Toutes les fois où il avait voulu s’accrocher à ses remembrances, où il avait fait l’effort de les ranimer pour s’y blottir et s’y frotter, l’invocation avait invariablement et presque instantanément été suivie de la perte, du vide. Un souvenir ne peut se vivre qu’au présent et ce présent surgissant lui griffait les yeux. Isidore avait fini par se défier de sa mémoire, il n’était même plus certain d’avoir senti le chocolat chaud lui couler dans la gorge. Cet air plus léger, c’était justement celui qui flottait au-dessus de sa tasse, il le comprenait maintenant. Il força ses narines à respirer plus fort, il eut l’impression folle qu’il échappait au temps. Ni dans le passé, ni dans le présent, ni même dans la projection d’un avenir proche, il restait comme suspendu, confiant dans sa joie.
Il y a ceux qui veulent comprendre le monde et il y a ceux qui veulent le changer. Il y a ceux qui demandent pourquoi? et ceux qui répondent parce que !
Le lendemain matin, elle s'était réveillée avec les pensées claires, "détachée" était le mot. Cela l'avait rassurée. Pas parce qu'elle avait craint d'être la fille d'un meurtrier mais parce que cette fois, elle acceptait, et pour de bon, de n'être la fille de personne.
Martha, Anna et Zita étaient au dégraissage. Elles jetaient les sacs de plume dans les cuves et tournaient l’eau beige rendue laiteuse par le détergeant. Des milliers de plumes de grue, grises, qui se collaient et s’entremêlaient les barbes. Peu à peu, le tourbillon de leurs tiges pointues et de leurs minuscules lames fendant la surface prenait un caractère hypnotique, alors il fallait inverser le mouvement, jusqu’à ce qu’enfin les fragiles poisseuses se détachent les unes des autres. C’était un travail répétitif, qui demandait beaucoup de force physique mais, à dix-sept ans, Martha était dure au mal. Elle n’était pas bavarde, moins que ses deux camarades, pourtant Anna et Zita avaient eu tôt fait de prendre la dernière arrivée sous leur protection. Peut-être leur inspirait-elle de la pitié ? Une douceur triste émanait du regard de la jeune femme, comme si son cœur était d’une pierre de silence.
Les pauvres font toujours plus pauvres en hiver ».
La vérité et le mensonge sont comme l'eau et l'huile, on imagine pouvoir les mélanger, mais l'huile finit toujours par remonter à la surface. Un bon mensonge agirait comme le vinaigre blanc, il saurait changer le goût de l'eau sans en changer la couleur.
C'était un de ces week-ends où I'essentiel des activités consistait à faire du sport (un peu), boire des cocktails (beaucoup), et dire du mal de gens qui n'avaient pas été invités.
Certains philosophes voient la vie comme un pendule qui oscille de droite à gauche, entre la joie et la peine, la souffrance et la guérison l'exaltation et l'ennui. Il est ainsi rassurant de penser que si les choses vont mal, il y a de fortes chances pour qu'elles aillent mieux, puis immanquablement mal mais alors à nouveau mieux et ainsi de suite, indéfiniment.
La vérité et le mensonge sont comme l’eau et l’huile, on imagine pouvoir les mélanger, mais l’huile finit toujours par remonter à la surface. Un bon mensonge agirait comme le vinaigre blanc, il saurait changer le goût de l’eau sans en changer la couleur.
C’était une très jeune femme de trois quarts, sur fond vert. Une fille aux yeux bleus rêveurs, avec des mèches brun-auburn encadrant son visage qui lui donnaient un air plutôt négligé.