C'est le 22ème opus de la série, entamée en 1990 avec «
Un étranger dans le miroir », publié 8 ans plus tard dans sa version française. Monk est le personnage principal, mais il est désormais entouré d'une famille, d'amis, de connaissances, de collègues qui constituent autant de facettes d'une personnalité atypique. Atypique, car amnésique. Atypique, car son amnésie est à la fois sa chance et sa rédemption. Cette fatalité est autant une opportunité qu'un handicap. Elle lui permet de repartir de zéro, d'être enfin quelqu'un, plus que quelqu'un d'autre, et de rejeter ce qu'il considère dorénavant comme un orgueil plutôt qu'une ambition.
C'est un des romans dans lesquels sa vie d'avant et sa vie actuelle se percutent, non grâce à des souvenirs, bien que certains réémergent, ou à la mémoire du corps qui surgit sans qu'il s'y attende, mais par le biais des gens qui l'ont connu et qui détiennent un pan de ce qu'il fut.
Comme à son habitude,
Anne Perry procède par petites touches, cloîtrant ses personnages dans des huis clos qui deviennent autant de mises en scène étouffantes de la société victorienne. La lenteur est voulue ;
Anne Perry nous donne accès à la pensée des personnages, à l'abondance des questions qu'ils se posent dans le secret de leur conscience. C'est une enquête dont chaque personnage détient un des aspects de la réponse ; il appartiendra à Monk de les assembler comme les morceaux d'un miroir brisé pour découvrir enfin le reflet de la vérité.
Si ce polar ne déçoit pas, il n'est peut-être pas un des meilleurs de la série. Les motivations, d'habitude si puissantes qu'elles font sauter les cadenas de la bonne éducation anglais, semblent moins acérées ou pas suffisamment robuste pour en imposer à la bienséance et au contrôle de soi.