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Éric Plamondon (Autre)
EAN : 9782374911755
76 pages
Quidam (04/02/2021)
3.7/5   59 notes
Résumé :
Aller aux fraises, c'est une langue qui sillonne les bois, les champs, les usines, les routes sans fin, les bords de rivière. C'est le sort de ceux qui deviennent extraordinaires à force d'être ordinaires. On s'y laisse porter par les souvenirs d'un père qui s'agrègent pour devenir les légendes du fils. Ce fils qui veut construire son propre récit et qui retrouve sa mère le temps d'un nouveau cycle.
Eric Plamondon raconte la démesure de l'ordinaire. Sur le vi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (25) Voir plus Ajouter une critique
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Ce mince volume est un recueil de trois nouvelles.


La première, Aller aux fraises, nous renvoie aux dix-sept ans de l'auteur, à l'insouciance d'une jeunesse pressée de vivre l'amour, la fête, l'alcool, et qui, tout entière tournée vers l'aube de ce qui lui semble encore la liberté parfaite, ne réalise pas encore tout ce qui finit aussi à cette saison de la vie. "Il faudra quitter la maison sans savoir qu'on n'y reviendra jamais vraiment. C'est la fin de l'enfance, la fin d'une vie, le moment où on quitte ses parents et le début d'une autre." La nostalgie point dans les souvenirs de l'auteur, à son tour à l'âge qu'avait son père à l'époque. Elle se fait poignante, alors que se dessine toute la portée du constat paternel, si pudique et si poétique dans son laconisme, d'un fils parvenu au temps d'aller aux fraises.


La deuxième, Cendres, poursuit l'hommage de l'auteur à son père en rapportant une de ses anecdotes, dans une évocation révélatrice du puissant lien filial de l'écrivain. La narration se déploie autour de quelques personnages modestes, prompts à venir oublier leurs pénibles professions ouvrières autour du billard et au fond des bouteilles du bar local. Leurs légendaires et flamboyantes parties auront un prix, mais cimenteront une amitié touchante de sincérité et de maladresse. D'une irrévérencieuse drôlerie, le texte s'égaye de dialogues savoureux, aux accents profondément authentiques.


Enfin, Thetford Mines évoque les longues et parfois aventureuses allées et venues de l'auteur, encore étudiant, entre le domicile de sa mère et celui de sa blonde : "deux heures de route aller, deux heures de route retour, beau temps mauvais temps", une tempête de neige n'arrêtant pas un Québécois pour si peu. La nouvelle nous emmène sur les grandes routes rectilignes qui, en traversant les forêts, se mettent à jouer aux montagnes russes à l'approche des Appalaches. le décor varie du blanc neigeux au gris pierreux des terrils, la ville désormais économiquement sinistrée de Thetford Mines se prêtant au passage à l'évocation des mines d'amiante, de la grande grève de 1949 et du bouleversement politique et social qu'elle provoqua au Québec.


On ne se lasse pas du talent de conteur et de la finesse d'évocation d'Eric Plamondon, qui, au travers de l'ordinaire, sait si bien exprimer la fragilité des hommes, du temps qui passe et de la vie. Chacun de ces trois courts textes est un trésor d'émotions pudiquement suggérées, en même temps qu'un régal des mots et de la langue, alors qu'y chantent pour notre plus grand plaisir l'accent et les expressions québécoises. Sous le charme, le lecteur referme ce livre avec au coeur l'envie de faire encore, dès que possible, un p'tit boute en compagnie de cet auteur.
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Eric Plamondon évoque l'année de ses dix-sept ans. Les virées avec les copains. Les saouleries à la bière. Glander. Regarder le soleil se coucher. Embrasser sa petite amie. Célébrer la fin du lycée avec tous ses potes, ce moment où l'on sait bien que chacun va partir étudier de son côté, faire sa vie. Partir étudier dans une autre région du Québec, un endroit autrefois prospère désormais complètement sinistré. Quel que soit le temps, faire le trajet tous les week-ends ou presque pour retrouver sa blonde. Se remémorer la vie à Saint Basile racontée par son père, celle de gens simples qui n'avaient d'autre horizon à la fin de la journée de travail que le bar où l'on ne dessoulait jamais et sa table de billard. L'auteur partage ses émotions avec pudeur sur une bande-son tout droit sortie des cassettes de son auto-radio. Tous ces moments sans importance mis bout à bout et qui constituent une adolescence évanouie, ce moment où l'on croit qu'être parti de chez ses parents va procurer enfin la liberté.

