Citations sur Vents / Chronique / Chant pour un équinoxe (25)
C'étaient de très grands vents, sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n'avaient d'aire ni de gîte,
Qui n'avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille,
En l'an de paille sur leur erre... Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !
Les voici mûrs, ces fruits d'un ombrageux destin. De notre songe issus, de notre sang nourris, et qui hantaient la pourpre de nos nuits, ils sont les fruits du long souci, ils sont les fruits du long désir, ils furent nos plus secrets complices et, souvent proches de l'aveu, nous tiraient à leurs fins hors de l'abîme de nos nuits ... Au feu du jour toute faveur ! Les voici mûrs et sous la pourpre, ces fruits d'un impérieux destin. Nous n'y trouvons point notre gré.
1993 - [Poésie/Gallimard n° 36, p. 113]
...Nous élevons à bout de bras, sur le plat de nos mains, comme couvée d’ailes naissantes, ce cœur enténébré de l’homme où fut l’avide, et fut l’ardent, et tant d’amour irrévélé…
Chronique VIII
Grand âge, nous venons de toutes rives de la terre. Notre race est antique, notre face est sans nom. Et le temps en sait long sur tous les hommes que nous fûmes.
Enchante moi promesse, jusqu'à l'oubli du songe d'être né. ..
Les vents sont forts ! la chair est brève !… […] Qu'on m'enseigne le ton d'une modulation nouvelle !
Et vous pouvez me dire : Où avez-vous pris cela ? — Textes reçus en langage clair ! versions données sur deux versants !… Toi-même stèle et pierre d'angle !… Et pour des fourvoiements nouveaux, je t'appelle en litige sur ta chaise dièdre,
Ô Poète, ô bilingue, entre toutes choses bisaiguës, et toi-même litige entre toutes choses litigieuses — homme assailli du dieu ! homme parlant dans l'équivoque !… ah ! comme un homme fourvoyé dans une mêlée d'ailes et de ronces, parmi des noces de busaigles !
Il est temps de brûler nos vieilles coques chargées d’algues. La Croix du Sud est sur la Douane : la frégate-aigle a regagné les îles ; l’aigle harpie est dans la jungle, avec le singe et le serpent-devin. Et l’estuaire est immense sous la charge du ciel.
Et les murs sont d'agate où s'illustrent les lampes. Hauts murs polis par le silence et par la science, et par la nuit des lampes. Silence et silencieux office. Prêtre et prêtrise. Sérapéum !
C'étaient de très grands vents, sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n'avaient d'aire ni de gîte,
Qui n'avaient garde ni mesure, et nous laissaient, hommes de paille,
En l'an de paille sur leur erre... Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !
C'est un envol de paille et de plumes! une fraîcheur d'écume et de grésil dans la montée des signes! et la Ville basse vers la mer dans un émoi de feuilles blanches: libelles et mouettes de même vol.