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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Muette, Muette ne l'est pas, mais on lui demande de l'être, en gros. On l'accuse de mentir et on lui demande de se taire lorsque sa parole dérange. Alors elle fugue. Une fuite à travers la campagne, les bois, pour se cacher dans la grange où elle aime se réfugier depuis l'enfance.
Elle observe la nature, s'y fond, se rappelle à quel point elle exècre l'être humain, elle ressasse les paroles maternelles toxiques, mais se souvient aussi de moments de douceur avec cette mère, lorsqu'elle était toute petite.
Fuit-elle pour faire souffrir ses parents, tester leur amour ? Est-elle aussi mal aimée qu'elle le pense ? Sa sensibilité d'adolescente est-elle particulièrement exacerbée, de manière démesurée : "Elle se demande si les gestes et les mots dont elle a pu souffrir ont été faits sans penser à mal eux aussi. Jamais elle n'a envisagé les choses dans ce sens. Toujours les autres étaient les salauds et elle la victime." (p. 157)
Bref, comment en est-elle arrivée là ? Un événement particulier a-t-il tout fait basculer ?
Je n'ai pas eu de réponse à toutes ces questions, d'où un léger sentiment de frustration à la fin de la lecture, et, paradoxalement, une satisfaction. Celle de ne pas être entraînée par l'auteur dans des rebondissements spectaculaires, glauques. On devine, on imagine. Malgré ce flou, les derniers mots sont particulièrement éloquents... quoique, finalement...

La jolie plume d'Eric Pessan et certains de ses propos m'ont rappelé Annie Ernaux et Inès Cagnati ('Génie la folle'). L'histoire est belle et aussi dérangeante que le ton, alternant douceur, douleur et rudesse. Malgré cela, j'ai eu beaucoup de mal à suivre le récit, à ne pas m'échapper du texte, que j'ai trouvé long et ennuyeux, comme le dit en substance Muette à propos des "films magnifiques".
--- Un moment intense et marquant : la façon dont Muette, enfant, aimait sa poupée.
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"La lame n'est jamais fatiguée de trancher."

Les paroles de la mère de Muette sont des lames, elles ne font que blesser, rabaisser. Et le père de Muette n'est d'aucun réconfort, bloc de silence qui rejette, et ne se fissure que pour émettre des colères homériques.

"Tu nous casses les oreilles."

Ça suffit, Muette s'en va.

"Tu vas nous rendre fous."

Loin du grouillement de la ville et de l'humanité, Muette fugue calmement, comme une mer d'huile au dessus d'une tempête sous-marine. Refugiée dans une grange proche de la maison parentale, elle s'absorbe dans le maelström de ses propres questions, une exaltation d'adolescente aux désirs grandissants, prisonnière de son retranchement, de cette digue érigée pour refouler la souffrance des lames de la mère et des silences du père, et de leur inlassable avilissement.

"Peau d'oignon, couche après couche, Muette atteindra-t-elle jamais son coeur muet ?"

Muette se rêve terrée, furtive et agile comme un animal, lapin ou chevreuil, sans pensées, sans cruauté, seulement habitée d'instincts.

Sur un fil, Eric Pessan rend avec justesse l'équilibre délicat de la volonté de fuite et du retranchement de Muette, de sa culpabilité et de ses désirs qui grandissent. Et lorsque Muette marche le long des voies de chemin de fer, une fenêtre s'ouvre sur un autre de ses romans, «Incident de personne», sur la voie du silence, du retranchement et de l'échappatoire.

