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3.75/5   8 notes
Résumé :
"Par la pensée analogique et symbolique, par l'illumination lointaine de l'image médiatrice, et par le jeu de ses correspondances, sur mille chaînes de réactions et d'associations étrangères, par la grâce enfin d'un langage où se transmet le mouvement même de l'Etre, le poète s'investit d'une surréalité qui ne peut être celle de la science. Est-il chez l'homme plus saisissante dialectique et qui de l'homme engage plus ? Lorsque les philosophes eux-mêmes désertent le... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Découverte sur la pointe des yeux de Saint John Perse avec "Oiseaux", texte que j'ai choisi (j'ai honte) parce qu'il est court, après avoir piteusement abandonné "Amers", faute d'avoir su y capter quelque onde que ce soit.
Rédigé en accompagnement des lithographies d'oiseaux de Georges Braque, ce texte est plus accessible et ouvre de grandes fenêtres sur la majesté, la symbolique et la puissance de l'oiseau, à travers quelques fulgurances qui m'ont touchée.
Apprendre la langue des poètes, si tant est que cela ait un sens, est un chemin qui m'est particulièrement difficile, il me faut développer d'autres sens et ces courts poèmes m'y aident.
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Les "Oiseaux" de Saint-John Perse ne sont pas ceux que l'on voit voler dans le ciel mais ceux qui se trouvent sur les tableaux de Georges Braque. C'est pour fêter les quatre-vingt ans du peintre que le poète français lauréat du prix Nobel de littérature 1960 a écrit ce recueil en vers libres.

Personnellement je trouve les oiseaux de Braque superbes et je regrette les lithographies de la première édition de ce livre pour rapprocher textes et images.
L'enthousiasme de Perse pour l'oeuvre et les oiseaux de Braque n'est pas surprenant. Les artistes ont la même vision poétique et s'alimentent aux mêmes sources aux mêmes thèmes.
Pour eux, les mondes végétal et animal participent à l'aventure humaine. Les oiseaux, plus que jamais, font le lien entre l'homme et l'espace.

Si la prose du poète est sinueuse et difficile à suivre, elle peut aussi s'identifier au corps ou au vol ou l'oiseau. Il y a des phrases très belles comme la première de ce court recueil, qui m'inspire : "L'oiseau, de tous les consanguins le plus ardent à vivre, mène aux confins du jour un singulier destin."
Pour autant l'écriture de Saint-John Perse est si riche d'imagination que j'ai eu parfois du mal à le comprendre mais cela donne envie de poursuivre la lecture de son oeuvre.


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L'oiseau est comme un bateau nous dit Saint-John Perse. Alors là, je ne suis pas d'accord car pour moi, oiseau = avion
Bon ... D'accord ... L'oiseau fonctionne sans moteur alors que le voilier avance comme l'oiseau au gré du vent et des courants. En définitive, le poète doit avoir raison avec sa comparaison.
Saint-John Perse, dans "Oiseaux", il les dissèque les oiseaux, du coup il maîtrise bien son sujet, d'un point de vue anatomique et stylistique. Il nous apprend comme Prévert à dessiner un oiseau. On peut le dessiner donc, dans sa cage l'oiseau, mais on peut le dessiner, encore mieux, comme un bateau, à la Braque par exemple, comme un avion ( là Braque me donne raison), mais on peut tout aussi bien dessiner une vague forme ailée sur un fonds bleu qui peut représenter selon le spectateur un oiseau ou un bateau, le fonds bleu étant au choix le ciel ou la mer. L'exercice de style insiste sur la nécessité de représenter le sujet, l'oiseau, dans son environnement. Et si possible, rappelons-le, sans cage, pour que l'oiseau puisse prendre son envol (poétique).
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
I


    L’oiseau, de tous nos consanguins le plus ardent à vivre, mène aux confins du jour un singulier destin. Migrateur, et hanté d’inflation solaire, il voyage de nuit, les jours étant trop courts pour son activité. Par temps de lune grise couleur du gui des Gaules, il peuple de son spectre la prophétie des nuits. Et son cri dans la nuit est cri de l’aube elle-même : cri de guerre sainte à l’arme blanche.

    Au fléau de son aile l’immense libration d’une double saison ; et sous la courbe du vol, la courbure même de la terre… L’alternance est sa loi, l’ambiguïté son règne. Dans l’espace et le temps qu’il couvre d’un même vol, son hérésie est celle d’une seule estivation. C’est le scandale aussi du peintre et du poète, assembleurs de saisons aux plus hauts lieux d’intersection.

    Ascétisme du vol !... L’oiseau, de tous nos commensaux le plus avide d’être, est celui-là qui, pour nourrir sa passion, porte secrète en lui la plus haute fièvre du sang. Sa grâce est dans la combustion. Rien là de symbolique : simple fait biologique. Et si légère pour nous est la matière oiseau, qu’elle semble, à contre-feu du jour, portée jusqu’à l’incandescence. Un homme en mer, flairant midi, lève la tête à cet esclandre : une mouette blanche ouverte sur le ciel, comme une
main de femme contre la flamme d’une lampe, élève dans le jour la rose transparence d’une blancheur d’hostie…

    Aile falquée du songe, vous nous retrouverez ce soir sur d’autres rives !
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Oiseaux


II

  Les vieux naturalistes français, dans leur langue très sûre et très révérencieuse, après avoir fait droit aux attributs de l’aile – « hampe », « barbes », « étendard » de la plume ; « rémiges » et « rectrices » des grandes pennes motrices ; et toutes « mailles » et « macules » de la livrée d’adulte – s’attachaient de plus près au corps même, « territoire » de l’oiseau, comme à une parcelle infime du territoire terrestre. Dans sa double allégeance, aérienne et terrestre, l’oiseau nous était ainsi présenté pour ce qu’il est : un satellite intime de notre orbite planétaire.

