Citations sur Mes années grizzly (87)
Le grizzli irradiait la puissance. Il était pouvu d'une grande force physique et d'un tempérament irritable qui l'autorisait à attaquer et à tuer chaque fois qu'il en avait envie. Mais, presque toujours, il choisissait de ne pas le faire et cachait son pouvoir derrière des fanfaronnades de dur. C'était le genre de maitrise de soi qui commandait le respect - un acte de grâce musculaire.
Je n'encourage personne à quitter les chemins balisés : moins on envahira la nature, mieux ce sera. Quant à moi, je hais ces sentiers de randonnées et j'aime me frayer un chemin dans les bois, bien que j'aie un tempérament indolent qui me prédispose à rêver d'aventures plutôt qu'à les vivre. Lorsque je quitte les sentiers battus par les hommes, j'abandonne derrière moi toute attente conventionnelle et je me lance dans les fourrés, écartant les broussailles et goûtant le plaisir de la découverte.
La façon dont nous nous sommes comportés envers les Indiens, les bisons, les loups et les grizzlys correspond à la manière dont nous avons écrit notre histoire selon des voies convergentes, éclaboussées de sang, qui nous ont conduits ou nous en sommes à présent. En dépit du léger remords que nous éprouvons aujourd'hui, nous n'avons aucune excuse.
L'avis de Jim Harrison à la sortie du livre. Mes années grizzly est une histoire d'amour,celle d'un homme qui rentre de la guerre dépossédé de son âme,et qu'il va retrouver à travers étude et protection acharnées du plus grand prédateur de la planète.Selon moi,aucun livre publié cette année ne pourra être plus intéressant.(publié en 1987 aux U.S.A,première publication française en 1997)
Au-dessus de ma tête, le sillage d'un avion à réaction coupa le ciel bleu en deux. Il s'agissait probablement d'un jet de l'armée en provenance de Great Falls, transportant tout un arsenal et un équipage paré pour le jour J, le doigt sur le bouton rouge. Toutes ces merveilles de technologie nous avaient tenus à l'abri des réalités de l'évolution que nous avions autrefois affrontées aux côtés des grizzlis. Les futurs pionniers se retrouveraient dans l'espace - la dernière frontière, selon leur expression. Nous tentions de découvrir là-haut ce que nous avions d'ores et déjà perdus ici-bas.
Quelle sorte d'expérience authentique de la nature peut-on avoir lorsque l'on chasse avec un fusil capable de descendre un 747 ?
On aurait pu croire que la guerre m'avait endurci alors qu'elle m'avait en quelque sorte mis les nerfs à vif. Je supportais très mal la mort. Chaque hiver, il ma fallait venir ici et la laisser derrière moi sous ce tas de pierres.
Cette nuit-là, je dormis profondément. Un sentiment de tolérance et de reconnaissance avait envahi mes rêves, dû probablement au fait de vivre avec l'animal le plus dangereux du continent et d'en accepter les risques inhérents.
Après avoir scruté la limite des arbres, je me retournai vers Lisa et je souris. Elle savait ce que signifiait pour moi la découverte d'un tas de merde de grizzly.
Je ne me laisserais pas avoir par un stupide désir de mort. Il me restait encore pas mal d'endroits sauvages à découvrir. De plus, j'aimais la pêche, les champignons, ma propre cuisine, Mozart, le bon vin, les forêts et les femmes.