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« Que m'importaient les querelles espagnoles dans le Nouveau Monde? Qu'avais-je à faire avec la campagne menée par Cortez contre les Indiens de ce pays? C'est vrai, les temps et les destinées étaient si étrangement confus et troublés que je fus mêlé moi aussi à ces querelles. Quelle folie s'était donc emparée de moi lorsque je poursuivais Cortez pour lui tirer une balle dans la tête? Etait-ce vraiment moi qui le poursuivais? »

Nous sommes en 1519 et Cortez est sur le point de vaincre l'Empereur Moctezuma, de faire tomber Tenochtitlán et de s'emparer de l'or des Aztèques. En Europe, Charles Quint va hériter de la couronne espagnole et d'un empire colonial en devenir, il sera bientôt le monarque le puissant du siècle.
Pourtant un homme veut faire barrage au conquistador et à Charles Quint.
Cet homme, c'est Franz Grumbach, un luthérien allemand qui hait les Espagnols, abhorre les catholiques, exècre les agissements des Européens sur le sol américain.
Que peut faire un homme seul contre une armada, alors qu'il ne possède qu'une arquebuse et trois balles? L'une est destinée au sanguinaire Cortez, la seconde au duc de Mendoza pour une histoire de femme, et la troisième, seule la fin de l'histoire nous le dira.

Trois pauvre balles pourraient-elles changer le cours de l'histoire et mettre fin aux agissements de l'Inquisition en terre mexicaine?
Du Charme, est le premier mot qui me vient à l'esprit à la fin de cette lecture, qui mêle savamment histoire et fantastique, comme dans le marquis de Bolibar.
Roman d'aventures qui nous emporte à la conquête de l'or des Aztèques, La troisième balle est une épopée sanglante pleine de batailles, de roueries, de violences, mais une histoire marquée aussi par les anathèmes, les pactes diaboliques et les prophéties.
Car le Diable se cache toujours dans les détails, et ce n'est pas la plume de Leo Perutz qui sait si bien distiller les symboles et composer de savantes intrigues qui nous prouvera le contraire.
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C'est le premier roman publié par Leo Perutz en 1915, pendant la première guerre mondiale. le livre rencontre un grand succès qui permet à son auteur de se consacrer à l'écriture.

Nous sommes en 1547, la bataille de Mühlberg a vu la victoire de Charles Quint sur les protestants. Un cavalier allemand, appelé Prunelle-de-verre combat dans l'armée impériale. Il semble avoir perdu ses souvenirs. Un Espagnol va lui conter son histoire, qui s'est déroulée dans le Nouveau Monde, pendant la conquête du Mexique par Cortez. Une histoire de bruit et de fureur, lorsqu'il a tenté par tous les moyens de s'opposer à l'armée espagnole, avec une poignée d'Allemands fuyant l'Europe en guerre, et s'opposant à l'Empereur et à l'Église catholique. Et également à son ennemi personnel, le duc de Mendoza, cruel et dépravé. Grumbach, le rhingrave rebelle, est prêt à tout pour faire échec à l'Armada espagnole, y compris à faire alliance avec le diable. Mais ce dernier a plus d'un tour dans son sac, et les trois balles que Grumbach obtient, pourraient se retourner contre lui plutôt que de lui permettre de vaincre ses ennemis…

C'est le premier roman de Perutz et il ferra sans doute mieux par la suite, il y a encore des éléments un peu confus dans celui-ci, le scénario n'est pas aussi brillamment tenu que dans ses meilleures réussites. Mais les thématiques, les obsessions sont déjà là, bien présentes, sans oublier l'art du conteur, ainsi qu'une manière magistrale de s'approprier les codes de la littérature de genre, ici le roman historique et fantastique, pour les subvertir, faire un pas de côté, et produire un texte tout à fait original.

Grumbach, comme tous les sujets perutziens, est un sujet inaccessible à lui-même, au point que c'est un autre qui lui raconte sa propre histoire, qu'il a oubliée, qu'il a voulue oublier sans doute. Une histoire tragique dans le sens où elle est annoncée d'avance, et inévitable, malgré les nobles aspirations du personnage. Mais il se trompe sur lui-même, sur sa capacité à dominer les événements, à les maîtriser et à se maîtriser lui-même. C'est son obstination à vouloir sauver le monde qui participe à sa destruction, et provoque le chaos. Son échec est programmé, la prédestination fatale est en quelque sorte incluse en lui-même, et non pas dans une divinité extérieure et maléfique. C'est d'une certaine manière la malédiction originelle de la nature humaine. Vouloir jouer le Créateur et faire plier le réel ne peut que mener à l'échec, le réel s'accomplit malgré le héros, qui n'est pas en mesure de s'opposer à l'Histoire, au destin.

