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Citations sur Oyana (61)

Une fois que l’on s’est accroché à la géographie d’un lieu, on doit s’accrocher à son pays intérieur.
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Il faut que je remonte à la source, à celle du mensonge, ou à celle de ma vie. Qui fait partie du mensonge. […] La vérité a besoin de l’instant alors que le mensonge se nourrit de la durée.
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«Ceux qui portent un rêve peuvent disparaître, cela ne fait pas disparaître leur rêve».
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Tunnel
Les trois hommes se relaient toutes les heures dans l’étroit conduit pour creuser. Au fond du trou, Iban pense à la femme qu’il a quittée pour venir ici se battre pour la cause. La femme est enceinte. Elle accouchera avant la fin de l’année. Lui doit creuser. Il faut que le tunnel atteigne le milieu de la rue Claudio Coello pour ensuite y entasser un maximum de dynamite, deux mètres sous la chaussée. Les trois hommes procèdent avec la plus grande prudence. L’opération dure depuis des mois mais on touche au but. On connaît l’emploi du temps du Premier ministre par cœur. Il emprunte cette rue chaque matin après une visite à l’église Saint- François-di-Borgia. Il commence toujours sa journée de travail par une prière. Le détonateur est connecté. Les trois hommes ont préparé leur fuite dans les moindres détails. Ils changeront de véhicule à mi-chemin pour semer d’éventuels poursuivants. C’est bientôt Noël. Mika, déguisé en électricien, tient le détonateur. Iban guette la rue, prêt à donner le signal. Jon au volant de la Fiat laisse tourner le moteur. La luxueuse Dodge Dart approche. Au moment où elle atteint la zone fatidique, Iban donne le signal, Mika active le détonateur et la force de l’explosion fait s’envoler vers le ciel le Premier ministre, son garde du corps et son chauffeur. Le souffle est si puissant que la voiture blindée est projetée à trente mètres dans les airs au-dessus d’un immeuble et s’écrase dans la cour intérieure du couvent voisin. La poussière n’est pas encore retombée que Jon, Mika et Iban sont déjà loin. Carrero Blanco agonise, le garde et le chauffeur sont morts.
Au même moment, alors qu’ETA vient de réaliser l’attentat le plus spectaculaire de son histoire, une femme donne naissance à une petite fille. Nous sommes le 20 décembre 1973. Oyana vient de voir la lumière au bout du tunnel.
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8 mai 2018
Pour toi, Xavier
Je te dois un tas d’explications. Ça risque d’être long. J’essaie depuis plusieurs jours de trouver comment le faire. Quoi qu’il en soit, j’ai décidé de ne pas te demander pardon. Ce que je te demande, c’est d’essayer d’au moins comprendre en dépit des raccourcis inévitables.
Je pourrais te demander de me faire confiance, mais tu le fais déjà depuis vingt ans. Et comment te demander cela alors que je me prépare à t’expliquer que tant de choses étaient fausses?
Pour que tu comprennes dans quel état d’esprit je me trouve, je n’ai pas jeté mes premiers brouillons. Je veux que tu saches mes tâtonnements, que tu saisisses par ces débuts avortés ce que cela me coûte.
5 mai 2018
Dire la vérité ou m’enfuir sans un mot parce que les remords se sont accumulés? M’asseoir devant toi pour tout révéler ou prendre mes jambes à mon cou? Parce que je ne sais que faire, parce que je n’ai pas de réponse, j’ai décidé d’écrire. Je tourne autour depuis hier, pour ne pas dire depuis toujours. C’était déjà là quand nos chemins se sont croisés au Mexique, quand nous avons eu notre coup de foudre. C’était comme tu disais au début: tomber en amour.
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J'ai simplement besoin de t'écrire, d'écrire, de parler avec quelqu'un. Maintenant que je t'ai quitté, il ne reste plus que toi.
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Mon pays, c'était donc ça, ses (sic) maisons carrées blanches à volets rouges, moi qui désormais avait passé plus de temps ici au Québec que dans le lieu de ma naissance. Ce paysage continuait à m'être étranger. Je n'y avais pas grandi, je n'en possédais pas les codes. Le territoire est un langage. Si on ne le parle pas dès l'enfance, il manque toujours quelque chose. Je n'arrive pas à envisager la vie le long de ces longues routes interminablement droites. Qu'y fait-on quand on a 7 ans ? Comment passe-t-on ses samedis après-midi quand on a 12 ans ? On se rejoint où à l'adolescence quand on habite entre Montréal et Trois-Rivières, à Shawinigan ou à Thetford Mines ?
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Il m'apprenait beaucoup de choses, juste en racontant. Il n'essayait pas de me convaincre. Il m'expliquait l'Histoire. Il me parlait des Escadrons de la mort des GAL. Il me rappelait que Franco avait interdit la langue basque, que la France de la Révolution avait fait la même chose jusqu'en 1794. Il ramenait le problème basque mille ans en arrière. La question de l'indépendance était pour lui surtout une question de justice. Ceux qui ne voulaient pas d'un peuple et d'un Pays basque étaient ceux qui ne supportaient pas l'idée de la liberté telle que les Basques la pratiquaient depuis le Moyen Âge avec le régime foral. On ne connaissait pas la servitude, tout individu était libre. On se partageait les terres. On se réunissait pour voter les décisions importantes liées au village et aux maisons (etxe). Les Basques résistaient depuis des siècles aux tentatives de domination extérieure et de centralisation. C'était un peuple trop libre, de berges montagnards et de marins au long cours, qui avait toujours gêné le pouvoir en refusant de se laisser contrôler et exploiter. Les incohérences de l'Histoire, Mikel les connaissait. Il y avait les vaincus et les vainqueurs. Le statut de nation était glorifié par la France et l'Espagne quand il s'agissait de parler de leur grandeur, mais méprisé quand d'autres le revendiquaient.
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La mort de Manex m'obligeait à m'interroger et à me rapprocher de ceux qui voulaient l'Indépendance. Je n'avais jamais compris où était le problème. Peut-être que mes ancêtres étaient basques et qu'on avait pêché la baleine et la morue et qu'on était des grands voyageurs, de grands navigateurs, peut-être que la langue basque était unique et que ses racines étaient un mystère, qu'on buvait du cidre, qu'on élevait des brebis, qu'on dansait en sautant, mais moi, j'étais née en France, j'avais suivi l'école en français, je venais d'avoir ma licence et je voulais voyager. Je n'avais jamais parlé le basque à la maison avec mes parents. Pourquoi me serais-je mêlée de ces histoires d'Indépendance ? Est-ce que la langue basque était en train de mourir ? Peut-être, peut-être pas, mais sinon à quoi servait-elle ? Pour moi, elle était le symbole d'un autre temps, d'une époque révolue, celui du clergé et de la religion régnant en maîtres sur les consciences. Je n'allais pas approuver les vieilles traditions de culs bénis pour le plaisir de faire partie de la bande. Mais Manex était mort et sa mort était liée à toutes ces histoires, je ne pouvais pas m'enlever ça de la tête.
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A chacune son séisme.
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