C'est dingue toutes ces émotions contradictoires qui l'habitent sans arrêt, cette existence en montagnes russes qui semble à peine la faire frémir. C'est dingue.
Les larmes lui montent aux yeux, et il se sent stupide d'être celui qui est ému, d'être celui que toutes ces secousses épuisent, parce que ce n'est pas lui qui à été secoué, ce n'est pas sa vie à lui, son corps à lui qui est un tremblement de terre.
Un petit sourire se dessine doucement sur ses lèvres, comme si quelqu'un était en train de le tricoter en temps réel. Un sourire coton, un sourire pour soi tout seul, un de ces sourires qui viennent de l'intérieur, d'une pensée douce qui soudain nous envahit comme de la mousse à raser qui gonfle.
-Mmh, c'est moyennement photogénique l'habitacle d'une voiture.
-Pas faux. Mais il y a l'horizon. C'est romantique,l'horizon.
-Mouais.
-C'est peut-être aussi le paradoxe que ça convoque: on avance en même temps qu'on est enfermé. Ça crée une alchimie bizarre, comme un court-circuit fictionnel. Les histoires de voiture semblent être des histoires où il se passe toujours des choses.
-J'aime mieux cette explication.
- Et tu penses que notre histoire pourrait devenir un film ou un livre, Yaz ?
- Non. Aucune chance. Pas assez d'aventure. Ni de crimes. Ou de drogue, ou d'alcool.
- Tu es sûre que tu as douze ans ?