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3,39

sur 52 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Lorsqu'on découvre les premiers chapitres de Tous les vivants, l'ambiance a de quoi étonner. Car le sous-titre comprend le terme de crime et même si l'on sait qu'il est naïf de prendre pour argent comptant la description des quatrièmes de couverture, on a quand même bien saisi au passage une étiquette sans équivoque décrivant l'un des personnages comme un serial killer.
Pourtant, c'est en compagnie d'une famille chaleureuse qu'on se retrouve, certes mise à mal par la dépression de 1929 et la disparition du chef de famille, mais l'amour est présent, les projets font partie de l'avenir, et les enfants sont un gage d'espoir. Asta, la jeune veuve est bien entourée par un chevalier servant qui est prêt à l'épouser. Et on ne se méfie pas à ce stade des démarches qu'elle entreprend pour sauver sa famille du marasme économique : elle a eu recours à une petite annonce qui débouche sur des perspectives tout à fait favorables en vue d'une juste noce.
 
C'est alors que peu à peu le doute s'installe, pour faire place à l'effroi lorsque la famille se fait piéger. L'homme qui devait améliorer leur quotidien est un prédateur, c'est leur perte qui se dessine à l'horizon.

Et le roman redémarre : le personnage central change. C'est une jeune journaliste d'investigation qui prend le relais et va mener l'enquête sur la disparition de la famille Eicher. Elle est belle, intelligente, et indépendante, ce qui la démarque de ses contemporaines (doit-on souligner le le principe d'égalité sans discrimination de sexe n'apparaîtra dans la Charte des Nations-unies qu'en 1945?). Que s'est-il passé : comment la famille a pu se bercer de tant d'illusions, comment de tels méfaits sont possibles, et qu'est ce qui a pu conduire un homme à commettre de telles atrocités? Si la jeune femme fait preuve d'un professionnalisme exemplaire, ce qui au passage est pour le lecteur une belle exploration de ce milieu du journalisme, avec les implications éthiques et les méthodes de l'époque ( pas d'ADN ou de localisation de téléphone cellulaire : il faut se contenter de graphologie ou de reconnaissance canine).
 
L'écriture est très élégante, classique quelquefois un peu alambiquée (effet de la traduction?). On regrette quelques longueurs : des descriptions un peu artificielles, l'évolution de la romance de la journaliste qui ne fait pas avancer l'intrigue, un procès qui traîne sur les échanges, alors que l'on en connaît l'issue…
 
Cela reste malgré tout un roman très intéressant, qui propose un portrait captivant des Etats-Unis au début du XXème siècle, à travers un fait divers authentique et une galerie de personnages bien campés.
Je ne comprends pas bien le titre français, celui de l'édition originale est tout simplement Quiet Dell, le nom de l'endroit où le meurtrier a tué ses victimes.
Merci à Glose, qui m'a fait découvrir ce roman, et qui a publié la critique originale.
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Le crime de Quiet Dell est un fait divers américain des années 30 qui se termina par la pendaison de l'accusé, Don Juan des annonces matrimoniales, tueur de femmes seules qu'il escroquait et torturait. le titre français « Tous les vivants » est une citation extraite de la première page du livre et met l'accent sur la volonté de l'auteur de traiter moins du crime que des victimes ou plus exactement de celles qui n'étaient pas destinées à l'être, à parler de leur vie, de leurs peines et de leurs espoirs, et à faire disparaître l'assassin dans l'insignifiance. de lui, on ignorera presque tout, et il ne sera pas un héros - d'aucune histoire.
Ce choix de Jayne Anne Philips m'a beaucoup touchée. Je me suis souvenue d'articles et de commentaires demandant pourquoi c'étaient les photos des assassins qui s'étalaient dans les journaux et non celles des femmes et des hommes morts pendant les attentats de Paris.
Le serial killer de Quiet Dell est également à l'origine de « La Nuit du chasseur » et sans doute le livre de Philips rend-il aussi hommage à ce sublime film. Comme Charles Laughton, la romancière imagine un conte noir où la poésie enserre le mal pour lui faire rendre gorge. La lumineuse Lilian Gish sauvait les enfants de la mort et de la solitude. Les victimes de Quiet Dell ne peuvent connaître le même heureux destin ni être ressuscitées, du moins sont-elles vengées par la rage du bien que déploie Philips. Si elle s'appuie sur une enquête rigoureuse dont fait foi la série de photographies d'époque qu'elle dévoile aux lecteurs, elle n'hésite pas à proposer une histoire parallèle, enhardie par les clins d'oeil envoyés par la réalité. Un shérif nommé Grimm, une petite fille qui écrit des pièces de Noël, un assassin qui se prénomme Harm, « nuire », un chien qui répond au nom de « Duty », un avocat qui est maître Law, en voilà assez pour que Philips se sente le droit de répondre par la fiction aux indices semés par l'histoire vraie. Il y aura donc dans son presque roman une femme seule qui trouvera l'amour et non la mort dans les bras d'un homme marié, un homosexuel capable de mener sa vie sans honte ni opprobre, un enfant battu qui trouvera une famille, au lieu d'un parâtre pervers, et des fantômes évanescents qui connaîtront dans l'autre monde le bonheur qu'on leur a dénié dans celui-ci.
C'est donc l'amour qui gagne et non le crime à Quiet Dell. Cela pourrait être niais. Mais c'est profondément émouvant
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Park Ridge, Illinois, 1931. Devenue veuve depuis peu, Asta Eicher âgée de quarante-cinq ans mère et de trois enfants se retrouve dans uns situation financièrement difficile. Malgré l'aide de sa belle-mère, l'argent manque. Et quand celle-ci décède à son tour, l'avenir apparait bien sombre. Locataire d'une chambre chez les Eicher, Charles O'Boyle demande sa main à Asta mais cette dernière refuse. Il ne sait pas qu'elle correspond avec un certain Cornelius O. Person qui lui a promis monts et merveilles. Par le biais d'une simple annonce passée dans un journal, pensant à ses enfants et à leur bien-être, elle a déclenché un compte à rebours fatal et sans issue.

