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4,15

sur 2076 notes
Ce premier roman a la limpidité magnifique que peut conférer un dispositif romanesque placé sous le signe d'une histoire d'amour entre un père et ses fils qu'il élève seul depuis le décès de la mère, raconté par le père placé en narrateur avec comme enjeux quasi bibliques le bien et le mal, la transmission et le pardon.

Le récit s'installe progressivement, en toute fluidité, creusant un sillon sensible, fait de petits riens, pour raconter dix ans de plusieurs vies d'une même famille. le père est technicien à la SNCF, encartée à gauche. le fils aîné s'engage sous une autre bannière et se rapproche des milieux de l'ultra-droite fascisante. le père et le fils ne se comprennent plus mais continuent de s'aimer, jusqu'au crash qu'on sent arriver, de façon inéluctable.

Une des grandes force du roman est de ne jamais donner de leçon, de ne jamais montrer du doigt, juste en présentant cette déshérence politique qui fait glisser de la gauche vers l'extrême-droite. Ce sujet très délicat requérait une délicatesse folle. Laurent Petitmangin l'a et la qualité de son écriture, sobre et nette, maintient cet équilibre.

Peut-on pardonner à son enfant lorsqu'il s'éloigne des valeurs qu'on lui a transmises, lorsqu'il commet un acte terrible ? L'auteur n'apporte pas des réponses toutes faites, il ne surexplique pas pour mieux nous plonger dans la tête de ce père plein d'amour et de honte. On peut perdre le contrôle de sa vie en croyant jusqu'à présent s'être efforcé d'avoir tout fait au mieux. On peut tout perdre aussi lorsqu'on ne parvient pas à pardonner et que cette impossibilité se transforme en écharde dans votre vie. Tout est juste dans Ce qu'il faut de nuit, tout est nuancé et humblement dit.

Durant tout le roman, le lecteur est sur une crête, prêt à chavirer avec les personnages, plein d'espoir aussi, malgré tout. Les dernières pages sont bouleversantes. La lettre du fils aîné à son père vous remue les tripes au plus profond. Les émotions explosent sans pathos. le fils aîné est un des ses personnages riches et emplis de contradictions que je n'oublierai pas.

Une entrée en littérature remarquable avec ce roman ultra sensible et pur aux accents sociaux qui résonnent avec notre époque.
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Laurent Petitmangin, pour son premier roman, m'a fait partager la vie d'une famille modeste, en Lorraine. Avec Ce qu'il faut de nuit, pas de grandes envolées, pas de luxe ostentatoire ni d'esbroufe. C'est le quotidien de beaucoup de gens, ceux dont on ne parle jamais.
Le père travaille à la SNCF, sur les caténaires, travail difficile et dangereux en haut des pylônes supportant les câbles électriques. Avec Fus, son fils aîné, surnommé ainsi pour sa passion du football, Fußbal en allemand, ils partagent une même passion. D'ailleurs, le narrateur ne manque jamais un match de son fils aîné ainsi que ceux du FC Metz, leur club favori.
Avec la moman, ils ont un autre garçon, Gillou, un an de moins que Fus dont le vrai prénom est Frédéric, on l'apprendra plus tard. Hélas, dans cette famille unie qui milite à la section locale du Parti socialiste, la maladie, le cancer, frappe la moman, emportée à quarante-quatre ans.
Fus grandit et se met à fréquenter une bande qui semble l'influencer négativement, l'entraînant sur les plates-bandes de l'extrême-droite. Pourtant, à la maison, Fus reste un fils parfait, s'entendant bien avec Gillou qui réussit dans ses études.
Dans ce roman qui distille quelques mots ou expressions du terroir comme « nous fermer la schness », la vie suit son cours mais les événements se précipitent et basculent dans le drame. Règlements de compte entre militants du FN et antifas, procès, prison, rien n'est épargné à ce père vite dépassé par les événements.
Je n'en dis pas plus pour ne rien divulgâcher mais Laurent Petitmangin n'est pas dans le polar, plutôt dans le registre intimiste des sentiments, des émotions et des choix de vie.
Ce court roman est une très émouvante tranche de vie écrite simplement mais de façon percutante. L'auteur fait bien prendre conscience des dangers, des fractures qui peuvent traverser une famille unie. D'ailleurs, la lettre finale est d'une force incroyable, un moment impressionnant de lucidité et d'amour.
Ce qu'il faut de nuit est en lice pour le Prix des Lecteurs des 2 Rives 2021.

