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EAN : 9782492312069
88 pages
Editions Daronnes (27/01/2023)
4.59/5   28 notes
Résumé :
Ce texte iconoclaste est un plaidoyer pour l’imagination et pour la fiction, une défense de l’optimisme, des fins heureuses, du romantisme et de la littérature “féminine” comme arme politique, comme instrument d’émancipation sociale, comme démarche féministe.
“La réalité n’est pas la limite ni l’horizon de notre imagination, elle en est le point de départ.”
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Eloges des fins heureuses… derrière un joli titre, l'auteure détricote à l'aide de nombreux exemples les apriori sur l'optimisme en littérature et nous amène à réfléchir à cette culture du pessimisme et du pire qui mine notre quotidien.

« Comme si une fin heureuse était une forme de sensiblerie et de naïveté qu'on ne passe qu'aux femmes, aux enfants et à ces balourds d'Américains »

Elle vous démontre avec astuce et arguments :
*Que la fin de Lalaland est complément ratée (tellement !)
*Qu'Orgueil et préjugés est un chef-d'oeuvre (mais pas « un peu moins qu'un autre chef-d'oeuvre plus grave et plus tragique » oui oui oui !)
*Qu'il est jubilatoire ce moment où Kathleen Kelly et Joe Fox se retrouvent dans une joli parc newyorkais pour un happy end dans Vous avez un message (Je vous assure que ça décomplexe les romantiques dans mon genre ;o)

Et si la douleur et la tragédie n'étaient pas forcément les conditions nécessaires à la création » ?
Et si « la mélancolie et l'inconfort nous donnaient la mission d'inventer des mondes suffisamment singuliers pour qu'on puisse y projeter tous les possibles ? Des mondes où l'imagination triomphe sur la tristesse, où la douceur et la sensibilité cassent la gueule à la violence et à la douleur, où les solitudes trouvent de la chaleur en s'entrechoquant comme des silex » ?
Et si, sans tomber dans l'optimisme le plus béat, la littérature était là pour ça… aussi?

Etre optimiste ne rime pas forcément avec aveuglement, égoïsme ou niaiserie. Etre optimiste c'est déjà changer le monde, c'est faire preuve d'inventivité… c'est ce que l'auteure s'efforce de démontrer, sans mépris ni cynisme (vous l'aurez compris) mais en allant à l'encontre du mode de pensée de l'époque : « Etre désabusé, ce serait donc faire preuve d'intelligence et de profondeur. Etre sarcastique, ce serait avoir compris la vacuité de la vie … C'est peut-être ici que se trouve la clef : cet art pessimiste veut casser notre désir. Il collabore avec la violence du monde et participe ainsi à faire de nous de bons petits soldats ».
Quand l'optimisme devient subversif. ..
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Un court essai très facile à lire, sur l'importance politique de créer et consommer des oeuvres où les personnages se dépassent et trouve un bonheur au-delà de toute concession. Coline Pierré insiste sur l'importance du rêve, la volonté d'y croire : comment croire en l'avenir, comment avoir l'ambition de vivre des relations in-croyables si même la fiction reste ancrée dans le réel et n'offre aucune issue de secours ? Elle se place également dans une dimension féministe : les sentiments doux et positifs apaisent le monde, et il faut arrêter de les reléguer à la chick-lit ou encore à la littérature pour enfants.

C'est un essai qui rend heureux, j'avais un grand sourire pendant toute la lecture. Ca fait effectivement du bien de lire une autrice qui y croit et qui défend le droit aux bonheurs "vrais", sans rapport avec une quelconque réussite sociale ou professionnelle. le droit de lire des romans où les héros et héroïnes ne se contentent pas des barrières du "possible", et le droit d'en espérer autant pour sa propre vie. Elle m'a même donné envie de regarder des comédies romantiques et des séries de Aaron Sorkin, alors que ce n'est pas ma tasse de thé.
J'ai également aimé sa vision du point de vue "conservateur" de certains créateurs, de leur réjouissance à voir un héros qui n'avait pas la bonne famille pour réussir échouer lamentablement. de même, elle interroge le "réconfort [que l'on trouve] dans la médiocrité", et la facilité d'une vision du monde acerbe et aigrie.

