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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ne sais comment c'est en plaine, mais en montagne à peu près chaque village a son histoire d'accident de chasse. Une histoire souvent ancienne maintenant, dont parfois tous les protagonistes sont morts, mais qui reste soigneusement enfouie, et refait parfois surface en quelques allusions troubles. Contrairement à ce que pourraient penser les esprits chagrins, en général il s'agit bel et bien d'un accident – et assez souvent totalement idiot.

Quelque part entre 1900 et 1950, Simon rentre dans son village, après trois années en prison. Trois ans auparavant, il a tué l'un de ses amis. Accident de chasse – mais comme toujours, il y en a pour dire que ce n'était pas un accident. Il a tout perdu : sa femme, sa maison, ses champs, et plus grave que tout, sa place dans la communauté. Pour la reconquérir, pour reconquérir sa propre estime de lui-même, son rang parmi les hommes, il s'engage à faire une coupe de bois au pire endroit de la montagne…

Dans les meilleures conditions, le débardage est une activité à risque. En montagne, c'est une opération délicate et dangereuses. A la main et seul sur un terrain raide et accidenté, c'est un travail de forçat. Sera-ce suffisant pour lui assurer sa rédemption ? Pour qu'on le salut d'un bonjour le matin, qu'il ait sa place au café et à l'église, et toutes ces choses minuscules qui marquent que vous êtes part de la communauté et non paria ?

On ne parle pas trop de ce genre de sujet-là dans les montagnes. On écrit moins encore dessus. Pas de façon claire en tout cas. Ces romanches osent tout.
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C'est une vieille histoire qui se joue dans Coupe sombre. Une histoire vieille comme le monde : la confrontation de l'homme et de la nature. le combat épique entre la bravoure et la volonté humaines et la force immense de la nature, de l'homme vaincu mais non détruit par sa lutte héroïque qui le magnifie.

La malchance a toujours poursuivi Simon. Trois ans plus tôt, il a accidentellement abattu à la chasse son camarade. le voilà aujourd'hui de retour dans son village natal après avoir purgé sa peine. Il a tout perdu, même la maison qu'il habitait autrefois. Veuf, sans foyer, il n'a d'autre choix que de s'installer à l'écart, dans un vieux moulin à eau qui servait autrefois à moudre le grain. À soixante-cinq ans, Simon est seul. Seul et traité en paria par la plupart des habitants, qui se méfient de lui, le voient d'un mauvais oeil et doutent : et si ce n'était pas un accident ?

Simon n'a plus qu'une seule idée : celle de son rachat. Une rédemption qui passe par l'acceptation de tous les travaux pénibles que l'on voudra bien lui laisser faire. Récurer les écuries, faucher les blés, des tâches manuelles mécaniques et fatigantes pour un homme déjà âgé et usé. Mais Simon accepte tout en silence, endure. Peut-être regagnera-t-il sa place auprès de la communauté. Car, malgré les efforts, il n'y a que deux personnes qui lui montrent un visage bienveillant : Véra, une femme d'ingénieur qui habite son ancienne demeure, et Otto, un jeune garçon, lui aussi solitaire, qui le suit comme son ombre et qui semble même l'admirer.

Alors, quand Bass, le garde forestier, lui propose de l'accompagner pour délimiter les parcelles des arbres qu'il faudra bientôt abattre, une fois de plus, il accepte. Il le suit, marque les arbres, et se dessine bientôt une parcelle lointaine, abrupte, sur une pente escarpée. Un enfer. Mais Simon est en sûr : ce sera la sienne et il le fera seul. Même les gens du village hésitent à la lui confier. Il est âgé, la parcelle est loin de tout, et l'hiver et ses chutes de neige risquent de le surprendre avant qu'il ne puisse finir le travail. On laisse le sort décidé en la mettant en jeu. Simon sait que c'est inutile : au jeu comme ailleurs, il n'a jamais eu de chance. Et le sort le désigne.

Un matin d'automne, Simon prend le chemin des bois, armé de sa hache et de sa volonté. Et part en quête de son destin affronté un ennemi puissant : la nature.

Il y a dans Coupe sombre tous les thèmes abordés dans le vieil homme et la mer. Comme Santiago, Simon transcende sa condition dans sa lutte contre la forêt, contre la malchance, contre le sort, contre la solitude. Il retrouve sa dignité en prenant le manteau d'un héros tragique qui s'épuise jour après jour contre un ennemi plus grand et plus puissant que l'homme ne sera jamais. Un beau texte à découvrir ou à redécouvrir, qui invite à l'humilité.
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Jérôme Maizoz ouvre ainsi la préface : "On peut lire et relire sans se lasser ce bref roman d'obstination et de fureur, aussi universel et inépuisable qu'une fable", une comparaison qui s'explique par la dimension philosophique que prend la lutte d'un homme contre le sort, contre ses congénères, contre la nature.

Au cours des premières pages, c'est la langue qui m'a marquée : sèche dans les descriptions et brute dans les dialogues, elle me fait penser à "L'Étranger" d'Albert Camus. L'auteur y associe parfois sans prévenir le recours à un "tu" qui propulse le lecteur dans l'histoire ; une histoire sans hostilité franche mais pourtant si lourdement enfermée dans des regards obliques et des murmures qui se propagent portés par la haine sourde qui gronde.

Après le procès et la prison, Oscar Peer nous raconte l'épreuve du retour à une vie qui ne peut plus être normale. Cette anormalité s'exprime aussi par la présence fantomatique et surnaturelle d'un double inquiétant qui surgit aux carrefours du récit. le combat acharné de Simon contre la nature et l'affection que le jeune Otto lui porte inscrivent aussi ce roman dans la lignée de "Le Vieil homme et la mer" d'Ernest Hemingway, un texte qui fascinait Oscar Peer. À la haine des hommes et à la violence de la nature répond la simplicité d'un personnage qui réalise la perte irrémédiable de son passé et se mure dans un combat qu'il veut rédempteur.

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