Un récit sobre et impressionnant.
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Dans ce roman polyphonique on entendra la voix des parents, des phrases assassines imprimées en italiques et qui traverseront le récit comme des flèches, et celle de Muette qui se défendra comme elle peut dans un dialogue que l'on peut craindre perdu d'avance.
la suite sur http://abrideabattue.blogspot.fr/2013/08/muette-deric-pessan-chez-albin-michel.html
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Muette quitte la maison, la maison où elle se sent si mal , si mal-aimée,entre son père qui ne parle pas ou seulement en criant quand il est en colère et sa mère toujours affairée, toujours en mouvement qui la houspille toute la journée ....
Muette s'en va , certes pas bien loin mais elle part .
Qu'est-il donc arrivé à Muette pour qu'elle craque ?Les phrases assassines de sa mère "tu es folle ma fille" "tais- toi" "mais parles donc "" elle nous rendra fous"
"arrête de mentir"...;
L'hypersensibilité de Muette face aux misères du monde, des migrants, des réfugiés, lui donne l'envie de fuir ce monde indifférent et de se retrouver dans sa tanière une vieille grange désaffectée . Là elle est bien , en pleine nature , elle renaît à la vie lui semble t 'il elle apprend à être elle-même , à se détacher de la Muette digne fille de sa mère !
Eric Pessan signe là un superbe ouvrage , plein de retenue mais ô combien percutant .Son choix de raconter Muette par le truchement d'un narrateur donne à son écriture une fluidité de ton et nous fait ressentir le sentiment de liberté "conditionnelle" de cette adolescente en mal de vivre . Bien sûr nous ne saurons pas le motif profond de cette fugue ( 'c'est grave ce que tu racontes, si tu l'as inventé cela peut faire très mal p 94) mais nous l'accompagnerons longtemps elle et tant d'autres une fois ce livre refermé
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Muette fugue ; non pas pour aller retrouver un improbable amoureux, non pas pour parcourir le monde, mais pour se retrouver, loin d'un père qui ne parle, ne lui parle, jamais et d'une mère qui ne la regarde pas, tout en n'étant qu'à quelques kilomètres de chez elle, dans une grange abandonnée depuis longtemps. L'indifférence de la mère est insupportable dans l'épisode de la marche dans le sable si chaud qu'il brûlera la plante des pieds de Muette. Bien sûr, la mère accuse sa fille et la petite de 5 ans le pense vraiment « Et Muette se tait, elle croit sincèrement que tout est de sa faute, qu'elle s'est mal comportée, qu'elle a fichu en l'air la journée de sa mère et la sienne. ». Toujours à rabrouer Muette, fille non désirée, née alors que la mère est juste lycéenne ; « Je n'ai pas choisi, je n'en voulais pas de cette enfant » Ce bébé qui a « gâché » les rêves de la mère. Tout ce fiel retombe sur la petite fille qui écoute sans broncher ces phrases assassines.
Pourtant, il y a eu de l'amour entre elles lorsqu'elle était petite « Muette –petite et confiante- se blottit dans les bras tendus, au chaud….. Muette se relâche, se détend, jure à sa mère qu'elle l'aimera toujours et sa mère jure en retour qu'elle la protégera toute sa vie, »

Bien sûr, les gendarmes la retrouve et la ramène chez elle, mais sa fugue n'a rien changé « Elle va parler et Muette prie pour que cela ne soit ni un reproche ni une demande d'explication. En ce sens, elle est exaucée. Ma pauvre fille, dit la mère, tu es folle. »

Le monologue de Muette est entrecoupé des « gentilles phrases assassines» que certains ont eu la malchance d'écouter de la bouche d'un parent, d'un enseignant, d'un conjoint. Là, elles sortent de la bouche de ses parents et elles paraissent si justes : Arrête cette comédie. On t'aura prévenue, à croire que tu le fais exprès pour nous donner des soucis.
« Muette dépoussière ses pensées, elle y déniche des questions qu'elle n'a jamais formulées, des questions qui se sont heurtées aux regards fuyants et coléreux de son père, à l'empressement de sa mère, maman ? Plus tard maman s'il te plaît. Plus tard j'ai dit, ne traîne pas dans mes pattes.
Epargne-moi la honte. Moi, je t'ai tout donné, tu pourrais me respecter.
Elle n'a eu que ce qu'elle mérite….
Ce livre, presqu'un « hymne » à l'indifférence, fait peur. Toutes ces petites phrases alignées bout à bout ont détruit Muette plus sûrement que des coups.