C'est très sombre, la violence et les destructions de la guerre sont terribles, le désenchantement devant la folie des hommes s'exprime très fortement, l'ambiance du récit est oppressante. C'est déjà une très grande réussite, même si l'auteur va encore perfectionner son art dans ses romans suivants.
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Perutz était un grand amateur d'échecs et, on le voit bien dans ses romans, par la figure du labyrinthe. Les personnages frappés par une malédiction, s'efforcent par tous les moyens de fuir leur destinée et se faisant s'en rapprochent... C'est du grand art, on prend un plaisir certain à se laisser manipuler par une intrigue retorse. le meilleur dans cette veine est, selon moi, du même Leo Perutz, Le Cavalier suédois, véritable chef d'oeuvre du genre.
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Comme toutes les histoires d'amour, celles que l'on tisse avec un romancier ne sont jamais totalement exemptes de nuages. Après trois expériences délicieuses et qui m'avaient fait espérer des merveilles du reste de la bibliographie de Leo Perutz, « La troisième balle » m'a laissée pour la première fois sur ma faim. Les sujets centraux, à savoir la conquête de l'empire aztèque par les conquistadors espagnols et les affrontements entre protestants et catholiques au début du XVIe siècle, et ce que j'avais pu entrapercevoir de l'intrigue avaient pourtant tout pour me plaire. Pourtant, malgré ces a priori optimistes, la sauce n'a pas prise ou, en tout cas, pas complètement. le roman ne manque pourtant pas d'excellentes qualités littéraires. le style de Leo Perutz est toujours agréable à lire et son don pour créer des atmosphères et y plonger ses lecteurs jusqu'au cou n'est plus à démontrer. L'intrigue est joliment construite et Perutz la mène à son terme avec un savoir-faire impeccable, ménageant savamment ses effets scénaristiques pour manipuler lecteur et le prendre par surprise.

Mais tout cela m'a paru trop bref, beaucoup trop bref. Alors que le format court convenait parfaitement aux intrigues du « Cavalier suédois » et du « Marquis de Bolibar », il m'a semblé beaucoup moins approprié dans « La troisième balle ». Non que je m'y sois ennuyée le moins du monde, mais le scénario d'une grande densité aurait mérité 100 ou 200 pages de plus pour être étoffé et gagner en profondeur. de cette brièveté, découlent deux faiblesses qui m'ont particulièrement posé problème. En premier lieu, le manque de consistance des personnages : non que ceux-ci soient dépourvus d'intérêt, mais ils sont traités avec autant d'épaisseur que des cartes à jouer. le personnage principal, l'allemand Grumbach possesseur des fameuses trois balles qui donnent leurs noms au récit, n'a pas attiré un instant mon empathie, pas plus que ses compagnons d'armes luthériens. de tous les nombreux – trop nombreux peut-être ? – protagonistes, seul Hernán Cortés, le capitaine de l'expédition espagnole, a réellement excité ma curiosité, l'auteur parvenant à lui donner un charisme frappant en quelques chapitres, mais il apparait trop peu pour être vraiment mémorable. Second défaut, plus secondaire mais tout de même handicapant : la façon assez décevante dont Perutz met en scène la civilisation aztèque, n'y consacrant qu'une fort petite partie de son récit et échouant tout à fait, en ce qui me concerne du moins, à retranscrire la complexité et la flamboyance de cette envoutante culture. Pour ceux qui souhaiteraient un meilleur aperçu de cette période, lisez plutôt « Azteca » de Gary Jennings, vous ne serez pas déçus !

Dommage, mais tant pis… Il me reste largement assez de romans de Perutz à découvrir pour me remettre de cette petite déception.
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Au soir de la bataille de Mühlberg, les princes protestants écrasés défilent sombrement dans le camp des vainqueurs. Charles Quint, plus qu jamais, est le maître. Quelle folie a été la leur de se dresser contre lui ! Tout protestant qu'il soit, le capitaine Oeil de Verre le sait bien - il a courbé l'échine, lui, depuis longtemps, a servi aux premiers rangs de l'armée impériale.
Et pourtant... ils étaient grands, ces seigneurs protestants. Au coin du feu, un vieux soldat espagnol rend hommage au plus vaillant d'entre eux, disparu depuis longtemps. Franz Grumbach, margrave déchu de ses titres et de ses terres pour sa foi et ses révoltes, protecteur des paysans, grand bouffeur de curés, embarqué vers le Nouveau Monde où il défia à lui seul toute l'Armada de Cortés. Franz Grumbach et son arquebuse aux trois balles maudites - Oeil de Verre dresse l'oreille, comme sorti d'un mauvais songe : il le connait, se reconnait... c'est lui. La première balle tuerait le roi qu'il voulait défendre, la seconde, la femme qu'il voulait protéger. La troisième... s'il l'écoute jusqu'au bout, le vieil espagnol révélera peut-être enfin ce qu'il advint de la troisième.