Entièrement inspiré d'un faits réel, Asta Eicher et ses trois enfants seront les victimes de Person. L'affaire Harry Powers (c'était son véritable nom) a déclenché aux Etats-Unis colère et effroi. En inventant une jeune journaliste Emily Thornhill déterminée mais aussi sensible, Jayne Anne Phillips brode une autre histoire romancée autour de celle du serial killer avec des personnages dotés de cette valeur du bien, de la justice, de bonté et de tolérance.
A travers l'enquête d'Emily sur les traces de Powers (et de ses interrogations sur ses motivations), sa bienveillance envers ceux qui ont disparus est frappante comme si le sort des Eicher l'avait frappée personnellement. le sordide n'a pas sa place et jamais le lecteur ne se retrouve en position de voyeuriste.
On ne voit pas les pages défiler enrichies de photos et d'extraits de presse de l'époque mais qui donne également la parole à Annabel une des filles d'Asta qui veille sur les siens. Un récit où l'atmosphère et l'ambiance sont la plupart du temps comme feutré en décalage avec les meurtres commis par Harry Powers. le Bien comme pour amoindrir le Mal et au final un roman lumineux aussi paradoxal que cela puisse paraître car tout est très bien mené.

Il ne faut pas oublier la très belle écriture de l'auteure aux accents lyriques(à noter le très bon travail de de traduction). Une belle et étonnante découverte !
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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L'intérêt principal de ce livre est d'exhumer un fait divers Américain peu connu en France. Celui d'un des premiers serial-killer américain dans les années 30 en pleine dépression, dont les exactions ont eu un écho important outre-atlantique car il fut très médiatisé à travers tout le pays.

L'auteure, Jayne Anne Phillips, a effectué un travail de recherche exceptionnel pour restituer, de façon la plus juste possible, l'époque, les mentalités et toute l'horreur des crimes.
D'ailleurs, quelques photos des lieux et des protagonistes viennent illustrer le récit, nous faisant ainsi prendre conscience du caractère bien réel des faits.

L'écriture est subtile et distille lentement les informations que l'on devinent d'abord avant de les affronter.
De fait, le récit en devient parfois un peu long, mais je pense que c'est pour mieux immerger le lecteur dans une ambiance qui devient parfois morbide.
Comme pour honorer leur mémoire, Jayne Anne Phillips, effectue une véritable étude de caractère des personnages principaux, qui ainsi prennent chair sous nos yeux.
Elle met l'accent sur la notion de culpabilité de ceux qui auraient pu (ou dû) intervenir plus tôt avant l'inévitable carnage.

