Sans toi
le soleil tombe comme un mort abandonné.
Sans toi
je me prends dans mes bras
et m'emmène vers la vie
mendier de la ferveur.
Un trou dans la nuit soudain envahi par un ange...
Ta Voix
Embusqué dans mon écriture
tu chantes dans mon poème.
Otage de ta douce voix
pétrifiée dans ma mémoire.
Oiseau accroché à sa fuite.
Air tatoué par un absent.
Montre qui bat avec moi
pour que jamais je ne m’éveille.
Chambre seule.
Si tu oses surprendre
la vérité de ce vieux mur,
et ses fissures, ses déchirures,
formant des visages, des sphinx,
des mains, des clepsydres,
sûrement viendra
une présence pour ta soif,
probablement elle s’en ira
cette absence qui te boit.
C´est le désastre
C´est l´heure du vide non vide
C'est l'instant de poser un verrou aux lèvres
d´entendre les condamnés crier
de contempler chacun de mes noms
pendus dans le néant
[..]
Comment ne pas me suicider devant un miroir
et disparaître pour réapparaître dans la mer
où un grand bateau m'attendrait
toutes lumières allumées ?
[..]
Mais mes bras s'obstinent à étreindre le monde
car on ne leur a pas encore appris
qu'il est déjà trop tard
LA CAGE
Dehors, du soleil.
Ce n’est qu’un soleil
mais les hommes le regardent
et ensuite ils chantent.
Je ne sais rien du soleil.
Je sais la mélodie de l’ange
et le sermon brûlant
du dernier vent.
Je sais crier jusqu’à l’aube
quand la mort se pose nue
sur mon ombre.
Je pleure sous mon nom.
J’agite des mouchoirs dans la nuit
et des bateaux assoiffés de réalité
dansent avec moi.
Je cache des clous
pour maltraiter mes rêves malades.
Dehors, du soleil.
Je m’habille de cendres.
Mais il se trouve que j'entends la nuit pleurer dans mes os.
Son immense larme délire
et crie que quelque chose est parti pour toujours.
Un jour nous recommencerons à être.
Musique jamais entendue,
aimée dans des fêtes anciennes.
N’embrasserai-je plus jamais
celui qui viendra après la fin ?
Mais cette innocente nécessité de voyager
entre prières et hurlements.
Je ne sais pas. Je ne sais que le visage
aux cent yeux de pierre
qui pleure près du silence
et qui m’attend.
Jardin parcouru en larmes,
habitants que j’ai embrassés
lorsque ma mort n’était pas encore née.
Dans le vent sacré
ils tissaient mon destin.
La lumière est trop grande
pour mon enfance.
Mais qui me donnera la réponse qui n’a jamais servi ?
Un mot qui me protège du vent,
une petite vérité sur laquelle m’asseoir
et à partir de laquelle me vivre,
une phrase uniquement mienne
que je puisse étreindre chaque nuit,
où je puisse me reconnaître,
où je puisse m’exister.
Mais non. Mon enfance
ne comprend que le vent féroce
qui m’a exposée au froid
lorsque des cloches mortes
m’ont annoncée.
Rien qu’une vieille mélodie,
quelque chose [..]
de sage comme la mer,
qui grelotte depuis mon sang,
qui renouvelle ma lassitude d’autres âges.
J’ai appelé, appelé comme l’heureuse naufragée
les vagues tortionnaires
qui connaissent le véritable nom
de la mort.
J’ai appelé le vent
je lui ai confié mon désir d’être.
Mais un oiseau mort
vole vers la désespérance
au cœur de la musique
[..].
Un oiseau mort appelé bleu.
Ce n’est pas la solitude avec des ailes,
c'est le silence de la prisonnière,
c'est un mutisme d'oiseaux et de vent,
[..].
J’ai appelé, j’ai appelé.
J’ai appelé vers jamais.
Dehors du soleil.
Je m'habille de cendres.