« Ils ont peur. Ils sont captifs de leur peur et la peur ça éteind un peu le coeur... »
Ce jour-là, en ce temps-là, qui ressemblait beaucoup à aujourd'hui, Fati et Issa avaient le coeur ébréché comme une vieille calebasse.
Ils se levèrent et s'éloignèrent encore plus de leur village, peut-être pour trouver la source des quatre vents du ciel, eux qui soufflent les mêmes chatouilles sur toutes les couleurs du monde.
« Elle s'était fermée la tête avec un morceau de pagne pour se protéger un peu. Comme Issa, elle sentait le soleil lui chauffer les épaules aussi bien qu'un feu de brousse. Elle ne savait rien de la forme moqueuse des ombres toujours un peu plus grandes mais elle devinait la grosse bouche du soleil qui tétait le ciel avec gourmandise. »
-Est-ce qu'en fermant les yeux on efface la méchanceté ?
-Non... On n'efface rien. Si tu fermes les yeux, tu n'effaces même pas les colères de la brousse.
J'ai des yeux mais je ne vois pas.
Rien n'arrive sans s'annoncer...