Il y avait un moment que je n'avais pas lu de Léo Perutz, et c'est avec grand plaisir que j'ai retrouvé cette plume si habile à invoquer les ombres de l'âme humaine et de l'Histoire pour en faire de fascinants mystères. Fascinant, l'univers de la Troisième Balle l'est indubitablement, un univers où la légende et le fantasme se mêlent étroitement au réel, où le diable veille sans cesse au grain, où la folie rôde, tapie dans les mirages de l'or et de la gloire comme dans ceux de l'amour et de la justice. Un univers de sang, de splendeur, d'énigmes et de cruauté, où la fatalité et les sortilèges pèsent d'une main de plomb, plus lourde encore que celle du soleil, sur le front des vainqueurs d'aujourd'hui et des vaincus de demain.
Malheureusement, si L Histoire est habilement détournée, si la langue est superbe et l'imaginaire captivant, les personnages, eux, manquent plus ou moins cruellement d'épaisseur et de force. Cortés finit par en acquérir - la grandeur fanatique, démoniaque, du conquérant aveugle aux souffrances qu'il inflige, résolu à tout pour atteindre son but et hanté, pourtant, par un fantôme de remords. Mendoza, le grand rival du héros, reste pour sa part assez énigmatique, dangereux et ambigu pour me plaire, mais Grumbach lui-même n'est jamais parvenu à m'intéresser - on en sait trop de lui pour qu'il perde tout mystère, pas assez pour qu'il prenne consistance, et si son destin est indéniablement terrible, il ne m'a pas bouleversée comme il aurait pu, comme il aurait dû le faire. Cela est d'autant plus frustrant que la dualité qui l'oppose et l'attache tout à la fois à son demi-frère adultérin est de ces relations qui auraient pu totalement m'enthousiasmer. L'Allemand austère et juste, le saint égaré, l'homme défiguré et hanté par la folie, contre l'Espagnol superbe et cruel, le séducteur insensible plus qu'à demi maléfique, follement orgueilleux tous deux malgré leurs divergences : tous les ingrédients sont là... sauf le petit quelque chose qui fait prendre la sauce.
Mais le pire, peut-être, est la figure de Dalila - incarnation de la parfaite potiche, à faire ressembler les héroïnes d'Hugo à des icônes féministes (et Merlin sait tout le mal que je pense des héroïnes hugoliennes !) - dont chaque apparition m'a assez agacée pour... sinon gâcher tout le reste, du moins lui faire perdre une part de son pouvoir.
Le plus grand défaut de ce roman - Faustien en diable ! - est sans doute de rester un peu trop figé dans des symboles, au lieu de développer ses personnages pour leur donner tout le corps qu'ils auraient mérité. Dommage, vraiment, mais les descriptions fabuleuses du Mexique ravagé par Cortés suffiraient à elles seules au plaisir de la lecture.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Comment ne pas aimer lire un auteur qui aime autant écrire ?
Encore une fois, L Histoire, la grande, défaite, refaite, pour une autre possibilité du même monde et la plongée profonde dans le génie baroque de Leo Perutz.
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Premier roman de Leo PERUTZ, La troisième balle se déroule au début du XVIème siècle, au début de la conquête de l'empire aztèque par Hernán Cortés, soit à la fin de l'année 1519, même si celle-ci n'est pas citée explicitement. le roman est plus précisément consacré à un personnage imaginaire, Franz Grumbach, allemand luthérien de son état, qui tente de s'opposer à l'irrésistible conquête de l'espagnol. Pour cela il ne dispose que d'une arquebuse et de trois balles, dont l'ultime est destinée à Cortés lui-même. Mais l'Histoire ne peut être modifiée si facilement, ce qui n'est pas le cas du destin d'un homme isolé comme Grumbach.

Leo PERUTZ articule donc son roman autour d'une reconstitution historique et d'un destin imaginaire. En toile de fond il dépeint la querelle théologique entre luthériens et chrétiens, laquelle a réellement fait rage à l'époque de Charles Quint. Cela fait de la troisième balle un roman particulièrement dense, et mâtiné de fantastique, dans la plus pure tradition des écrivains de langue allemande de l'époque (KAFKA, MEYRINCK...).

Si le résultat est convaincant d'un point de vue strictement littéraire, le lecteur pourra néanmoins regretter que PERUTZ ne parvienne pas à rendre ses personnages particulièrement attachants. Il est avant tout descriptif, et laisse de côté toute leur dimension humaine, en particulier celle de Franz Grumbach. Si cela ne fait pas de la troisième balle un mauvais roman pour autant, cela suffit pour ne pas le rendre impérissable.
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Je me suis laissé transporter par ce roman, on passe par toutes les émotions en le lisant.....
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