La peur habitait son ventre et lui nouait les boyaux depuis des années, mais toute peur est chevillée à un espoir, celui d'en réchapper.
— Ne vous faites pas de souci pour moi, monsieur Gruber, c’est gentil. C’est juste que les journées sont longues, comme vous savez, je suis fatiguée, je crois que j’ai besoin de dormir.
— Bien sûr, je comprends, dans ce cas…
Cette fois, il la regarda fixement, les pupilles dilatées par le désir. Martha fut parcourue d’un frisson.
— Dans ce cas… Bonne nuit… Martha.
Son cœur se mit à cogner si fort qu’elle eut l’impression que M. Gruber pouvait entendre sa peur. Elle trouva encore la force d’articuler :
— Bonne nuit, monsieur Gruber, merci beaucoup pour la tarte.
Elle referma la porte avec toute la lenteur dont elle était capable, pour ne pas montrer qu’elle avait compris. Elle le craindrait désormais chaque fois qu’ils se croiseraient dans la maison. Elle colla son oreille à la mince porte en bois et entendit le pas posé de l’homme qui redescendait l’escalier, comme s’il appuyait exprès sur chaque marche, comme si ses pas disaient « nous reviendrons ».
« La vérité et le mensonge sont comme l'eau et l'huile, on imagine pouvoir les mélanger, mais l'huile finit toujours par remonter à la surface. Un bon mensonge agirait comme le vinaigre blanc, il saurait changer le goût de l'eau sans en changer la couleur» (p. 96)
Le malheur force celui qu’il frappe à inventer un lieu où se réfugier, à se composer une autre vérité, plus belle, plus flamboyante. Ils ne peuvent pas développer leur imagination, ceux qui sont satisfaits de leur vie, ceux à qui la réalité suffit.
Être amoureux n’exclut pas d’être lucide, car repérer les défauts de l’autre n’implique pas pour autant qu’on les comptabilise.
Isidore avait confié à Pearl qu’il ne comprenait pas qu’on puisse naître avec autant de chances, la beauté de sa mère, le compte en banque de son père, et ainsi gâcher sa vie. Comme quoi, la bâtardise avait du bon. Pour obtenir quelque chose, rien ne valait d’en avoir été privé.
« Le goût, c’est bon pour les amateurs de vin et les cuisiniers. L’art n’a rien à voir avec le goût » disait un certain Gustav Klimt.
Le malheur force celui qu'il frappe à inventer un lieu où se réfugier, à se composer une autre vérité, plus belle, plus flamboyante. Ils ne peuvent pas développer leur imagination, ceux qui sont satisfaits de leur vie, ceux à qui la réalité suffit.
...sa vérité avait été effacée, car la mémoire préférera toujours un récit maîtrisé à une impression floue.
Une vérité scientifique sera toujours défaite par une vérité romanesque.