Muette n'est qu'émotions devant le monde qu'elle découvre à travers les informations. Ces parents ne comprennent absolument pas. Les infos de la télévision ne sont, pour eux, qu'un bruit de fond qui ne désamorce pas leur indifférence, leur petite vie étriquée de ceux qui n'ont pas, qui ont peur de…. Vivre ??? . Si Muette ne parle pas, ce n'est pas par infirmité mais parce qu'elle se l'est imposé et pourtant : «Souvent, Muette parle. Les choses ne se réduisent pas à une grossière simplification, il ne faut pas croire. Manier les mots, Muette sait le faire ; ouvrir la bouche, arrondir les lèvres et tordre la langue pour articuler des phrases, elle y parvient si bien que beaucoup se leurrent et ne voient pas qu'au fond d'elle, elle est Muette

Ce livre est dur. Les monologues de Muette sont ponctués par les phrases quotidiennement et banalement assassines de sa mère et ses petites phrases font mal, très, très, mal. Oui, vraiment c'est ce que je retiens de ce livre.

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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L'une de mes belles surprises de cette fin août : l'art de la fugue à hauteur d'enfant.

Publié fin août 2013, le septième roman d'Eric Pessan réussit une bien étonnante prouesse, en s'installant pour quelques jours, avec crédibilité, grâce et poésie, dans la tête d'une adolescente mal-aimée fuguant en campagne.

D'un sujet qui ne m'aurait sans doute guère "naturellement" attiré, l'auteur, heureusement déjà intriguant et émouvant dans la mystérieuse balade en forêt, forgée au contact étroit des photographies du plasticien Mikaël Lafontan, qu'était "N", paru en 2012 aux Inaperçus, a su tirer une rare et magnifique incursion à hauteur d'enfant, alliant ainsi au coeur de son récit l'extraordinaire sens pratique, l'inventivité, la subtilité qui peut caractériser cette prime jeunesse, associée à un tout aussi stupéfiant aveuglement ou oubli de réalités.

Faire naître une poésie authentique et captivante de prémisses aussi inattendues, marier étroitement psychisme torturé, évidente simplicité de la vie et échappées bucoliques péri-urbaines : une belle réussite, et une lecture étonnamment nécessaire.
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http://salon-litteraire.com/fr/albin-michel/review/1846184-l-incarnation-de-l-adolescence-muette-d-eric-pessan
Lien : http://salon-litteraire.com/..
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Muette s'en va de chez elle, elle fugue mais pas très loin, juste à une heure à pied, une vieille grange dans laquelle elle se réfugie souvent. Ben oui, elle est souvent seule à la maison.

Dans l'écriture un caractère italique nous poursuit durant tout le roman, des petites phrases, des remarques continuelles, des reproches, des expressions qu'elle entend régulièrement (en vrai ou dans sa tête)
Un joli fil rouge qui nous guidera tout le récit.

Cela commence comme un film, un cinéma qu'elle se fait, mais rien n'arrive jamais comme dans son imaginaire. Elle fugue mais là où on ne la cherchera pas car c'est trop près de chez elle...

Elle ne parle pas, à l'école on lui demande d'améliorer son oral ???

Le silence, les non-dits...

c'est en fait l'histoire d'une souffrance dont les clés sont livrées petit à petit dans le récit. Ce mal être, cette incommunication, ses reproches, pourquoi??

Joliment construit on la comprend petit à petit.

J'ai beaucoup aimé ce parallèle avec la nature, les animaux. Une belle histoire pour exprimer le silence de la Muette, les sources de ce mal être, cette envie de fuite et de trouver enfin sa place.

Une très belle découverte qui se lit à un rythme rapide même si on reste un peu sur sa fin.

Cette découverte était dans le cadre de la rentrée littéraire 2013 et du prix du roman Fnac.

9/10

Lien : http://nathavh49.blogspot.be..
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