Cette traîtresse s’amuse à m’allumer et à me mettre au supplice en toute discrétion. Nos yeux s’aimantent pour ne plus se lâcher. Abbi porte son doigt recouvert de guacamole à sa bouche. Elle aspire, creuse les joues avant de laper et faire tourner sa langue sur sa pulpe, puis me lance un clin d’œil taquin. J’essaie d’avaler ma salive, mais je m’étouffe. Accroché au plan de travail, les phalanges presque blanches à force de m’y cramponner, je prends sur moi pour ne pas la jeter sur mon épaule et nous enfermer dans ma chambre. Un lit, un mur ou même cet îlot central feraient l’affaire. Son sourire, son air sexy et mutin, son corps qu’elle… qu’elle remue maintenant au rythme lent de la musique me font vriller
Je fonce dans ma chambre et cherche dans les tiroirs de mon bureau l'arme du crime. Elle risque de m'en vouloir, mais ça lui passera vite, parce que toutes ces chamailleries, c'est nous. C'est comme ça que l'on fonctionne.
« J’ai l’impression que pour lui, il n’y a pas de demi-mesure. Tout est blanc ou noir. Pourtant, dans la vie, il y a des nuances de gris et des concessions à faire. » (p. 46)
Une part de moi est morte le jour où je me suis fait piéger et qu'elle s'est éloignée. Pense-t-elle à moi ? Est-ce aussi dur pour elle que pour moi ? J'aimerais que ce poids qui pèse dans ma poitrine disparaisse et que ma vie reprenne là où elle s'est arrêtée. Je ne résiste pas à poser la question qui me taraude depuis quelques temps.
- Est-ce que..., bafouillé-je. Est-ce qu'elle parle de moi ?