On s'emploie avec raison à sauver toutes sortes d'espèces d'oiseaux, d'insectes, d'arbres, de plantes de grosses et petites créatures bien vivantes mais menacées de disparition. Des mots, eux aussi, pour d'autres raisons que la chasse, la pollution et l'argent, meurent. Pétrifiés dans des dictionnaires obsolètes ou humoristiques, recensés par des lexicologues historiens, ils ne subsistent que dans les œuvres littéraires où, intrigué mais paresseux, le lecteur les saute ou les ignore trop souvent.
Rares sont les personnes émues par la disparition des mots. Ils sont pourtant plus proches de nous que n'importe quel coléoptère. Ils sont dans notre tête, sous nos yeux, sur notre langue, dans nos livres, dans notre mémoire. Dieu sait qye les initiatives ne manquent pas, ni les bras ni l'argent, pour conserver le patrimoine, mais, alors qye les mots en font autant partie que les pierres, les tissus, la porcelaine, l'or et l'argent, ils n'intéressent pas grand monde. L'écologie des mots est balbutiante !
Génitoires (nom féminin pluriel)
Toujours au pluriel, puisqu'elles vont par deux au bas du ventre des hommes. On peut leur reprocher d'être du genre féminin, alors que les testicules -on est autorisé à faire le détail, à nommer un testicule - sont du même genre que leur propriétaire et utilisateur. Mais les génitoires, qui sont pourtant de la même famille que le géniteur, la génitalité et tout le saint-frusquin génital, ont disparu du Petit Larousse et du Petit Robert, l'un et l'autre acquis sans partage aux testicules, et même aux roubignoles, aux roustons etc.
Dans ses Proses et vers français de collège, il s'amuse evec des saperlipotte, de saperlipopette ! saperlipopetteouille, saperlipouille et saperpouillotte !
A noter qu'en Belgique un pouf est une dette : PAYER SON POUF.
Peccamineux, celui qui commet des péchés.
Jocrisse, c'est un niais, benêt, un un naïf qui se laisse mener par le bout du nez.
Jean-foutre, c'est un bon à rien, un type pas sérieux sur lequel on ne peut compter.
Gourgandine, c'est une femme légère, à la fois rusée et dévergondée, qui n'a pas froid au yeux.
Goualante, une chanson populaire, un refrain des rues, une complainte amoureuse ou sociale propre à émouvoir l'auditoire.