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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Hasard du calendrier, ce livre réservé à la médiathèque depuis plusieurs semaines m'est arrivé en pleine tourmente médiatique au sujet du viol et de la parole des victimes, avec l'affaire « Matzneff ».

L'histoire est malheureusement trop courante, un abus de pouvoir d'une personne haut placée, ici un prix Nobel de la Paix, sur une jeune fille qui n'a pu se défendre et s'est fait violer, acte défini comme un crime.

Issue elle-même d'une famille bourgeoise et intellectuelle, où la politique s'invite souvent dans les conversations, elle s'est d'abord bâillonnée, sous état de choc, et n'a pu révéler l'indicible.

Se taire n'est plus la seule issue, à l'heure où toutes les victimes, quelles qu'elles soient, sont exhortées à parler, à révéler, à formuler avec les mots justes, de ceux qui appellent un chat un chat, et un viol un viol. (La loi détaille parfaitement toutes les définitions).

Mazarine Pingeot, qui le précise, n'a jamais subi cette infamie, a su analyser avec finesse toute la problématique de la victime, qui d'abord se sent injustement coupable, puis se confie à ses proches, pour finalement se taire, trop longtemps. Longtemps, c'est le temps nécessaire pour se rendre compte que la gangrène progresse insidieusement, dans le corps, dans la tête, et tue peu à peu.

D'un style assez agréable, et tout à fait accessible, ce roman décrit bien la vie d'une femme qui a connu un « avant » et un « après ».

Oser porter plainte quand il n'y a pas prescription, faire face au scandale s'il s'agit d'une personnalité haut placée, s'exposer à subir la désapprobation de certains, l'épreuve est loin d'être aisée.

Ne plus se taire, révéler, témoigner, dénoncer, se libérer d'un secret létal : telle est l'injonction actuelle.
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Un sujet hélas toujours présent dans l'actualité, traité sobrement dans un roman qui se lit vite.
Malgré une plume facile à lire, il m'a cependant manqué un petit quelque chose au niveau des personnages : Mathilde ne m'a pas touchée plus que ça et sa famille encore moins.
Une petite déception...
Lien : https://la-clef-des-mots.e-m..
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Qu'advient-il après un viol ? Mazarine Pingeot à travers son dernier né, paru en cette rentrée littéraire expose toute la manipulation psychologique qui peu résulter d'un tel drame.

Notre narratrice vient d'une famille bourgeoise parisienne bien connue et a un rôle à tenir. Photographe pour un prestigieux journal du haut de ses 20 ans, elle ne peut décevoir lorsqu'elle doit réaliser le portrait du prix Nobel de la paix tout juste endeuillé du suicide de sa fille. Doit-elle révéler au monde qu'il vient de la violer dans son manoir ?

L'autrice développe un thème on ne peut plus d'actualité. Certes, la parole des femmes s'est libérée mais il reste tant à faire car des décennies ont fait de ce sujet un tabou. Si le texte se veut dénonciateur, il ne va, à mon sens, pas assez loin dans la psychologie, ne fouille pas les coins et recoins de la psyché humaine. le récit est trop rapide, la vie reprend son cours trop facilement. le lecteur ne sent pas la destruction, l'effondrement. C'est fort dommage car le roman reste ainsi en marge du sujet mais sans confrontation directe. Peut-être est-ce là une volonté propre à l'autrice mais il restera pour moi, une occasion manquée.
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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Ce livre raconte l'histoire de Mathilde, une jeune photographe de vingt ans, violée par une sommité politique au domicile de ce dernier au cours d'une séance photo.
Ses parents et sa grand-mère font pression sur elle afin qu'elle ne dépose pas plainte et qu'elle ne rende pas publique cette agression.
Seule sa soeur Clémentine semble la comprendre et lui apporter tout le soutien dont elle a cruellement besoin.
J'ai apprécié ce roman bien qu'il ne fasse pas partie de mes coups de coeur.
Les thèmes abordés dans ce roman sont ceux qui sont si chers à @Mazarine Pingeot : le poids du secret, le scandale et l'opposition entre valeurs familiales et valeurs individuelles.
La plume de l'auteure est agréable à lire. La psychologie des personnages est très bien décrite.
Je me suis un peu perdue au détour des considérations d'ordre architectural abordées dans une partie du livre.
Cela reste néanmoins un roman intéressant à plus d'un titre.
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Jeune photographe de 20 ans, fille et petite-fille d'hommes très célèbres, Mathilde est violée par un prix Nobel, un homme au-dessus de tout soupçon, qu'elle était venu photographier. Elle s'en ouvre à sa famille qui lui conseille de se taire, par peur du scandale. Six ans plus tard, sous la très forte pression de son compagnon Fouad, elle s'apprête à déposer plainte mais, sous la pression du policier qui la reçoit, elle se limite à une main courante. L'affaire ne finira par éclater qu'une dizaine d'année plus tard, contre son gré.
Ce roman a malheureusement fait le buzz non pas pour sa qualité littéraire indéniable mais pour les nombreuses similitudes détectées par des média aussi sérieux que France Inter ou les Inrockuptibles, avec l'accusation de viol portée par la nièce de Mazarine Pingeot et petite-fille de François Mitterrand, à l'encontre de Nicolas Hulot.
"Se taire" mérite d'être abordé, avant tout comme une fiction littéraire. C'est la description émouvante du silence qui ronge et qui détruit. le silence commence dès le viol avec la sidération qui rend muette, magnifiquement décrite par l'auteur, comme si Mathilde était à l'extérieur de son corps violenté, qu'elle ne réintègrera complètement que lorsqu'elle sera enceinte. Puis, c'est le silence imposé par la famille pour soit-disant la protéger et celui conseillé par la police. Enfin, c'est le silence de Mathilde face à la boue qui se déverse lorsque la vérité éclate.
Ce roman c'est aussi le déterminisme du milieu social, le poids de l'éducation et d'une ascendance connue.
Très beau roman qui donne envie de crier face à ce silence destructeur.
Par le hasard de ma PAL, j'ai lu "Se taire" juste après "Les choses humaines". Les points de vue sont diamétralement opposés : celui de la victime dans "Se taire", celui de l'agresseur dans l'autre. Mais on retrouve nombre de points communs : le poids de l'éducation, de la classe sociale et de la renommée (dans les deux cas, les parents sont très connus), la violence insoutenable des réseaux sociaux qui s'arrogent le rôle de tribunaux populaires et la critique d'un féminisme plus politique que défenseur des femmes.
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Plusieurs fois, j'ai été tenté par un des livres de Mazarine Pingeot. Seulement, en la voyant intervenir dans des émissions culturelles, j'avais une certaine appréhension face à cette enseignante en philosophie. Je craignais que son écriture et ses résonnements soient un peu trop élitistes pour le simple lecteur que je suis.

