Depuis près de quarante ans, notre société présente un caractère assez étrange et qui, à certains égards, est nouveau. On n'y croit plus qu'à l'expérience. Les faits, voilà l'unique autorité qui reste debout. Que se passe-t-il derrière le rideau de représentations qui composent cet univers ? On a renoncé à le chercher, parce qu'on a perdu l'espoir de le découvrir. Aux yeux de la plupart de nos contemporains, le monde est un système de mouvements, rien de plus.
La liberté s'en est donc allée à vau-l'eau avec les preuves qui la fondaient ; et, cette croyance ruinée, il a fallu changer la notion de la personnalité elle-même. Si la liberté n'est qu'une hallucination intérieure, c'est qu'il n'y a pas de responsabilité, au vieux sens du mot : la personne humaine ne peut être qu'une sorte d'automate conscient. Et voilà déjà une transformation de quelque importance ; mais ce n'est pas la seule.