Un très chouette essai qui tombe parfaitement dans ces temps de morosité ambiante ! :)
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Derrière le mépris qu'on affiche pour les fins heureuses, je crois qu'il y aussi de l'autoprotection face à la terreur que nous inspire l'erreur. Car se tromper n'est pas chic.
La méfiance et le pessimisme, l'enracinement dans une posture critique orgueilleuse est plus tenable que l'espoir déçu. Il y a une prime sociale à parier sur les ratés et l'inaction, sur l'échec et le déclin.
S'il s'avère qu'on a été trop optimiste, l'erreur sera considérée comme une faute de jugement. Si on prophétise la défaite, on peut toujours postuler que la réussite relève du hasard, ou que la débâcle arrivera tôt ou tard, et on aura forcément raison, car l'entropie nous guette toujours. Si on affiche publiquement son espoir, on est le naïf, le rêveur, l'ignorant, l'idiot, celui qui ne sait pas. On est celui qu'on peut moquer. Retour au collège, où on se tait plutôt que de prendre le risque de dire une bêtise, où on cache ses folles ambitions et ses rêves (jusqu'à trop souvent les faire taire tout au fond de soi), où on musèle ses questions et ses incompréhensions pour dissimuler sa vulnérabilité.
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Livre lu après avoir écouté le podcast "Les trois points" (épisode 2, sur le féminisme et la fiction), dans lequel il est cité plusieurs fois.
Dans ce court essai, Coline Pierré défend les fins heureuses dans les oeuvres de fiction, c'est-à-dire les fins qui laissent ouvert l'horizon des possibles. Il s'agit pour elle d'une responsabilité politique et éthique de l'écrivain(e) que de ne pas "briser" ses lecteurs et lectrices, et de laisser entrevoir des potentialités plutôt que de se borner à documenter la réalité.
J'ai beaucoup aimé ce texte, qu'on pourrait qualifier sans condescendance de "chouette petit livre", bref et limpide (cf le dernier chapitre, qui fait l'apologie de ces livres-là). J'ai eu du mal à sélectionner des passages intéressants tant chaque phrase semble nécessaire et percutante.
A lire et à relire.

En outre, l'objet est très beau : édité par la petite maison d'édition de Coline Pierré et Martin Page, imprimé sur un papier très agréable, avec une typo très belle.
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Éloge des fins heureuses fait la part belle à l'optimisme. Non pas un optimisme béat qui en oublierait le réel mais un optimisme qui aide à dépasser ce réel, à être au monde sans s'engluer dans le pessimisme ambiant. Coline Pierré en appelle à la puissance de l'imaginaire pour envisager d'autres possibles. Imaginer des fins heureuses aux fictions qui nous accompagnent, ce n'est pas forcément baigner dans un sirop de romantisme (et quand bien même ?), nager dans le sucre d'un bonheur sans nuages, mais ouvrir de nouveaux horizons, offrir aux héros et héroïnes de cinéma et de papier la capacité de mener leurs combats, de se déployer. C'est imaginer d'autres fictions qui aideront spectateurices* et lecteurices à se construire, à s'autoriser à rêver plus grand et plus haut.
Dans cet essai poétiquement politique, Coline Pierré n'exhorte aucunement à faire fi du réel mais invite plutôt à utiliser l'imagination, cette “première forme d'action politique”, et donc la fiction pour apporter “un regard neuf sur la réalité.” Cinéastes, auteurices détiennent un pouvoir immense : celui de faire rêver la société, d'ouvrir des trous de lumière quand le monde autour semble en train de s'effondrer. Une élève m'a dit récemment : “dans les livres, il y a tout, toutes les histoires, toute la vie”. Oui, et bien plus encore : tous les possibles de la vie.
Un court essai enthousiasmant qui interroge notre rapport au monde, notre place de lecteurice/ spectateurice, le rôle des créateurices de fiction et illumine résolument le regard. A découvrir !
Lien : https://31rstfloor.wordpress..
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Chaque fois que j’achève l’écriture d’un roman, je suis une personne différente, car j’écris mes livres pour me déplacer, pour me changer. Je ne crois pas que les adultes soient figés ou devraient l’être, je ne crois pas qu’ils soient davantage imperméables aux histoires que racontent les livres. La responsabilité des écrivain·e·s est la même, quels que soient ceux à qui ils s’adressent, et personnellement, je me refuse à risquer de participer à renforcer notre accablement, notre immobilisme ou notre fatalisme. Alors j’écris mes livres en conséquence et j’essaie de suivre la route d’Emily Dickinson qui disait : « J’habite la demeure du possible ; elle a plus de portes et de fenêtres que la demeure de la raison. »
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Offrir une fin heureuse à un personnage malheureux, c'est faire acte de désobéissance. On affirme haut et fort une morale de la contradiction. Et en imaginant une alternative, on aide à la rendre possible dans le monde réel. L'imagination est la première forme d'action politique.
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Je crois que c'est un acte profondément conservateur que de prendre la décision de faire échouer un personnage qui se bat pour son destin, ses idées, sa vie ou sa liberté. Lorsqu'on décide d'anéantir les efforts et les espoirs d'un personnage pour le conduire à l'échec, on fait un choix réactionnaire : celui de la norme et de la fatalité.
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Je considère qu'on ne peut pas se permettre de briser des ados qui doutent et des enfants qui espèrent, parce qu'en lisant nos livres, ils nous offrent leur vulnérabilité et leur confiance. Il ne s'agit pas d'être béat d'optimisme, mais simplement de ne pas leur mettre la tête sous l'eau.
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[Les fins heureuses] sont les poils à gratter de nos existences. Malgré leur apparence de fruits sucrés et juteux, elles refusent de nous laisser en paix avec nos petits arrangements quotidiens.
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Videos de Coline Pierré (11) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Coline Pierré
Kiyémis invite l'autrice jeunesse Coline Pierré. Ensemble, elles discutent de la force des joies enfantines, du plaisir des fins heureuses, et des possibilités de narrations plus positives dans la littérature jeunesse.
#Kiyémis #Joie #Mediapart
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