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Dans son premier roman Ce qu'il faut de nuit, Laurent Petitmangin, dans un style simple mais percutant, montre comment un jeune, dont le destin semblait tracé peut dévier de sa trajectoire et sa vie basculer sans que rien ne le laisse prévoir.
En Lorraine, un père élève seul ses deux garçons, la « moman » est morte après trois ans de maladie, de chimio et d'hospitalisation, à l'âge de 44 ans. Fus, appelé ainsi depuis ses trois ans, car passionné de fuβball est l'aîné, Gillou, lui n'a que dix ans. Quant au père, il travaille à la SNCF et se rend toujours à la section où il constate tout de même qu'il vient de moins en moins de monde.
Difficile d'élever seul ses deux enfants, mais il reste optimiste : « La vie ne m'avait pas fait trop de cadeaux, mais j'avais deux gaillards qui s'aimaient bien. Quoi qu'il arrive, l'un serait toujours là pour l'autre. »
Mais voilà que Fus en grandissant va se retrouver à soutenir des idées que son père ne peut admettre et la relation entre les trois hommes va s'en retrouver totalement modifiée.
Avec une très grande sensibilité beaucoup de finesse et de talent, Laurent Petitmangin décrit à merveille comment des destinées d'hommes se construisent et comment des accidents de la vie, des croisements, des rendez-vous manqués, des incompréhensions, des silences, des non-dits, le hasard aussi, souvent, façonnent les individus et les embarquent sur des chemins sur lesquels ils n'auraient jamais dû se retrouver.
Il brosse des portraits justes et émouvants, parfois durs, des trois protagonistes sans oublier de décrire le cadre qui les entoure et de fait, en partie responsable de leurs engagements. La relation entre ce père et ses deux fils et celle entre les deux frères relèvent d'une très grande psychologie.
J'ai beaucoup apprécié cette écriture simple, très juste et par là même très convaincante.
L'auteur aurait pu facilement être très caricatural. Au contraire, il nous appelle à plus d'écoute, plus de tolérance, sachant que nos vies, malgré leur incroyable linéarité de façade peuvent rapidement bifurquer.
Quant à la chute, même si elle pouvait s'avérer prévisible, elle m'a beaucoup touchée et émue aux larmes par sa forme.

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Sur le ton de la confidence, comme on s'épancherait sur l'épaule d'un vieil ami, devant un verre ou à la lueur d'un feu de cheminée, le narrateur nous conte son histoire, qui commence par le drame vécu après des mois d'allers et retours à l'hôpital, lorsque la maman s'en est allée. le laissant seul avec deux bons petits gamins, Fus, le champion de foot et son petit frère. Il a fait ce qu'il a pu, organisant ses journées entre le boulot, l'école, la maison et le foot. Et pourtant il n'a rien vu venir, avant que Fus n'arbore à son cou un bandana orné d'un symbole funeste, un symbole inacceptable pour ce père qui croit de moins en moins mais encore quand même sur le fond, aux valeurs de la gauche. le fossé se creuse entre lui et le fils passé à l'ennemi, jusqu'au drame.



C'est un récit bouleversant. La détresse de ce père qui assiste peu à peu à ce qu'il n'imaginait même pas un instant pour son gamin. La drogue, l'alcool, pourquoi pas, mais ça, c'est ce qui pouvait arriver de plus abominable. Et pourtant, l'amour qu'il éprouve pour lui est au-delà de cet affront. Prêt à le soutenir jusqu'au bout.
L'écriture rend parfaitement le ressenti de ce père brisé, bafoué dans ses valeurs, écartelé entre son amour et ses convictions et malgré tout aimant.

Lu en quelques heures sans pause, ni répit. Coup de coeur de cette rentrée.

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Ils ne sont plus que trois désormais à affronter un quotidien pas toujours rose dans ce village de Lorraine un peu paumé. le papa a supporté et aidé, autant que faire se peut, la maladie de la moman, Fus, en aîné, toujours à ses côtés. Mais aujourd'hui, elle n'est plus là. Il doit seul assumer la maison, l'éducation, les loisirs, en plus de son travail à la SNCF qui l'épuise et, de loin en loin, sa présence à la session et les tracts qu'il dépose. Il a fait comme il a pu, avec ses moyens mais surtout avec tout l'amour qu'il porte à ses deux garçons, Fus et Gillou. Avec l'âge, l'aîné a changé, devient plus taciturne, s'éloigne de son frère et se fait de nouveaux amis dont la tête ne revient pas trop au papa. Ce dernier, d'ailleurs, commence à s'inquiéter lorsque ce soir-là, Fus porte un bandana et une croix celtique...

