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EAN : 9782226139061
246 pages
Albin Michel (04/05/2005)
4.08/5   91 notes
Résumé :
Pour la plupart des contemporains, la solitude est ressentie de façon négative : on la confond avec l'isolement, le manque, l'abandon. Et la société veille à empêcher que l'être humain ne se retrouve seul, face à lui-même.

Or la solitude est loin d'être un enfermement, une pauvreté. C'est un état d'heureuse plénitude. Non seulement parce qu'elle offre la clef de la vie intérieure et créative, mais parce qu'elle est disponibilité et apprentissage de l'... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Tant d'images négatives s'attachent à la solitude qu'un livre comme « Esprit de solitude » se révèle un petit bijou pour qui aime dépendre le moins possible des circonstances extérieures, du regard des autres et s'ancrer en soi-même.

Ce texte subtil réaffirme qu'être seul(e) ne signifie pas être « incomplet » et qu'être solitaire n'équivaut pas à être dépourvu d'amis, de chaleur, de tendresse, d'amour. Il est à mon sens une lecture fine et saine pour ceux et celles qui aspirent un jour à quitter « la meute ». Sachant cependant qu'il ne faut pas nécessairement vivre seul pour entrer dans la voie présentée par Jacqueline Kelen.

Au commencement, elle nous recommande de ne pas confondre solitude et isolement, tout en évoquant en préambule « cette conduite de vie solitaire qui favorise la réflexion et affermit l'indépendance, cette solitude belle et courageuse, riche et rayonnante, que pratiquèrent tant de sages, d'artistes, de saints et de philosophes. »

Avec beaucoup de bon sens, elle nous explique que « personne ne nous apprend à être seul » car la famille ou l'école laissent trop peu de place au silence dans lequel l'enfant peut ÊTRE tout simplement. Combien d'enfants sont aujourd'hui capables de jouer seuls, d'appréhender le calme, le silence sans crise d'angoisse ?

Jaqueline Kelen nous réconforte, nous écrit qu'on peut choisir la solitude : « Lorsqu'on vit seul (et que c'est un choix) ce n'est pas par manque de chance ni absence d'amour : c'est que justement jamais on ne se sent seul, que chaque instant déborde de possibles floraisons. »

Les récits de vie, les chemins d'apprentissage de nombreux philosophes, artistes, saints et mystiques (l'Epopée de Gilgamesh, l'Odyssée, des récits bibliques, des mythes…) sont alors racontés, explicités tout en nous montrant de quelles manières la solitude peut nous conduire aussi à notre intériorité. Dans une érudition impressionnante.

Le beau récit de « Mélusine » (une histoire qui me fascinait déjà petite fille ) est narré puis analysé pour illustrer également la nécessité de solitude dans la vie de couple. En couple, il est essentiel « de se réserver de grands moments de solitude ou un lieu à part, afin de regarder l'autre différemment et le monde aussi. »

A nous tous qui nous agrippons farouchement à nos possessions (famille comprise, « mon fils », « ma fille »…), autant qu'à nos affections et nos espoirs, à nos certitudes et nos préjugés, l'analyse fine de ce livre nous montre ce qu'engage réellement la solitude choisie dans l'évolution de nos personnalités. Elle pourrait aussi bien aider certains égos malades et gonflés d'orgueil de notre société moderne et excessive, les égos qui sans leur public ne peuvent pas « briller » ou « brûler ».

Puis elle a tout juste quand elle affirme que « La solitude est un cadeau royal que nous repoussons parce qu'en cet état nous nous découvrons infiniment libres et que la liberté est ce à quoi nous sommes le moins prêts. » La liberté de penser peut faire peur, la prise de décision sans appui, la force de dire ce que l'on pense même si cela ne fait pas l'unanimité. le courage de ne pas suivre une opinion qui nous agace un peu mais qui nous permet d'être avec les autres. N'est-ce pas alors la dépendance qui amoindrirait l'être ?
S'offre à nous « le silence de soi, cette attention au monde, cette gratitude aussi », car le solitaire ne demande pas aux autres de le rendre heureux ni ne les accuse de ses propres insuffisances.

