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Citations sur Les faibles et les forts (33)

Il scintille, le fleuve, surtout le soir quand les phares sont braqués sur lui, il prend des airs de majesté, mais il est poisseux, il n’est qu’eaux usées par les hommes, leurs bateaux, leurs usines, leurs maisons, leurs caniveaux, leurs chiottes. Leurs pensées les plus sales sont dans le fleuve, il a tout absorbé. Si c’est un monstre, il s’est laissé domestiquer. S’il avale nos enfants, c’est qu’on le lui apprit.
(page 149)
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Après l’abolition, la répression du corps noir a continué et l’interdiction d’entrer dans l’eau en faisait partie. L’eau est un lieu de promiscuité, de regards, de frôlements, c’est un lieu où l’on se déshabille, où les uniformes et les mensonges tombent, c’est un lieu de nudité, de vérité, et donc de sexualité. Il a fallu du temps pour mélanger hommes et femmes dans l’eau et nous y sommes parvenus, mais il a été impossible de mélanger Noirs et Blancs. Car le Noir aurait pu apparaître pour ce qu’il est : un homme.
(page 124)
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Que voulez-vous dire par là ? Que les jeunes Noirs ont eux-mêmes intégré ce mythe qui veut qu’ils ne puissent pas nager ?
- Absolument. Leurs parents n’avaient pas accès aux piscines et ils ne leur ont pas appris à nager. Ils leur ont transmis leurs craintes, leur idée que l’eau n’est pas faite pour eux, dangereuse même. Dans tous les États-Unis, beaucoup d’enfants noirs grandissent en pensant qu’apprendre à nager n’est pas une priorité.
(page 120)
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Mais le monde s’en fout, des souvenirs des dames noires flétries, qui racontent que le long zizi de l’homme noir, ça n’existe pas, que nos hommes ont peur, qu’ils hurlent en silence comme Howard, qu’ils pleurent en secret comme Henry, qu’ils frappent comme le fils de Mme King, qu’ils s’en vont comme les amours de Dana, qu’il n’y a pas d’hommes pour élever nos hommes.
(page 77)
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C’est que j’aimais avant tout dans cette musique, ce pouvoir qu’elle avait de divertir mes parents. Le temps de quelques morceaux, leurs corps étaient moins raides, leurs épaules descendaient de quelques centimètres, ils souriaient et s’ils fermaient les yeux, ce n’était pas comme à l’église, c’était autre chose, un moment d’abandon qui laissait entrevoir en eux une zone secrète et interdite, le plaisir.
(page 62)
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Ce pays, c’est des voitures avec des gens dedans, on leur a laissé croire qu’il suffisait de rouler pour être bien. Nous roulons. Ou plutôt, ils roulent et je les suis au pays des ramasseurs de coton, des fleurs blanches et des rêves d’évasion. Je suis de passage. Pas d’ici. Pas du Sud.
(page 49)
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Finalement les colères de Mamy Lee sont un peu comme les tempêtes de la région. La maison tremble fort, pourtant au matin, le toit a tenu. Alors on regarde le ciel, les derniers nuages à la traîne et on se dit qu’on l’a échappé belle. Je préfère les colères de Mamy Lee aux tempêtes. Je suis plus habitué.
(page 29)
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Il ne s’était pas écoulé dix minutes après le départ des flics qu’elle te voyait en soldat, mais il ne faut pas que tu y ailles, il y a trop de guerres qui se préparent, des guerres pour rien, qui ne feront pas de toi un homme mais l’ombre d’un homme.
(page 14)
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Arrive un moment dans la vie où l’on a traversé tant d’épreuves que l’on y voit trop clair. J’en suis là. J’ai serré fort. Dana s’esquinte les ongles à défaire le nœud autour de tes poignets, Marcus, elle est accroupie derrière la chaise, ses hanches débordent de son jean, ses gestes aussi débordent, ils débordent d’enfants comme ses hanches, elle marmonne qu’on a besoin de toi pour le barbecue, que tu viens à la rivière, c’est vrai que ça manque d’hommes chez nous. J’ai serré fort. C’est comme un vieux nœud déjà, oh, boy ! ce vieux nœud autour de nous, en nous, dans notre gorge, notre ventre, ce vieux nœud indémêlable qui nous retient et nous condamne à d’autres nœuds.
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Tu as fait de moi un flic, Marcus. Je t'ai ligoté et tu m'as laissée faire. Il te suffisait d'un coup pour te libérer mais je serais tombée et toi tu te serais effondré dans nos têtes et nos cœurs, dans les yeux de tes frères et sœurs qui ont observé. Tu le sais ça, je l'ai vu dans ton regard.Tu as hurlé, plus fort que la télé, ce qui n'est pas peu dire, mais tu t'es laissé ligoter. Je suis ta grand-mère, tu n'as rien tenté contre mes vieux os. C'est qu'il te reste un peu d'estime pour toi-même. Alors, si ça ne tenait qu'à moi, Marcus, tu resterais là, la porte fermée à double tour, on te laisserait comme un chien en laisse, et on irait sans toi au bord de la rivière.
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