Donc, c'est un livre fort intéressant du point de vue historique.
Toutefois, j'ai trouvé que l'auteure a consacré une part bien trop importante à la vie des quelques personnages qu'elle a créé pour nous raconter cette histoire. Cette partie romancée de ces personnages fictifs, bien trop longue, est venue -à mes yeux- déprécier la qualité du livre. Certes, c'était sans doute une façon d'apporter une certaine humanité à cette terrible histoire, mais cela l'allonge inutilement et m'est apparu sans grand intérêt.

A lire, pour découvrir ce fait divers ainsi que les mentalités américaines de l'époque et constater qu'une fois de plus, les périodes de chaos (dépressions économiques ou conflits mondiaux) servent de couverture aux vecteurs du mal et de l'horreur, comme les 2 guerres ont servies Landru et Petiot, en France, par exemple.
N'oublions pas que le procès de 1931 n'a pas permis de déterminer combien de femmes (et d'enfants?) ont réellement été victimes de ce Harry Powers...
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Certains livres vous touchent, très personnellement... C'est le cas de celui-ci, "roman vrai" d'un fait divers des années 30, aux Etats-Unis, qui a également inspiré le film "La nuit du chasseur".

Le roman se divise en deux parties, assez différentes.

La première retrace les derniers mois de la famille Eicher, au travers des regards de la plus jeune des enfants, Annabel, fillette fantasque et imaginative, dont le regard transforme le monde en un univers poétique, d'Asta, la mère soucieuse, prise entre ses responsabilités envers ses enfants, le besoin de trouver un soutien (masculin, bien entendu) pour éviter la ruine de la famille et des rêves que saura manipuler le meurtrier, et enfin de Charles, l'ancien locataire homosexuel, devenu un ami de la famille et décidé à épouser Asta pour sauver une famille qu'il aime.

Cette partie est à mon sens un petit chef d'oeuvre, dans lequel l'auteur sait sans porter de jugements, ni se lancer dans des explications bavardes, expliquer les dilemmes et motivations des personnages. Les rêves déchus, les obligations sociales, les sentiments et les désirs sont évoqués clairement et avec pudeur.

La seconde partie du livre voit apparaitre un nouveau personnage, une jeune journaliste libérée, Emily Thornhill, qui "couvre" l'enquête et le procès, en menant une histoire d'amour, une belle amitié et adoptant un enfant des rues... Cette partie, bien que fort sympathique, est à mon sens moins réussie. le personnage d'Emily m'a paru beaucoup trop contemporain dans sa manière de penser et de s'exprimer. On la jurerait par moment nourrie à une psychanalyse qui n'existe pas encore. Et j'ai été parfois un peu surprise du peu de préjugés dont elle et son entourage font preuve.

Un livre à lire et sans doute relire.
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Inspiré d'un fait divers célèbre des années 30, ce roman revient sur le meurtre d'une veuve et de ses trois enfants, commis par un serial killer qui passait des annonces matrimoniales pour recruter ses victimes. L'occasion d'une enquête via une journaliste imaginaire, Emily, qui hérite de Duty, le chien de la famille, qui a échappé au massacre. Elle donne notamment la parole à Annabel, la plus jeune des trois enfants assassinés, en lui faisant jouer le rôle du fantôme qui veille sur tous les personnages. Reconstitution passionnante et minutieuse de cette tragédie, ce récit captivant m'a fait penser à un autre roman dans le même style, que j'avais beaucoup aimé, "L'affaire de Road Hill House" de Kate Summerscale
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Quand j'ai appris qu'un roman avait été écrit sur le fait divers qui avait inspiré "La nuit du Chasseur", un de mes films favoris, j'ai été très intéressée.
Ce roman n'est pas un roman policier classique mais une fiction réalisée à partir de faits réels : le meurtre d'une mère et de ses trois enfants par un escroc professionnel et assassin qui trouvait ses proies par le biais d'annonces matrimoniales.

Le début est étonnant. Les premiers chapitres retracent la vie de famille d'Asta Eicher et de ses enfants : leurs joies (fêter Noël ensemble), leurs peines (le décès de la grand-mère, la perte du père), leurs espoirs, leurs rêves...
On n'est pas du tout dans l'ambiance thriller mais plutôt celle d'une chronique familiale. C'est tendre, parfois poétique.
Puis, tout bascule avec l'arrivée de Cornélius Pierson.