Que de sensibilité et que d'amour dans ce court (et premier !) roman de Laurent Petitmangin. Il décrit, tout en pudeur, la relation d'un père et de ses deux fils qu'il a élevés longtemps seul. Mais malgré toutes les attentions, les lits bordés, les bobos soignés, les matchs de foot, les valeurs d'égalité transmises, l'on ne peut pas empêcher un écart. Comment ne pas se sentir alors responsable, voire coupable ? Où a-t-il failli ce bon père pour que son aîné prenne un chemin de traverse ? L'auteur interroge non seulement sur la responsabilité des parents, sur la transmission des valeurs mais il dépeint, également, avec une finesse et une délicatesse incommensurables, la relation qui unit ce père ébranlé et ses deux fils.
Un roman bouleversant, délicat et cruellement beau...
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Depuis le décès de son épouse, le narrateur élève seul ses deux fils dans cette petite ville de Lorraine. Cheminot à la SNCF et encarté à gauche, il voit avec la plus grande incompréhension son aîné se rapprocher des milieux fascisants d'extrême-droite. le jeune homme est bientôt happé dans une spirale d'événements qui débouchent sur le drame, incommensurable et irréparable.


Comment en arrive-t-on à l'impensable et au désastre dans des vies a priori calmes et sans histoire ? Qu'est-ce qui dérape un jour pour nous faire perdre le contrôle de notre existence, la transformant en inextricable enfer ? Rien n'aurait pu laisser prévoir la catastrophe dans ce foyer tranquille et a priori harmonieux, même si fragilisé par la maladie puis la disparition maternelles. En tout cas, le père n'a rien vu venir et n'a su qu'assister, impuissant, aux choix de son fils devenu jeune adulte, échappant à sa logique, à ses valeurs, à sa compréhension. Insidieuses, les failles ont grandi, entraînant toute la famille dans une lente glissade vers le gouffre, montrant à quel point la frontière entre le bien et le mal peut s‘avérer fragile, chacun semblant susceptible, selon les circonstances, de basculer d'un côté ou de l'autre.


Sans jamais juger ni expliquer, le récit laisse entrevoir les mille petits riens qui peuvent insensiblement conduire un être au sentiment de déshérence et l'exposer à toutes les dérives, à la merci de convictions extrémistes ouvrant la porte à la violence et à la destruction. L'entourage reste impuissant, écartelé entre amour, honte et culpabilité. Quel plus terrible sentiment d'échec pour un père que celui, malgré tous ses efforts, de n'avoir su donner un équilibre à son fils et de le voir commettre l'acte effroyable que tout son être réprouve ? Quel plus grand déchirement que de continuer à aimer sans parvenir à pardonner ?


Juste, sensible et subtil, ce premier roman au style sobre réussit à suggérer sans jamais démontrer, dessinant des personnages d'une inoubliable et fragile humanité, dans tous leurs doutes et leurs contradictions. Tandis que, d'une crédibilité parfaite, il entre en complète résonance avec notre actualité politique et sociale, il achève de bouleverser le lecteur par son implacable dénouement. Ce livre, totalement réussi sur un sujet difficile, vous va droit au coeur et à l'âme.

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Décidément les jours sont sombres dans l'est et les nuits noires. Ce premier roman du lorrain Laurent Petitmangin s'inscrit dans la même veine que ceux du vosgien Pierre Pelot en nous plongeant dans une famille de cheminots sans aucune espérance. La mère est morte. le père est « rouge » depuis toujours. L'ainé rejoint un groupe de colleurs d'affiches du Rassemblement National. le cadet monte à Paris rêver à Sciences Po. Les colleurs d'affiche croisent une équipe adverse et l'un des protagonistes est blessé ; un autre tué ; deux familles détruites à tout jamais.

Un fait divers, résumé en quelques lignes dans la presse quotidienne régionale.

Mais cette rixe est écrit dans une langue populaire, alternant entre l'empathie et la brutalité, et donne le ressenti paternel. Confession cruelle, franche, sincère, d'un homme qui ne regrette rien et qui subit son existence sans essayer de sortir de sa condition.

Son drame pourrait être celui de chacun d'entre nous, car tous nous pouvons trouver sur notre route le grain de sable qui grippe notre avancée, provoque un déraillement, et condamne inexorablement.

Roman fataliste, assurément triste, qui prête à réflexion et révèle un écrivain doté d'un sens d'observation aigu et d'une plume talentueuse.
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Les bons parents, ça existe ?
Les très mauvais, oui... Et encore, tout est question de circonstances, et il n'y a pas d'absolu, puisque certains sont aimants avec une partie de leur progéniture et maltraitants avec un mouton noir, un vilain petit canard, ainsi désigné on ne sait pourquoi (cf. 'La maladroite' de Alexandre Seurat).
Et puis aimer ne suffit pas, d'façon, on nous l'a assez répété (cf. Winnicott et la 'mère suffisamment bonne').

