e connais son talent d’enquêteur. Je connais sa perception particulière qui lui fait douter des évidences. Quelque chose qu’on a en commun. Qui nous a empêchés de nous bercer d’illusions et de nous mentir à nous-mêmes. Cette sensibilité qui donne une lucidité trop tranchante quand il s’agit de vivre ensemble.
Savoir s’adapter au client, c’est la clé. Celui-là est juste un ingénieur italien. Pas un émir qatari ni un millionnaire russe. Sa maison est petite mais le quartier est très chic. Le solitaire en diamant. C’est tout, c’est bien. Elle attrape les clés dans le vide-poches qui ne contient rien d’autre que son trousseau. Elle jette un dernier coup d’œil pour vérifier que tout est à sa place : le verre de jus d’orange est dans le lave-vaisselle, les flacons de vitamines disparus dans le tiroir. Tout est propre. Comme sa Mini, rutilante. Lorsqu’elle l’a choisie, elle a failli craquer pour un bleu dragée.
A l'entrée, je jette un coup d'oeil sur ma gauche pour saluer Gaston Leroux, puis à ma droite sur la tombe vide de l'incroyable Anita Garibaldi, combattante brésilienne et femme de Giuseppe.
"J'aime les enfants, les enfants des autres, tous les enfants de la Terre. Mais je ne me suis jamais sentie en droit ni en capacité de devenir mère."
Je connais ce village qui ouvre la vallée des Merveilles. Je sais qu’il y’a toute une humanité prête à se bouger pour sortir les damnés de la terre de leur destin.
J’ai une très forte envie de lever la main droite telle une reine d’Angleterre étincelante pour saluer mes sujets venus s’enquérir de ma santé. Heureusement, le reptile se réveille à temp, plante ses crochets dans mes velléités de règne et me renvoie à ma condition de roturière cabossée.
Faire un enfant. Ni en adopter un. Jamais. J'aime les enfants, les enfants des autres, tous les enfants de la terre. Mais je ne me suis jamais sentie en droit ni en capacité de devenir mère. C'est un sentiment que j'ai toujours réussi à expliquer et défendre fermement, face à mes copines et même à mes parents...
Joseph Santucci, l'homme de ma vie, enfin d'une grande partie de ma vie. Beau, intelligent, attentionné. Pour la plupart des gens, un ours qui semble en guerre permanente avec le reste du monde. Moi je sais qu'il est drôle. Un Corse avec le sens de l'humour, c'est suffisamment rare pour être choyé.
On est dans une ville tolérante, surtout parce que le maire sait que la communauté est riche et dynamique économiquement. Mais on n’est pas à l’abri d’un fou furieux