C'est une vieille histoire qui se joue dans
Coupe sombre. Une histoire vieille comme le monde : la confrontation de l'homme et de la nature. le combat épique entre la bravoure et la volonté humaines et la force immense de la nature, de l'homme vaincu mais non détruit par sa lutte héroïque qui le magnifie.
La malchance a toujours poursuivi Simon. Trois ans plus tôt, il a accidentellement abattu à la chasse son camarade. le voilà aujourd'hui de retour dans son village natal après avoir purgé sa peine. Il a tout perdu, même la maison qu'il habitait autrefois. Veuf, sans foyer, il n'a d'autre choix que de s'installer à l'écart, dans un vieux moulin à eau qui servait autrefois à moudre le grain. À soixante-cinq ans, Simon est seul. Seul et traité en paria par la plupart des habitants, qui se méfient de lui, le voient d'un mauvais oeil et doutent : et si ce n'était pas un accident ?
Simon n'a plus qu'une seule idée : celle de son rachat. Une rédemption qui passe par l'acceptation de tous les travaux pénibles que l'on voudra bien lui laisser faire. Récurer les écuries, faucher les blés, des tâches manuelles mécaniques et fatigantes pour un homme déjà âgé et usé. Mais Simon accepte tout en silence, endure. Peut-être regagnera-t-il sa place auprès de la communauté. Car, malgré les efforts, il n'y a que deux personnes qui lui montrent un visage bienveillant : Véra, une femme d'ingénieur qui habite son ancienne demeure, et Otto, un jeune garçon, lui aussi solitaire, qui le suit comme son ombre et qui semble même l'admirer.
Alors, quand Bass, le garde forestier, lui propose de l'accompagner pour délimiter les parcelles des arbres qu'il faudra bientôt abattre, une fois de plus, il accepte. Il le suit, marque les arbres, et se dessine bientôt une parcelle lointaine, abrupte, sur une pente escarpée. Un enfer. Mais Simon est en sûr : ce sera la sienne et il le fera seul. Même les gens du village hésitent à la lui confier. Il est âgé, la parcelle est loin de tout, et l'hiver et ses chutes de neige risquent de le surprendre avant qu'il ne puisse finir le travail. On laisse le sort décidé en la mettant en jeu. Simon sait que c'est inutile : au jeu comme ailleurs, il n'a jamais eu de chance. Et le sort le désigne.
Un matin d'automne, Simon prend le chemin des bois, armé de sa hache et de sa volonté. Et part en quête de son destin affronté un ennemi puissant : la nature.
Il y a dans
Coupe sombre tous les thèmes abordés dans le vieil homme et la mer. Comme Santiago, Simon transcende sa condition dans sa lutte contre la forêt, contre la malchance, contre le sort, contre la solitude. Il retrouve sa dignité en prenant le manteau d'un héros tragique qui s'épuise jour après jour contre un ennemi plus grand et plus puissant que l'homme ne sera jamais. Un beau texte à découvrir ou à redécouvrir, qui invite à l'humilité.
Lien :
https://enquetelitteraire.wo..