.
Parfois, seules de grandes étendues de plusieurs centaines de kilomètres de toundra, de forêt ou de désert, pouvaient me procurer ce que je recherchais, mais la plupart du temps je le trouvais dans un endroit comme le Yellowstone. Même située à quatre cents mètres d'une route ou d'un équipement touristique, une forêt de pins lodgepoles pouvait me paraître à une année-lumière de toute civilisation -- pourvu que j'y mette du mien.
Le grizzly irradiait la puissance. Il était pourvu d'une grande force physique et d'un tempérament irritable qui l'autorisaient à attaquer et à tuer chaque fois qu'il en avait envie. Mais, presque toujours, il choisissait de ne pas le faire et cachait son pouvoir derrière des fanfaronnades de dur. C'était le genre de maîtrise de soi qui commandait le respect -- un acte de grâce musculaire.
J'avais peut-être besoin d'une bonne dose de solitude. Mes rapports avec les autres n'étaient pas très bons. La neige fondait en altitude. Les ours étaient sortis de leur tanière et les oies s'étaient depuis longtemps envolées vers le nord. J'avais le sentiment de trop m'attarder. Quelque chose m'attirait aussi vers le nord, vers la région dont je possédais la carte. Après avoir rassemblé mon équipement et fait mes adieux, j'entassai tout dans la Jeep bleue et je partis vers les Rocheuses.
J'aimais la pêche, les champignons, ma propre cuisine, Mozart, le bon vin, les forêts et les femmes.