Le père de cette histoire me semble exemplaire.
Après le décès de son épouse, il élève seul leurs deux fils, adolescents. Il bosse à la Sncf, milite paisiblement au PS, dans une Lorraine sinistrée par le chômage. Il est cool avec ses 'petits' - évidemment affaibli par le deuil, pas toujours présent à cause du boulot, mais vraiment un chouette papa.
L'aîné, adorable gosse, l'a beaucoup aidé durant la maladie de 'la moman' et ses longs mois à l'hôpital. le cadet était préservé, lui, tenu à l'écart du chemin de croix enduré par un malade condamné et ses proches. Une situation classique, un rôle pas forcément enviable...
Après-coup, quand un des deux garçons commence à changer, le père est persuadé d'avoir merdé quelque part. Forcément. Qui d'autre serait responsable ?
Un autre chemin de croix commence, celui de l'hostilité entre un parent et son enfant jeune adulte.

Premier roman de cet auteur, qui écrit depuis une dizaine d'années.
Superbe livre ♥ comme les éditions de la Manufacture (re- ♥) savent en dénicher (Franck Bouysse, Séverine Chevalier...).
Court & intense. Et triste à pleurer tellement tout y sonne juste.
Ce papa, je l'ai aimé de bout en bout, et compris, je crois. D'autres personnages sont aussi formidables, chacun à sa façon.

Une histoire qui devrait parler aux parents - surtout à ceux qui traversent une zone de turbulences -, et à tous les adultes qui se souviennent de leurs erreurs de jeunesse et des difficultés de communication avec leurs 'vieux', à l'époque...

Pour une fois, la 4e de couv' est parfaite : elle suscite l'envie sans rien dévoiler. En revanche certains billets sur Babelio me semblent trop bavards. Dommage pour les futurs lecteurs.
Contrairement à d'autres babélionautes, je n'ai pas pensé lors de cette lecture à 'Leurs enfants après eux'. Pas eu le temps, je crois. Et ici, chaque mot pensé par ce père taiseux est compté, pesé, tandis que Nicolas Mathieu dilue.

• Merci au libraire des Fables d'Olonne pour cet excellent conseil.
>> http://www.lesfablesdolonne.fr

******* rentrée littéraire 2020 - 3e *******
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"Ce qu'il faut de nuit" ou ma pépite 2020.
La puissance de ce roman -réaliste à l'image d'un récit- ainsi que le style littéraire, la plume, m'ont résolument embarquée et bouleversée...
Questionnements, larmes et coeur à l'envers, et je ne sais pourquoi ces émotions me font penser à celles que je ressens à chaque écoute de "Son bleu" de Renaud. Ah si, rien à voir mais quand même... on retrouve un père, un fils, un immense amour non verbalisé, un monde taiseux, un univers ouvrier, une distanciation politique, une rupture, et le lien persistant au-delà de tout...
Et pour moi, comparer un texte à une chanson (et celle-ci en particulier !) de ce grand Monsieur qu'est Renaud, est un immense compliment !
Bravo et merci pour l'uppercut émotionnel Monsieur Petitmangin !


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Malgré toutes les critiques déjà déposées sur Babelio je n'en n'ai encore lu aucune ou alors très peu et uniquement les toutes premières car je voulais me laisser le privilège de découvrir vraiment ce roman qui me tentait terriblement depuis sa sortie. Voilà qui est fait, je vais pouvoir maintenant lire les commentaires des uns et des autres.
C'est un roman d'une très très grande sensibilité et il l'est d'autant plus que l'on n'est pas dans les épanchements de sentiments, tout est dans la retenue mais d'une grande force et d'une grande et rare authenticité.
Le père et les deux fils, Fus et Gilou vont se retrouver seuls après le décès de "la moman". J'ai aimé ces trois personnages, oui TOUS sans EXCEPTION. L'amour qu'ils éprouvent les uns pour les autres n'est pas surfait mais vrai et profond. Je ne veux rien dévoiler de l'histoire, je me contenterai donc de dire que la sincérité du père est touchante et percutante, que la complicité entre Gilou et Fus est émouvante et que l'amour de Fus pour son père et Gilou m'a émue aux larmes à divers moments.
La petite scène où Fus fait le clown près de la voiture lors du déménagement de son frère est juste magnifique. Chacun est dans le respect de la pensée de l'autre, c'est une scène d' une grande beauté.
J'ai en refermant ce livre une boule dans la gorge les larmes aux yeux par tant d'amour. Laurent Petitmangin, votre roman est une pure merveille merci pour votre sensibilité qui m'est allé droit au coeur.
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