La fumée des cheminées se figea, ou si elle continua à monter ce fut selon une figure constante, sans le moindre sursaut. Même le vent, qui jusque-là s'amusait seulement avec le murmure que produisaient ses caresses sur les choses, donna l'impression de se contenir. Le silence fut absolu au point qu'il suspendit l'action du monde. Comme si le temps avait poussé un sanglot, Galveias et l'espace partageaient la même soudaine immobilité. p 15
Ils étaient inquiets, meurtris, mais, dès lors que le poids de la peine se partageaient entre tous, le soulagement avait été immédiat.
Comme une trompette annonciatrice de la mort, l'explosion avait complètement couvert les cris (...) Certains, par instinct, avaient passé cette minute à hurler. Sans être capables de penser rationnellement, ils sentaient qu'entendre leur propre voix les aiderait à contrôler la situation. Et aussi que cela prouverait qu'ils étaient encore en vie.
Peut-être cette explosion venue de l'au-delà fournissait-elle une solution aux questions sans réponse.
Nous avons tous une place où la vie prend son sens. Chaque monde possède son propre centre. Ma place à moi n'est pas meilleure que la tienne, ni plus importante. Nos places ne peuvent pas êtres comparées. Elles sont trop intimes. à l'endroit où elles se trouvent, personne d'autre que nous ne peut les voir. Il y a des couches invisibles autour des formes que les gens ont en face d'eux. Des couches nombreuses. Inutile d'essayer d'expliquer ce qu'est notre place à nous, personne ne comprendrait. Les mots ne supportent pas le poids de cette vérité, une terre fertile qui vient du passé le plus éloigné, un orient qui s'allonge jusqu'au futur sans la mort. (Page 227)
Au cœur de l'apocalypse, on n'a pas l'esprit à la rigolade.