Le quidam a plus de salive. Il déglutit du verre pilé. Et le sang revient progressivement au cerveau. Il débande lentement à mesure que Roy s'approche de lui. Quand la bite prend les commandes, l'homme la suivrait au bout du monde, mais quand elle a fini son ego-trip, l'homme recouvre ses esprits et se dit « Merde, mais qu'est-ce-que fous là ? » Et c'est exactement ce que se dit le quidam au moment où Roy se pose face à lui.
Roy, lui, il a cet avantage, il se rêve pas en prince charmant. Et ceux qui lui parlent de sa personnalité pas bien façonnée, il leur explique son parcours d'évolution psychologique à coups de poings dans la gueule et, en général, l'explication fait son chemin. Souvent vers l'hôpital. Mais au moins, ils vont quelque part. C'est toujours mieux que de stagner sur une idée reçue.
Tres beau roman plein de tendresse.
Mais l'injustice, c'est pas un ennemi physique, c'est qu'un putain de concept, une saloperie de cancer qui te ronge de l'intérieur. Comme celui d'Iris. Alors Roy avait beau vouloir se battre contre l'ennemi, il pouvait pas.
Roy relève la tête et aperçoit Guillemette. Elle a repris ses esprits. Recroquevillée dans l'ombre. Immobile. Elle fixe Roy.
Dire que la nuit avait si bien commencée.
Il prend l'escalier et grimpe les marches une à une. Il prend son temps. Parce qu'il angoisse. Et parce qu'il savoure. Il a bien aimé la voix de Guillemette.
"Et Lou respirait doucement. Un murmure d'ange brisé. Un reste d'air cherchait à trouver son chemin vers ses petits poumons traumatisés. Et Roy écoutait. Chacune de ses respirations. Il les a écoutées. Trois jours durant. Chacune d'elles. Sans jamais fermer les yeux. Sans jamais s'endormir. S'accrochant à chaque respiration, comme à un souffle d'espoir.
Une respiration...un souffle d'espoir.
Une respiration...un souffle d'espoir.
Une...
Roy l'a attendue, la respiration suivante. Il l'a attendue longtemps. Celle qui doit suivre la précédente...
Quand on ne sait pas encore que la précédente, c'est la dernière.
Et le reste d'étincelle s'est éteint.
La lumière a disparu, avalée par l'ombre dans l'escalier.
L'ombre..."
Aujourd'hui, t'as du virtuel qui te guide tellement que tu te perds un peu plus tous les jours. Et comme t'as le choix de refaire, d'hésiter, de pas choisir, ben tu choisis rien.
A notre époque, tout le monde se plaint. Quoi, la crise ? Quoi, la peur de l'engagement ? C'est des enfantillages tout ça. Cinq ans avec les nazis devant chez toi, et t'apprends à pas hésiter. Quand t'en sors, tu vis...
Rassasiée, Guillemette observe la route défiler et se dit que non, rien les arrêtera jamais. Ni les flics, ni la mort. Se sentir invulnérable, c'est déjà le devenir.