Oui, ce formidable essai, monologue philosophique et spirituel m'a envouté dès le début de ma lecture. Il montre parfaitement de quelles nombreuses manières « un être solitaire n'est pas un être au coeur sec ou impassible mais un être qui a le goût du secret et de la liberté avant toute chose et qui pratique le plus souvent un retour sur soi » pour (sur)vivre.
« le solitaire n'est pas celui qui n'aime pas les autres mais celui qui apprécie certains autres, celui qui en tout fait preuve d'élection et cultive les affinités. […] Il préfère toujours la rencontre particulière à la dilution dans une collectivité. »

Démonstration claire de ce qu'est une solitude érudite et fertile…
Et enfin… « Notre monde manque de solitude. », mais il ne s'agira pas nécessairement de fuir la ville ou les gens pour faire retraite à la campagne ou dans un ashram, « mais bien de porter dans la ville et en toutes contrées les vertus du silence que l'on a en soi et l'esprit de contemplation. » pour ensuite… « semer sur ses pas tout l'or recueilli dans la solitude. »





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Pourquoi la solitude est-t'elle ressentie de façon négative? de nos jours, avoir l'esprit d'équipe semble primordial. Moins je suis seule, moins je réfléchis...

"Quand j'ouvre les yeux, dit Inayat Khan, j'observe que je suis tout petit dans l'univers ; quand je ferme les yeux, je me rends compte que j'ai l'univers en moi."

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magnifique, documenté, ardu, ardent, génial
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Cette lecture justifie la solitude, et cela fait du bien dans un monde et à une époque où il faut à tout prix s'éclater en groupe sous peine d'être rabat-joie. Je pense à cette phrase de Nietzsche que j'ai faite mienne: "Souffrir de la solitude, mauvais signe; je n'ai jamais souffert que de la multitude."
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« Être bien tout seul, être seul et heureux, cela n'a rien à voir avec un mépris des humains ni avec l'égocentrisme : c'est le signe clair de la liberté. La maturité commence lorsqu'un individu se sent auteur et responsable de son existence, lorsqu'il ne demande pas aux autres de le rendre heureux, lorsqu'il n'accuse pas systématiquement les autres de ses propres faiblesses et insuffisances. »

Nos sociétés ont transformé la solitude en une tare, un stigmate honteux d'une inadaptabilité sociale. Alors qu'un individu ne peut s'émanciper et mûrir que par un travail d'introspection. Et qui dit introspection dit forcément : silence, recueillement et solitude. Pas nécessairement dans une retraite à la campagne. Mais le simple fait de prendre du temps pour soi, plusieurs minutes ou heures par jour, pour se recentrer sur soi-même, c'est se rendre service et rendre un service aux personnes qui interagissent avec nous.

Or, tout est fait de nos jours pour maintenir nos sens dans un état d'éveil et d'abêtissement constant (cf. La fameuse recherche de « Temps de cerveaux disponibles » ) dans des loisirs de masses où l'on recherche, vainement, la moindre singularité et élévation.
L'être collectif rejette toujours ses manquements, faiblesses sur les autres. Là où l'être solitaire assume pleinement ses erreurs.
« Finalement, notre appréhension de la solitude, notre volonté de la combattre ou de la déprécier seraient le signe d'une permanente lâcheté, d'une peur à frayer son chemin particulier. »

Dans « L'esprit de solitude », Jacqueline Kelen démontre non seulement que la solitude est libératrice, mais qu'elle est source créatrice. Aussi bien artistes, philosophes, mystiques… Tous y ont eu recours. Car seule la solitude génère la création, l'avant-garde, permet de penser hors des cadres établis. Elle est transgressive par essence, ce qui explique pourquoi elle est tant décriée.

