AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,67

sur 23 notes
5
2 avis
4
7 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Un roman d'amour, de nature et d'érotisme.

Écrit par une Québécoise métisse Crie, le livre raconte des drames et des amours autour du lac Abitibi, dans une langue poétique.

Une jeune Algonquine habite sur les berges avec sa famille. Elles voient un homme arriver dans son canot, malmené par les vents du large. Il réussira à toucher terre et sera séduit par la belle Wabougouni. En l'absence de son mari, elle n'aura pas de scrupules à nouer une idylle torride avec le beau Métis.

Le court roman parle aussi de la nature et des traditions de son peuple, de l'histoire de sa grand-mère guérisseuse et de la Seconde Guerre mondiale dans laquelle son amant sera engagé.

L'ouvrage est orné de dessins, mais auxquels il manque la palette des bleus du ciel clair, les roses orangés du soleil couchant, les irisés des eaux du lac et les nuances des verts des forêts ou les ors de l'automne, les couleurs vibrantes que l'auteur qui est aussi peintre, sait bien exploiter.
Commenter  J’apprécie          230
Années 40, Abitibi. du temps d'avant les réserves et les pensionnats autochtones. Un monde sur le point de changer brutalement, dont les signes sont déjà visibles. Gabriel, un jeune trappeur métis, se trouve en difficulté avec son embarcation sur le lac Abitibi, alors que des femmes Algonquines dans leur campement le regardent se débattre avec les éléments en pariant sur son sort.

« La mort avait enroulé son étreinte de reptile à son haleine, il avait chancelé au bord du vide, de l'anéantissement, suspendu dans l'éternité pour un instant, mais il s'agissait d'un malentendu. »

Il réussit à accoster. Son regard est tout de suite attiré par une jeune Algonquine à la chevelure rousse, Wabougouni, et c'est réciproque : leur relation devient bien vite charnelle. Mais les hommes doivent revenir bientôt au campement et il doit repartir. Les amants se retrouveront-ils un jour, alors que la Deuxième guerre fait rage et que Gabriel se sent appelé ? La première partie du roman m'a beaucoup plu : la rencontre des amants, la façon dont les scènes sexuelles sont décrites, avec beaucoup de réalisme, de sensualité, de lyrisme, au plus près de la nature.

« L'amante était belle, magnifique de rondeurs et de creux au-dessus du bassin qui ondulait, telle une source autour d'un rocher. Elle était grande, aussi grande que lui, avec des chevilles et des poignets fins, une ossature délicate. Elle coulait sur lui tendre et vive en même temps, sinueuse, une algue dansante au fond du lac; elle absorbait sa force ardente avec patience, avec dévouement, avec ferveur. Son visage était dans l'ombre, sa chevelure dansait sous les vagues de son mouvement. Ses hanches roulaient dans un sens puis dans l'autre, parfois elle s'appuyait sur son amant, ou elle levait les bras pour soulever ses cheveux et les rejeter vers l'arrière. Il respira son odeur fraîche pareille à celle de la pluie sur l'herbe au matin quand les rayons du soleil aspirent cette eau pour éponger la terre. La femme était une cavalière chevauchant le grondement des eaux qui couvrait les soupirs des amants; le ressac de son sang la frappait dru, bruit mêlé à la voix de la forêt qui hululait, un choeur de chouettes éperdues et affolées. »

Pour le reste du roman, l'auteure fait de Gabriel son personnage principal et lui fait vivre des aventures auxquelles j'ai eu plus de difficulté à adhérer. J'aurais préféré qu'elle développe davantage le personnage de Wabougouni. Je reste avec l'impression de ne pas avoir bien compris ses choix pour illustrer le colonialisme et la perte de l'identité. L'ouvrage est présenté comme le carnet de Gabriel, dans lequel il dessine et écrit des poèmes, et les illustrations sont de l'auteure. Virginia Pésémapéo Bordeleau est la petite-nièce d'Émilie Bordeleau, la jeune institutrice qui a inspiré Les Filles de Caleb d'Arlette Cousture, et la série du même nom, populaire au Québec au début des années 90.
Commenter  J’apprécie          150
Chère lectrice, Cher lecteur,

En juin, au Québec, il y a un mouvement pour mettre à l'honneur la littérature autochtone. Pour découvrir davantage ce phénomène littéraire, vous pouvez suivre le #jelisautochtone. Comme en août dernier j'avais proposé pour la journée du #12août une liste de romans autochtones pour votre achat, de mon côté, j'avais choisi de me procurer L'amant du lac de Virginia Pésémapéo Bordeleau. Pourquoi? Ce livre est selon la quatrième de couverture : « […] le premier roman érotique écrit par une auteure amérindienne du Québec». Ma curiosité a été piquée par cette affirmation. Virginia Pésémapéo Bordeleau est une métisse crie et elle vit en Abitibi.

Que raconte L'amant du lac?

Tout d'abord, ce roman s'avère avant tout une histoire d'amour entre une Algonquine, Wabougouni et un trappeur métis, Gabriel. Alors que Wabougouni est mariée et que Gabriel est presque fiancé à une Blanche, se déclare entre les deux une histoire passionnée. Leur amour est marqué par la chair, par l'eau, par la terre. Tout autour d'eux participe à leur fusion même les autres femmes du clan vivant au bord du lac Appittibbi à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale. Gabriel quitte Wabougouni pour rejoindre sa vie, mais pourra-t-il oublier sa belle?

