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Critique de afriqueah


J'ai regardé, comme Clarence Pitz l'a fait, le tableau La nuit de Max Beckmann avant de commencer « les enfants du serpent » : scènes ultra-violentes, là où les victimes et les bourreaux vivent le même enfer. Je préfère citer Yael76 : «  Attention attention, avant de commencer la lecture, prenez un rendez vous chez un bon psychiatre et une bonne dose, d'antidépresseur”.

Les chapitres se divisent entre la République Démocratique du Congo,RDC ex-Kinshasa, au Kivu, à l'est du pays (et non pas dans le Sud comme dans Kisanga d'Emmanuel Grand) et le quartier Matongé à Bruxelles.
Deux drames :
- L'un au Kivu, le viol collectif de toutes les femmes et enfants dans la terreur et l'ignominie.
Pire, les miliciens ont parmi eux, tuant et obligeant les hommes à regarder le massacre, avant de les exterminer, trois Casques bleus.
- L'autre, un homme trouvé mort avec les deux yeux arrachés à Bruxelles.
Où l'inspecteur Karel Jacobs prend les choses en main, enfin, pas les yeux, n'est-ce-pas, mais l'affaire qui « pue à plein nez. »
Retour au Kivu, où Gloria et sa fille Phionah ont survécu miraculeusement, et pourtant complètement détruites, puisque leurs deux corps ont été sauvagement attaqués, utérus arraché entre autres.
Clarence Pitz ne fait pas dans la dentelle, et pourtant on suit le cours de son thriller, toujours avec notre moralité de canapé, l'espoir qu'après bien des péripéties, tout rentrera dans l'ordre. (Mais quel ordre, dans un pays dévasté par les pilleurs de coltan et les tueurs voulant se l'approprier.)
Le coltan, nécessaire pour tous nos smartphones.
Le médecin qui les soigne doit leur annoncer « ce qu'on a fait de leur corps, de ceux de leurs filles. Leur apprendre que l'enfer qu'elles ont vécu entraînera des conséquences sévères et indélébiles. Que l'on n'a pas uniquement volé leur âme. »
Médecin qui n'est pas sans rappeler le prix Nobel de la paix Denis Mukwege.
Deux carnages, donc, et deux sauveteurs.
Cinq ans après, Karel fait le rapprochement entre le carnage de Bumia (Près d'une mine de coltan) et le meurtre de Bruxelles, car les carnassiers après avoir obligé les adultes à voir les outrages exécutés sur leurs femmes et enfants, les ont énucléés. Mais les choses ne sont pas si faciles, et les victimes se transforment parfois en bourreaux.
Et les bourreaux font des enfants à leurs esclaves sexuelles, ce seront des serpents, ainsi va le monde.
Pourtant chacun, capable du pire, reste un agneau, ou plutôt un lion rugissant quand il s'agit de défendre sa famille.
Il faut aussi dire que le Kivu jouxte le Rwanda, et qu'après ses immigrés hutus, les génocidaires cachés, puis tutsis, les guerres sont incessantes depuis 25 ans :
« La République démocratique du Congo a mené une politique de brassage et a intégré d'anciens seigneurs de guerre à l'armée régulière, les pires criminels ont été propulsés à des postes importants. » 

En conclusion, et pour justifier mes cinq étoiles, l'auteur montre le vrai calvaire de la RDC, depuis Léopold II, qui est bien la richesse de son sol, objet de toutes les convoitises et faisant fleurir les meurtres et la corruption, la misère générée par l'extraction du coltan, le fait qu'il n'y a jamais de bon camp au Kivu, pas plus qu'il n'y a des bons et des méchants sans nuances.


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