Au-delà de la thèse de l'essayiste que l'on peut difficilement rejeter d'un revers de main, c'est un ouvrage riche et érudit. Mais dont la teneur mystique ne parlera pas à tous. L'auteure se prête à un exercice de mythologie comparée particulièrement intéressant. Elle replace d'ailleurs la valeur du mythe comme récit initiatique « le mythe n'est pas d'ordre moral, il est initiatique. Il ne s'enferre pas dans des considérations existentielles, il a pour sens d'éveiller chacun à une sur conscience. »
Voilà pourquoi, dans nos sociétés hyper connectées, la moindre oeuvre au récit initiatique est taxée de simpliste, déjà vu, suranné. Cette incompréhension du mythe par ces êtres collectifs n'est en rien surprenant. Ils se retrouvent face à un cheminement, une quête solitaire à laquelle ils ont renoncé par conformisme et lâcheté. Ils ne peuvent que la railler avec cynisme.
Un livre à destination de ceux qui veulent éveiller leur conscience.
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Citations et extraits (63) Voir plus Ajouter une citation
Les épousailles avec soi, dans le secret d'une solitude fertile, permettent une alliance avec l'autre qui ne portera pas atteinte à l'intégrité de chacun. Mais tant que l'individu cherche à l'extérieur celui qui le complètera, qui répondra à ses manques, il ne pourra que nouer des relation intéressés ou précaires, il fera un mariage bancal. Lorsqu'il s'est mis au monde, lorsqu'il se sait entier, il envisage avec les autres des liens sous le signe de la liberté et de la gratuité. On ne veut posséder l'autre que si soi-même on se sent incomplet. D'une façon féroce, René Daumal a analysé la situation dans La Grande Beuverie, par l'intermédiaire de "la grande voix derrière les fagots". Voici ce qu'elle dit, la voix: "Quand il est seul, le microbe (j'allais dire "l'homme") réclame une âme sœur, comme il pleurniche, pour lui tenir compagnie. Si l'âme sœur arrive, ils ne peuvent plus supporter d'être deux, et chacun commence à se frénétiser pour devenir un avec l'objet de ses tiraillements intestins. N'a pas de bon sens: un, veut être deux; deux, veut être un."

Le geste naturel au sentiment amoureux est de toucher, de prendre, bientôt d'accaparer. Beaucoup s'imaginent que l'amour va mettre fin à leur solitude alors que c'est la solitude qui permet l'éclosion et la durée de l'amour.
Les uns vivent en couple dés qu'ils quittent leurs parents, les autres se précipitent dans les aventures toujours décevantes, d'autres sortent sans arrêt pour rencontrer quelqu'un, en fait pour ne pas se retrouver seuls: tous, à leur manière, croient briser ou conjurer leurs solitudes, mais ce besoin des autres, ce besoin d'être à deux va aggraver plus encore leur sentiment d'isolement. Bien sur, tout l'environnement social, les joyeuses familles et les couples satisfaits sont là pour asséner à l'individu qu'être seul c'est vivre mal, c'est vivre à moitié. Peu rétorquent qu'à vivre toujours ensemble on devient l'ombre de soi-même et que d'un autre point de vue "deux est la moitié d'un".
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A vivre seul, au moins quelques années, on apprend à passer du besoin qui ligote au désir et au rêve qui ouvrent grand l'espace en soi et autour de soi. A vivre seul, on apprend à choisir ses relations au lieu de les supporter, de s'en accommoder. Sauvage et sociable tout à la fois, l'individu solitaire ne se croit pas obligé d'aller à des repas de famille, de participer à des fêtes dont les convives l'ennuient. Et de cela il ne se sent nullement culpabilisé parce qu'il est en accord avec ce qu'il fait. Se tenir en solitude,c'est chérir une situation propice à inattendu, à l'incroyable dont les tableaux de Van Eyck et de Brueghel esquissent l'apparition. C'est se vouloir disponible, absolument; et non disponible pour quelque chose, en attente de quelqu'un. Se tenir dans la fraicheur du commencement. C'est donc un état émerveillé.
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La vie solitaire d'un penseur, d'un artiste, d'un ermite est un engagement, jamais une solution.L'expérience de solitude s'avère indispensable à tout être qui veut conquérir ou sauvegarder sa liberté; en ces heures privilégiées, l'individu n'est plus cet homme moyen, mécanique ou "neuronal", cible facile des sondages, de la mode et des médias; il s'éprouve être unique, oiseau rare. Il se distingue. De là on qualifiera de pensée aristocratique toute célébration de la solitude alors que celle-ci est bien moins dédaigneuse qu'exigeante, dénotant une vigilance rebelle. Résister à la facilité comme à la résignation, demeurer discret sinon secret, ce sont là de beaux titres de noblesse. Il faut un courage constant, une passion tenue, comme on dit d'une note ou d'un pari, pour oser être soi, pour ne pas renier ses valeurs ni ses rêves.