J'ai très vite été rassuré. Même si elle traite de sujets de société qui font énormément débat, « Se taire » est un simple roman. Aucune digression, aucune analyse complexe, juste une histoire. Elle nous raconte la vie de la narratrice après une agression dont elle a été victime. On la suit dans tous ses déboires amoureux, amicaux et familiaux. On se retrouve au coeur de son quotidien. Mais bien sûr cette aventure n'est ni futile ni innocente. Elle aborde les différentes facettes des conséquences d'un drame traumatisant. C'est donc le lecteur lui-même qui va lancer ses propres réflexions.

Les thèmes abordés mettent en lumière les tabous qui règnent encore dans notre société moderne. le poids de la notoriété, l'impunité des puissants, le statut de la victime sexuelle et plus globalement de la femme, le texte regroupe l'ensemble des préjugés qui ont perduré dans le temps et qui créent encore de l'injustice. le silence apparaît alors comme la seule solution à la vindicte populaire.

Je suis ravi d'avoir dépassé mes préjugés pour découvrir le style Mazarine Pingeot. L'écriture de l'écrivaine est de haut rang et en même temps très agréable à lire. le personnage de Mathilde est attachant et son destin chaotique est passionnant. Loin d'être larmoyant, il se présente comme une vision objective des mentalités d'aujourd'hui, avec leurs faiblesses et leurs incohérences.

Le travail vers un monde plus juste est encore long mais ce livre peut être considéré comme une pierre de l'édifice du changement. Romanesque et utile !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Surfant sur la vague du « #Metoo », ce roman explore avec finesse et profondeur l'omerta qui entoure les agressions sexuelles.

Si le viol et ses circonstances sont hélas tristement banals, une jeune femme et un prédateur, celui-ci agissant avec l'impunité que son statut social particulièrement privilégié (un Nobel de la Paix!) lui octroie, sa proie ne tire de sa situation familiale elle aussi exposée aux commentaires publics, qu'une entrave de plus.

C'est ce que met en lumière le roman : la souffrance de la victime, qui ne pourrait s'atténuer que par une reconnaissance, est au contraire niée, sacrifiée sur l'hôtel de la bienséance , et rien ne doit éclabousser l'entourage. Certes il s'agit de la protéger, et on constate lorsqu'elle sort partiellement de ce silence emmurant, les dégâts collatéraux et le cauchemar d'une blessure réouverte.

Le constat est clair : il est impossible ni de garder le secret, ni de le conserver. C'est toute sa vie affective qui pâtit de l'impasse au fond de laquelle elle est terrée.

L'auteure va plus loin et suggère que l'histoire même du viol était inscrite de tout temps, et cela en raison des contraintes que suscite la notoriété, qui fait des célébrités des cibles pour la meute hurlante qui n'a rien d'autre à faire que de se saisir de faits divers vaguement inconvenants, et surtout amplifiés par la bêtise et le pouvoir délétère des réseaux sociaux, puisqu'il est impossible d'en faire abstraction.

Une histoire malheureusement ordinaire, dans le contexte particulier d'une victime médiatique, celui ne simplifie pas les choses pour se reconstruire. le savoir-faire et la culture de l'écrivain transparaissent à travers ces pages, et peut-être aussi l'expérience de n'être pas anonyme parmi les anonymes
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Premier roman de Masarine que je lis, et suis conquise par le style et l'histoire. Sur fond de violences faîtes aux femmes suite au buzz "balance ton porc", elle nous raconte comment vivre avec un viol dans un contexte familial exposé médiatiquement. Réussie.
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