L'auteure s'appuie sur des documents avérés mais aussi sur des personnages complètement inventés pour relater l'enquête sur la disparition et l'assassinat de la famille.
J'ai trouvé le mélange fiction et réel pertinent mais certains ajouts romanesques m'ont moins convaincue : la romance d'Emily, la journaliste, sa relation avec le petit Mason m'ont semblé peu nécessaires à l'économie du roman.
Cependant, ils permettent peut-être de souligner l'intention de l'auteure : écrire plutôt sur les vivants que sur les morts alors que le sujet est particulièrement macabre (cf. le titre de l'oeuvre).
C'est pourquoi l'accent est mis sur ce qu'étaient Asta et les siens et sur la vie que se construisent les protagonistes évoluant autour de l'enquête.
La touche fantastique (le fantôme d'Annabelle suivant la progression des événements) me paraît aller dans ce sens.
Ce qui en résulte, c'est que ce qui aurait pu être un récit sombre et angoissant devient un texte plutôt lumineux et optimiste, sans que le suspens, ni l'horreur des crimes en soient amoindris.

D'autre part, le roman de Jayne Anne Phillips est aussi un portrait de l'Amérique des années juste après la Crise économique, des mentalités et des moeurs rigides de cette époque, de la vie d'une famille bourgeoise, de celle de l'Amérique "profonde".
Par exemple, j'ai été étonnée de constater le succès des annonces matrimoniales et autres courriers du coeur, ainsi que la bonne volonté de la police envers les journalistes (ou est-ce juste envers Emily, séduisante et venant de la bonne société?).
De même, je ne me doutais pas que la justice spectacle soit déjà d'actualité (le procès de Pierson s'est déroulé sur la scène d'un opéra avec évidemment des spectateurs dans la salle).

J'ai aimé la plume de l'auteure, sa façon d'intercaler des citations entre les chapitres pour éclairer son récit, l'attention qu'elle porte à ses personnages et aux descriptions qui sont très évocatrices.

En résumé, un essai réussi de mélange de fiction et de faits réels.
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Ce livre ressemble beaucoup par sa construction à celui de Alice Sebold :" la nostalgie de l'ange" mais là s'arrête la comparaison puisque dans un cas c'est un premier roman et que dans l'autre les faits relatés sont réels; même si l'auteur a pris quelques libertés sur les pensées et perceptions des protagonistes.
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Ce roman s'inspire d'un fait réel qui s'est passé dans les années 30. Harry Powers approchait des femmes via des annonces matrimoniales leur faisant miroiter un avenir sérieux dans ses lettres pour les dépouiller et les assassiner sauvagement.

Jayne A. Phillips nous plonge d'abord dans le quotidien de la famille Eicher dont le sort va basculer entre les mains de ce serial killer. L'auteur prend le temps de camper cette famille des années 30. La mère un peu artiste, veuve après l'accident de son mari aux prises avec des difficultés économiques pense avoir trouvé la solution en se remariant. Elle tombera entre les griffes de Harry Powers qui l'assassinera ainsi que ses trois enfants. Dans la deuxième partie « Emily entre en scène » : Emily Thornhill jeune journaliste un peu féministe, très émue par le sort de toute cette famille nous relate les enquêtes, fait des investigations avec son ami et collaborateur le photographe Eric Lindstrom, rencontre l'amour…
C'est avec beaucoup de précisions que Jayne A. Phillips revient sur ce fait sordide qui avait bouleversé l'Amérique. Ce roman inclassable est une fresque de cette époque avec de nombreux rebondissements, du romantisme. Lecteur, nous oscillons entre réalité, imaginaire et fantastique, nous nous attachons aux personnages. Dans sa construction, son suspense, ce roman me fait penser aux « grands romans populaires » du début du 20ème siècle.

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Veuve et mère de trois enfants, Asta Eicher croit sauver les siens en épousant Cornelius O. Pierson. La famille entière est assassinée par ce prétendant providentiel, un serial Idller qui choisit ses victimes dans les agences matrimoniales. Journaliste assignée à l'affaire, Emily Thornhill plonge dans une histoire sordide. Depuis l'au-delà, la petite Annabel Eicher veille sur les vivants.
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