  On étudiait, dans son volume et dans sa masse, toute cette architecture légère faite pour l’essor et la durée du vol : cet allongement sternal en forme de navette, cette chambre forte d’un cœur accessible au seul flux artériel, et tout l’encagement de cette force secrète, gréée des muscles les plus fins. On admirait ce vase ailé en forme d’urne pour tout ce qui se consume là d’ardent et de subtil ; et, pour hâter la combustion, tout ce système interstitiel d’une « pneumatique » de l’oiseau doublant l’arbre sanguin jusqu’aux vertèbres et phalanges.

  L’oiseau, sur ses os creux et sur ses « sacs aériens », porté, plus légèrement que chaume, à l’excellence du vol, défiait toutes notions acquises en aérodynamique. L’étudiant, ou l’enfant trop curieux, qui avait une fois disséqué un oiseau, gardait longtemps mémoire de sa conformation nautique : de son aisance en tout à mimer le navire, avec sa cage thoracique en forme de carène et l’assemblage des couples sur la quille, la masse osseuse du château de proue, l’étrave ou rostre du bréchet, la ceinture scapulaire où s’engage la rame de l’aile, et la ceinture pelvienne où s’instaure la poupe…
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Oiseaux


III

  … Toutes choses connues du peintre dans l’instant même de son rapt, mais dont il doit faire abstraction pour rapporter d’un trait, sur l’aplat de sa toile, la somme vraie d’une mince tache de couleur.

  Tache frappée comme d’un sceau, elle n’est pourtant chiffre ni sceau, n’étant signe ni symbole, mais la chose même dans son fait et sa fatalité – chose vive, en tout cas, et prise au vif de son tissu natal : greffon plutôt qu’extrait, synthèse plus qu’ellipse.

  Ainsi, d’un « territoire » plus vaste que celui de l’oiseau, le peintre soustrait, par arrachement ou par lent détachement, jusqu’à pleine appropriation, ce pur fragment d’espace fait matière, fait tactile, et dont l’émaciation suprême devient la tache insulaire de l’oiseau sur la rétine humaine.

  Des rives tragiques du réel jusqu’en ce lieu de paix et d’unité, silencieusement tiré, comme en un point médian ou « lieu géométrique », l’oiseau soustrait à sa troisième dimension n’a pourtant garde d’oublier le volume qu’il fut d’abord dans la main de son ravisseur. Franchissant la distance intérieure du peintre, il le suit vers un monde nouveau sans rien rompre de ses liens avec son milieu
originel, son ambiance antérieure et ses affinités profondes. Un même espace poétique continue d’assurer cette continuité.

  Telle est, pour l’oiseau peint de Braque, la force secrète de son « écologie ».

  Nous connaissons l’histoire de ce Conquérant Mongol, ravisseur d’un oiseau sur son nid, et du nid sur son arbre, qui ramenait avec l’oiseau, et son nid et son chant, tout l’arbre natal lui-même, pris en son lieu, avec son peuple de racines, sa motte de terre et sa marge de terroir, tout son lambeau de « territoire » foncier évocateur de friche, de province, de contrée et d’empire…
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Oiseaux


V
Extrait 2

  L’homme a rejoint l’innocence de la bête, et l’oiseau peint dans l’œil du chasseur devient le chasseur même dans l’œil de la bête, comme il advient dans l’art des Eskimos. Bêtes et chasseurs passent ensemble le gué d’une quatrième dimension. De la difficulté d’être à l’aisance d’aimer vont enfin, du même pas, deux êtres vrais, appariés.

  Nous voilà loin de la décoration. C’est la connaissance poursuivie comme une recherche d’âme et la nature enfin rejointe par l’esprit, après qu’elle lui a tout cédé. Une émouvante et longue méditation a retrouvé là l’immensité d’espace et d’heure où s’allonge l’oiseau nu, dans sa forme elliptique comme celle des cellules rouges de son sang.
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Oiseaux


V
Extrait 1

  Pour l’oiseau schématique à son point de départ, quel privilège déjà, sur la page du ciel, d’être à soi-même l’arc et la flèche du vol ! le thème et le propos ! … À l’autre bout de cette évolution, sous son revêtement suprême, c’est un comble secret où s’intègre l’essentiel de tout un long report. Beauté alors de ce mot de « faciès », utilisé en géologie pour recouvrir historiquement, dans leur ensemble évolutif, tous les éléments constitutifs d’une même matière en formation.

  Dans cette concision d’une fin qui rejoint son principe, l’oiseau de Braque demeure pour lui chargé d’histoire. De tout ce qu’élude, sciemment ou non, l’œil électif du peintre, la connaissance intime lui demeure. Une longue soumission au fait l’aura gardé de l’arbitraire, sans le soustraire au nimbe du
surnaturel.
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