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Citations sur Ce qu'il faut de nuit (172)

C'était fini le temps où on bâclait la vaisselle en trois coups les gros, l'un sur l'autre, en n'arrêtant pas de se gêner, de se toucher, de se bousculer gentiment. Désormais nos mouvements étaient empesés, pleins de précautions : il fallait laisser une bonne marge, si possible laisser l'autre dégager les lieux avant d'y entrer. Comme si on portait un scaphandre d'une tonne et qu'on marchait dans une putain de zone radioactive.
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Le Bernard avait simplement continué : « Te bile pas, c’est des conneries de jeunes. Faudrait juste pas qu’il tombe mal. Tu les connais chez nous, il y en a des teigneux qui n’hésiteraient pas à cogner, même sur ton fils. » Et en me donnant une grosse bourrade : « Si c’est pas malheureux de retourner comme ça la tête des gosses », qu’il avait conclu. Fus avait vingt-deux ans, ce n’était plus un gosse. Que fabriquait-il avec ces fachos ?
Quand je lui avais demandé le soir, il n’en savait rien. Il accompagnait juste des potes, c’était la première fois qu’ils allaient coller, il voulait voir ce que ça faisait. J’avais eu beau penser à cette soirée, ruminer ce que j’allais faire, le gifler, aller à la bagarre avec lui, il n’y eut finalement rien. Rien du tout. Rien de ce que j’avais pu imaginer. Je n’étais plus d’attaque pour me le coltiner. Ce soir-là je m’étais senti infiniment lâche. Très vieux aussi.
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Est-ce qu'on est toujours responsable de ce qui nous arrive ? Je ne me posais pas la question pour lui, mais pour moi. Je ne pensais pas mériter tout ça, mais peut-être que c'était une vue de l'esprit, peut-être que je méritais bel et bien tout ce qui m'arrivait et que je n'avais pas fait ce qu'il fallait.
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«  Août , c’est le meilleur mois dans notre coin. La saison des mirabelles.La lumière vers les cinq heures de l’après- midi est la plus belle qu’on peut voir toute l’année
.Dorée, puissante , sucrée et pourtant pleine de fraîcheur . Déjà pénétrée de l’automne , traversée de zestes de vert et de bleu . Cette lumière c’est nous. Elle est belle mais elle ne s’attarde pas, elle annonce déjà la suite » ......
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Août, c'est le meilleur mois dans notre coin. La saison des mirabelles. La lumière vers les cinq heures de l'après-midi est la plus belle qu'on peut voir toute l'année. Dorée, puissante, sucrée et pourtant pleine de fraîcheur. Déjà pénétrée de l'automne, traversée de zestes de vert et de bleu. Cette lumière, c'est nous. Elle contient en elle le moins bien, les jours qui vont rapidement se refroidir.
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Voilà comment on justifiait en moins de dix minutes de traîner avec l'extrême droite. Comment on se résignait à ce que son fils soit de l'autre côté. Pas chez Macron, mais chez les pires salauds. Les potes des négationnistes, des ordures.
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C'est beau un chardon quand on regarde bien. C'est plein de surprises, jamais fait de la même façon, un corps ingrat, mais une fine gueule.
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Puis il m'avait baragouiné un truc comme quoi le FN n'avait pas forcément tort sur tout. Mais pas aussi nettement que ça. En s'empatouillant dans des phrases compliquées où il disait "attention je ne dis pas que ...", mêlées d'autres "ne va pas croire que". Je n'avais pas voulu trop creuser, je ne savais pas si c'était pour me mettre à l'aise vis-à-vis de mon fils ou s'il pensait sincèrement que ces abrutis portaient un fond de vérité. Ce n'était pas la soirée pour se prendre la tête, et puis de toute façon la nuit était tombée assez vite, on était passés à autre chose, comme elle nous y invitait.
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Mais je crois qu’elle énervait les médecins, pas assez motivée, pas assez de gueule en tout cas. Ils attendaient qu’elle se rebiffe, qu’elle dise comme les autres, qu’elle allait lui pourrir la vie à ce cancer, le rentrer dans l’œuf. Mais elle ne le disait pas. Un truc de film, un truc pour les autres. Comme les dernières recommandations. Trop pour elle. C’était pas la vraie vie, pas comme ça que sa vie était faite en tout cas. Alors, personne à son enterrement ne m’avait parlé de son courage. 
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Fus avait continué à parler doucement : "Crois-moi, les mecs sont aux côtés des ouvriers, il y a vingt ans vous auriez été ensemble. Ils s'en fichent pas mal de ce qui se dit à Paris, eux. C'est notre coin qui les intéresse, ils n'ont pas envie de le laisser crever. Ils se bougent. Ils en ont marre des conneries de l'Europe. Ils reçoivent de la tune de Paris qu'ils redistribuent dans le coin.
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