Jules Pétrichor était il y a peu un illustre inconnu pour moi, tout comme les Editions du Panseur. Mais voilà que cet homme « like » comme moi une publication FB. Puis partage à ma suite d'autres articles (notamment « la libricyclette », notre libraire local à vélo). Puis me demande en « ami ». J'accepte puisqu'il semble être un amoureux des livres et des librairies. Je vois donc ses publications et j'apprends qu'il est auteur et qu'il promeut «
Minuit sur le monde ». Une fois, deux fois, trois fois… Quand ce n'est pas pour rendre gloire à la librairie qui le propose en tête de gondole, c'est pour faire la fête à edwood (son illustratrice). Une fois, deux fois, trois fois. Pari gagné, à force de voir la couverture du bouquin, je le commande (auprès de mon libraire à vélo, donc, forcément, David Blouët !). Là, finalement, l'essentiel n'est pas que le livre m'ait plu ou pas, c'est que le défi de la com, le pari de la vente est réussi. Eh ben moi, je dis, chapeau l'artiste !
Bon, le livre maintenant. La qualité du papier est super agréable, le format aussi, et les illustrations apportent un petit plus vraiment sympathique. J'ai aimé aussi la couverture accroche l'oeil, et beaucoup moins les fautes de frappe et d'orthographe (n'exagérons rien, il n'y en a que 5 ou 6, ce n'est pas non plus une catastrophe, mais c'est le genre de truc qui m'horripile 😉 La pire étant p. 345, « tu ne t'ai pas arrêté »). J'ai apprécié deux autres choses, la partie « quelques clefs pour ouvrir quelques portes » avec laquelle l'auteur explique certaines des choses qu'on trouve dans son bouquin. La deuxième, qui peut sembler superflue, ce sont les deux dernières pages qui donnent les détails de la fabrication du livre, avec des choses aussi infimes et pourtant ô combien importantes que les mensurations de la feuille 😉
Le roman en lui-même : autant être honnête, je n'ai pas accroché. Et je crois qu'il n'y a à cela qu'une seule et simple raison : le décor est incomplet. Bien sûr que cette nuit sans fin est métaphore, bien sûr que ce minuit pile est l'écorce qu'il va falloir ouvrir pour que les vieilles luttes (de classe, de pouvoir, de religion, etc) ressurgissent et bousculent l'ordre établi. L'auteur étale ses connaissances et ses savoirs (beaucoup de citations de livres, par ailleurs intéressants ; un presque cours sur la naissance de l'alphabet, …) et en même temps, on ne comprend pas une chose élémentaire, comment se nourrissent nos personnages. Ils se déplacent (jamais aucune mention n'est faite des éclairages, des palliatifs mis en place par le gouvernement ou citoyens pour contrer la nuit éternelle), ils boivent, ils mangent (mais je ne sais pas comment pousse un légume sans soleil, ni comment une vache se nourrit), mais jamais il n'est fait mention de leur quotidien « terre à terre » si j'ose dire. Ca peut paraître étrange mais ça m'a vraiment manqué pour me représenter ce monde minuit-pile.
Quant au parcours du jeune Lui, fait de voyages et de révoltes, d'humanité surtout, et bien sûr d'amour puisqu'il était dit qu'il faudrait une Elle pour accompagner Lui, il est très… rhétorique, et poétique aussi, politique, et messianique à la fois.
Ce que j'ai préféré, c'étaient les récits offerts, histoires à l'intérieur de l'histoire, la dame qui vole ou la fiancée de Kafka, ces récits en miroir sont superbement écrits. Oui, car même si je n'ai pas franchement accroché, c'est plutôt bien écrit, avec un style très particulier, mais un sens du dialogue qui me plait beaucoup. On ne se perd pas en faux-semblant, droit au but ! C'est donc très original, mais la fin est un peu… convenue disons. Ca n'aurait pas pu se finir autrement 😉
27 octobre 2021 : Je viens de relire
Minuit sur le monde. En vérité, je l'ai relu à la recherche du conte des lucioles qui aura peut-être bien un avenir prochain ;-) et puis je l'ai relu aussi pour voir à la deuxième lecture si mon avis est le même ou s'il a évolué (oui, ça parait bizarre, mais ça m'arrive régulièrement). Or je m'aperçois que ce que j'avais reproché lors de ma première critique, le fait qu'il ne soit pas fait mention des procédés d'éclairage dans ce nouveau monde, est parfaitement faux. A plusieurs reprises, l'auteur parle des soleils artificiels !!! La poésie dans le texte m'a touchée plus que la première fois (le fait que certaines phrases soient répétées comme des refrains, donnant ainsi au texte une douceur et une sensibilité particulières) et pour le reste je reste sur ma première impression : le style est vraiment chouette, le sens des dialogues direct et efficace, l'histoire d'amour n'est pas convenue ni évidente, la nécessité de la lutte m'est apparue cette fois plus clairement (dans ce qu'elle a d'humain, d'universel et de partages et d'échanges). Je n'ai toujours pas lu "L'homme qui n'aimait plus les chats" mais à la première référence du livre, p.262, j'ai très fortement pensé à "
Matin brun", de
Franck Pavloff ;-)
Je suis bien contente d'avoir fait cette deuxième lecture ! C'était loin d'être inutile ! ;-)