Le besoin de reconnaissance apparait bien comme le talon d'Achille de tout individu. Il explique que, pour se sentir compris ou acceptés, la plupart des hommes préfèrent renoncer à leur liberté, à leur singularité. Le véritable solitaire ne cherche ni à plaire ni à être réconforté. Sa grande force vient de ce qu'il n'est point troublé par les agissements et les opinions du monde: quand on vit seul, on ne donne pas prise, on ne se situe plus par rapport au général mais par rapport à l'absolu.
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Faut-il le répéter ? La liberté de pensée ne se trouve ni à droite ni à gauche ni même dans l'anarchisme. Elle ne loge dans aucune religion, dans aucun système politique ou philosophique, pas plus dans l'athéisme que dans la laïcité. Tout cela représente des robes, des voiles et des attaches et Pensée va toute nue, tel le jeune François d'Assise abandonnant entre les mains de l’évêque les vêtements par lesquels le prélat voulait le retenir afin de le remettre dans le chemin balisé de la droite raison. Or la liberté n'a pas raison mais elle va son allure, impertinente, juvénile, elle déjoue la barbarie comme l'esprit de productivité, l'imposture intellectuelle comme la facilité. Elle est dans ce refus de tout conditionnement et de toute appartenance, elle se trouve dans la ville et dans le désert, elle passe tel un vent dans la forêt, une tempête sur la demeure provisoire. Elle n'a pas de dévots, elle n'a pas de suiveurs mais seulement des relais. On ne voit guère ses progrès dans la conduite des hommes mais elle avance, seule. Elle n'a pas de famille, de clan ni de parti, elle ne regarde jamais son visage et les années glissent sur ses épaules de jeune fille. Elle ne veut rien prendre mais tout dénouer. Elle avance mais on ne la remarque pas; elle est si nue, tandis que les passants sont engoncés dans leurs croyances, dans leurs principes. Elle est nue, elle va son chemin, elle ne requiert nulle acclamation.
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Il parait difficile de ne pas lire dans l'aventure de Narcisse un apologue platonicien qui évoque le célèbre mythe de la Caverne. Ici-bas, dans la prison du corps, la grande majorité des humains - ceux qu'on appelle à juste titre des "mortels" - ne connait du Réel, du monde des Idées, qu'un reflet, une approximation dont ils se contentent , sur quoi ils établissent leurs vérités et leur pouvoir. Parfois, l'un deux se retourne pour regarder en face, pour aller à la source des images, des sensations, et des visions. Mais il passe pour fou, on le rejette, on se moque de lui. La majorité a toujours raison, n'est-ce pas ? Que pèse la foi d'un homme seul ? ... A sa façon, Narcisse s'est rendu près de la source, il a contemplé son être originel, il a voulu aller au-delà du reflet, des mirages, et dans ce ravissement il est mort à ce monde, il s'est à tout jamais séparé du commun des mortels. Parce que la source vierge et secrète est sienne, il est seul à pouvoir s'y pencher. Nul autre n'a pu la découvrir, l'approcher ni y boire. "Ce que je désire, je le porte en moi-même", s'écrie le Narcisse d'Ovide. Oui, tout est en lui ; "l'univers et les dieux". Grande solitude, je veux dire : vaste, immense solitude qui héberge le cosmos, qui embrasse le Tout. Le corps de Narcisse disparaît, métamorphosé en une fleur jaune et blanche qui aime les prés humides et qu'on nommera narcisse.
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Videos de Jacqueline Kelen (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jacqueline Kelen
https://www.laprocure.com/product/1082622/kelen-jacqueline-le-temps-de-la-bonte-le-livre-de-tobit

Le Temps de la bonté : le livre de Tobit Jacqueline Kelen Éditions du Cerf

« À vrai dire, depuis des années, ce récit que l'on date du troisième siècle avant notre ère, ce livre me fait rêver, me questionne, m'enrichit. On a entendu parler de Tobit, père et fils. Il y a une histoire de poisson. On se souvient plus ou moins. Il y a le petit chien aussi qui fait partie de l'aventure. On se doute que ça finit bien. Peut-être que l'on sait que l'ange Raphaël qui est très présent dans le récit, puisque c'est le guide du jeune homme vers la lumière, vers la renaissance spirituelle... »

Jacqueline Kelen, pour la librairie La Procure
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