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Citations sur Cahiers Georges Perec, n°2 : W ou Le souvenir d'enfance (84)

Celui qui commence à se familiariser avec la vie W, un novice par exemple qui, venant des Maisons de Jeunes, arrive vers quatorze ans dans un des quatre villages, comprendra assez vite que l’une des caractéristiques, et peut-être la principale, du monde qui est désormais le sien est que la rigueur des institutions n’y a d’égale que l’ampleur des transgressions dont elles sont l’objet. Cette découverte, qui constituera pour le néophyte un des éléments déterminants de sa sauvegarde personnelle, se vérifiera constamment, à tous les niveaux, à tous les instants. La Loi est implacable, mais la Loi est imprévisible. Nul n’est censé l’ignorer, mais nul ne peut la connaître. Entre ceux qui la subissent et ceux qui l’édictent se dresse une barrière infranchissable. L’Athlète doit savoir que rien n’est sûr ; il doit s’attendre à tout, au meilleur et au pire ; les décisions qui le concernent, qu’elles soient futiles ou vitales, sont prises en dehors de lui ; il n’a aucun contrôle sur elles.
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L’une des particularités de mon nom a longtemps été d’être unique : dans ma famille personne d’autre ne s’appelait Perec.
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Je ne retrouverai jamais, dans mon ressassement même, que l’ultime reflet d’une parole absente à l’écriture, le scandale de leur silence et de mon silence : je n’écris pas pour dire que je ne dirai rien, je n’écris pas pour dire que je n’ai rien à dire. J’écris : j’écris parce que nous avons vécu ensemble, parce que j’ai été un parmi eux, ombre au milieu de leurs ombres, corps près de leur corps ; j’écris parce qu’ils ont laissé en moi leur marque indélébile et que la trace en est l’écriture : leur souvenir est mort à l’écriture ; l’écriture est le souvenir de leur mort et l’affirmation de ma vie.
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Une fois de plus, les pièges de l’écriture se mirent en place. Une fois de plus, je fus comme un enfant qui joue à cache-cache et qui ne sait pas ce qu’il craint ou désire le plus : rester caché, être découvert.
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Celui qui pénétrera un jour dans la Forteresse n'y trouvera d'abord qu'une succession de pièces vides, longues et grises. Le bruit de ses pas redonnant sous les hautes voûtes bétonnées lui fera peur, mais il faudra qu'il poursuive longtemps son chemin avant de découvrir, enfouis dans les profondeurs du sol, les vestiges souterrains d'un monde qu'il croira avoir oublié : des tas de dents en or, d'alliances, de lunettes, des milliers et des milliers de vêtements en tas, des fichiers poussiéreux, des stocks de savon de mauvaise qualité...
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Tout ce que l'on sait, c'est que ça a duré très longtemps, et puis un jour ça s'est arrêté.
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La mère et l'enfant donnent l'image d'un bonheur que les ombres du photographe exaltent. Je suis dans les bras de ma mère.
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Ce qui caractérise cette époque c'est avant tout son absence de repères : les souvenirs sont des morceaux de vie arrachés au vide. Nulle amarre, rien ne les ancre, rien ne les fixe. Presque rien ne les entérine. Nulle chronologie sinon celle que j'ai, au fil du temps, arbitrairement reconstituée : du temps passait. Il y a vait des saisons. On faisait du ski ou les foins. Il n'y avait plus de passé, et pendant très longtremps il n'y eut pas non plus d'avenir ; simplement ça durait. On était là.

p.98
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Comme si les Lois W, en affirmant vouloir récompenser aussi bien le mérite sportif que la seule régularité ou que la simple chance, voulaient donner l’impression qu’Athlètes et Officiels appartiennent à la même Race, au même monde, comme s’ils étaient tous de la même famille et qu’un même but les unissait.
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Comment expliquer que ce qu’il découvre n’est pas quelque chose d’épouvantable, n’est pas un cauchemar, n’est pas quelque chose dont il va se réveiller brusquement, quelque chose qu’il va chasser de son esprit, comment expliquer que c’est cela la vie, la vie réelle, que c’est cela qu’il y aura tous les jours, que c’est cela qui existe et rien d’autre, qu’il est inutile de croire que quelque chose d’autre existe, de faire semblant de croire à autre chose, que ce n’est même pas la peine d’essayer de déguiser cela, d’essayer de l’affubler, que ce n’est même pas la peine de faire semblant de croire à quelque chose qu’il y aurait derrière cela, ou au-dessous, ou au-dessus. Il y a cela et c’est tout. Il y a les compétitions tous les jours, les Victoires ou les défaites. Il faut se battre pour vivre. Il n’y a pas d’autre choix. Il n’y a ni recours, ni pitié, ni salut à attendre de personne. Il n’y a même pas à espérer que le temps arrangera cela. Il y a cela, il a ce qu’il a vu, et parfois ce sera moins terrible que ce qu’il a vu, et parfois ce sera beaucoup plus terrible que ce qu’il a vu. Mais où qu’il tourne les yeux, c’est cela qu’il verra et rien d’autre et c’est cela seul qui sera vrai.
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