Ce que j'en pense

Dans ce livre, j'ai retrouvé des thèmes comme le monde en changement, la tradition, l'exploitation de la nature, l'animisme, les pensionnats autochtones. Comme il est mentionné :

«Les Autochtones chrétiens étaient rigides, ils avaient rejeté ou oublié l'ouverture de coeur de la tradition naturelle, teintée d'animisme et de respect envers toute vie». (p. 43)
Ce livre m'apparaît surtout comme une ré-appropriation des corps par le biais des mots. Comme si les mots avaient été emmurés et qu'il fallait revenir à un signifié marqué par la chair, la jouissance, l'amour pour oublier les abominations, les humiliations que les Blancs, les prêtres, les missionnaires, ont fait subir aux peuples autochtones. le droit à l'amour libre non enchaîné, non relié à la haine, est possible. Il faut s'éloigner de ce que les Autochtones ont dû subir à cause de la religion catholique pour revenir à la beauté des corps, à l'essence de la vie.

D'ailleurs, dans le prologue, l'autrice relève :

«Ce roman existe, je le souhaite, afin de déterrer la graine de la joie enfouie dans notre culture, profondément vivante, échappée du brasier de l'anéantissement annoncé par la Loi sur les Indiens, mise en oeuvre par les Oblats de Marie-Immaculée. L'amant du lac nous apprend que nous ne sommes pas que souffrance, que victimes : nous pouvons être aussi, exultation des corps, du coeur. Amours » (p. 10)
En ce sens, je trouve ce roman très beau, très poétique, car il libère un chant profond, celui de la sensualité. Livre érotique? Oui, mais le lecteur est très loin des Cinquante nuances de Grey ou d'Histoire d'O. On est à des années lumière du masochisme ou de la domination. C'est une célébration du corps et de l'esprit qui est présentée.

Mais encore, ce livre contient de très belles esquisses de l'autrice et des poèmes car Virginia Pésémapéo Bordeleau est également une artiste peintre et une poétesse.

Devez-vous lire ce roman?

Si vous avez envie de découvrir le talent d'une autrice et de vous laisser envahir par une belle histoire d'amour, n'hésitez par à découvrir la plume de la petite-fille de notre célèbre «Émilie Bordeleau». Il est parfois des histoires nécessaires pour redécouvrir la beauté de toute chose.

C'était ma participation à Juin, je lis autochtone.
madamelit.ca/2021/06/18/madame-lit-lamant-du-lac-de-virginia-pesemapeo-bordeleau/
Commenter  J’apprécie          70
Aimablement prêté par mon amie Christine, un titre qui me sort de mes lectures habituelles.
Ce court roman d'une auteure amérindienne n'est pas seulement un roman érotique, tel que le définit l'éditeur en 4ème de couverture, c'est également un magnifique roman sur la nature et les « premiers hommes », tels qu'ils se définissent, attachés à conserver leur identité et leurs façon de vivre, sur les rives du lac, en Abitibi.

Ayant échappé à une tempête, Gabriel le trappeur métis débarque sur les rives du lac Abitibi, sous les encouragements des femmes du clan, parmi lesquelles se trouve Wabougouni.

« L'homme marchait vers elles, d'un pas encore imprégné du tumulte du lac. Zagkigan Ikwè, la vieille, se pourléchait les lèvres. son oeil perçant comme celui d'une corneille happa le corps entier de l'arrivant, soupesant son charisme. Il était beau, sang mêlé en apparence avec une peau cuivrée, des cheveux noirs, des yeux bridés. »

D'une très belle écriture, elle décrit de façon très poétique les paysages et les gens de l'Abitibi. Les scènes d'amour, l'émerveillement des sens et l'embrasement des corps sont traités avec une immense pudeur, d'un plume très poétique en même temps que très suggestive.

« Son ventre brûlait d'un désir véhément depuis sa rencontre avec le métis. Il cognait dans ses veines, grimpait le long de ses jambes, palpitant dans la chair de ses cuisses pour se cramponner à son sexe comme une main de miel. »

Cette population autochtone, vit l'amour et le sexe comme quelque chose de simple, exempt de tous tabous et d'interdits. Et l'érotisme qui se dégage de ce livre nous apparaît comme tout à fait évident, naturel, loin des images parfois avilissantes que véhicule notre culture.

A travers ce roman, qui met en valeur un certain mode de vie, ou les amérindiens sont assez indépendants, l'auteure nous fait tout de même partager ses inquiétudes sur le devenir de son peuple, et sur les méfaits de l'homme blanc, de sa culture et de ses croyances.

Dans un monde qui se transforme, ce très beau roman, porté par les deux personnages lumineux que sont Gabriel le métis et Wabougouni l'Algonquine, reste résolument optimiste.
Lien : https://thebigblowdown.wordp..
Commenter  J’apprécie          60
Excellent! Par contre, c'est de Virginia Pésémapéo-Bordeleau, et non un collectif!
Commenter  J’apprécie          20
Excellent! Par contre, c'est de Virginia Pésémapéo-Bordeleau, et non un collectif!
Commenter  J’apprécie          00
Excellent! Par contre, c'est de Virginia Pésémapéo-Bordeleau, et non un collectif!
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (49) Voir plus



Quiz Voir plus

L'érotisme en littérature

Lequel de ces romans de Diderot, publié anonymement, est un roman libertin ?

Le Neveu de Rameau
Les Bijoux indiscrets
Le Rêve de D'Alembert
La Religieuse

6 questions
354 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature libertine , érotisme , érotiqueCréer un quiz sur ce livre

{* *}