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Petit recueil, moins de 100 pages de prose, trois nouvelles à saveur autobiographique où il ne sera pas vraiment question de petits fruits rouges.

Un premier texte raconte les beuveries et les frasques d'adolescents qui terminent leur secondaire. On y trouve les virées avec les copains, les premières amours et les relations avec son père chez qui le jeune homme habite.

Le second texte raconte le patelin d'origine de son père, la table de billard et les cuites mémorables de héros du village dans les années 60.

Pour la troisième partie, l'auteur habite chez sa mère à Thetford Mines pour fréquenter le Cégep. Il raconte un peu l'histoire de cette ville de l'amiante et revient sur le divorce de ses parents. C'est aussi le passage à l'âge adulte, le cap des dix-huit ans et le plaisir de posséder sa première voiture.

Une écriture vive, qui a du rythme et qui raconte avec brio des étapes du cheminement vers l'âge adulte.

(Malgré ses qualités, c'est le genre de récit que j'ai du mal à apprécier. Quand quelqu'un raconte joyeusement comment il a conduit son auto en état d'ébriété, je ne peux pas m'empêcher d'éprouver un certain malaise. Chaque année, des jeunes se tuent à cause de ce genre d'imprudence, ou blessent des innocents qui ont le malheur de croiser leur route. Est-ce que je peux vraiment trouver ça drôle?…)
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Ce que j'ai ressenti:

🍓 « On dirait que t'es allé aux fraises. »🍓

Il n'y a vraiment rien qui sorte de l'ordinaire, c'est la vie et ses drames, ses manquements et ses imprévus. C'est presque rien, et pourtant c'est dense. Éric Plamondon arrive à saisir tous ces petits riens qui font leurs vies, avec des expressions de là-bas qui sentent bon le dépaysement et le froid du Québec. C'est un peu de la jeunesse qui s'étale, c'est un peu de la vieillesse qui s'essouffle…Des respirations retenues des générations, des haleines chargées d'alcools, des expirations essentielles de soulagements…C'est de la ferraille cabossée, des routes interminables, des paysages abrupts…C'est comme Aller aux fraises, ramener des cendres et découvrir Thetford Mines. Ce sont trois nouvelles. de l'ordinaire vif. du vrai et de l'imagination pour ressentir les tempêtes, pour lutter contre la torpeur. Avant la poussière. Écrire quelque chose, faire lire et rendre beau des tranches de vies. Les rendre extraordinaire, le temps que l'on s'en émeuve.

C'est presque trop court parce qu'on est bien avec eux, à apprécier leurs quotidiens, leurs dynamiques de vies, leurs mots qui sonnent et traversent les souvenirs, à les regarder avant qu'ils ne s'en aillent vers d'autres ailleurs, avant d'en perdre le temps. Rester un peu. Juste ressentir la joie d'un avenir à construire envers et contre tout, juste être ébloui par le potentiel infini de la jeunesse qui s'ouvre au monde…C'était presque rien, mais c'était un moment privilégié…

« C'était difficile à imaginer, mais on avait dix-sept ans et on était en amour. »
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« Aller aux fraises » Prenez un panier, suivez le chemin, tout droit, vous trouverez un livre. Cueillez-le, goûtez-le, mais laissez-moi la dernière fraise ! Ce livre savoureux est un nectar. le regain, l'annonce d'un printemps enfin heureux. Un livre plein de sève, émouvant, tendre comme du bon pain. Son palpitant est fondant et sucré. Une pure réjouissance. le chant de la langue est le palais du jour. Ce jeune narrateur de dix-sept ans qui conte son initiation à la vie. La gravité cachée sous une trame arc-en-ciel. Ecoutez-le, on aime se sentir apprivoisé, captivé, chamboulé par cette myriade de mots. Un an de sa vie, le passage sur le gué, l'envolée fabuleuse d'un récit qui fera date. « C'était la fin de quelque chose. Je me dirigeais tout droit vers les responsabilités, les histoires d'amour compliquées, les haines partagées, les collègues insignifiants, le mariage, le divorce, avoir un enfant… et souvent me souvenir de la fois où mon père m'avait dit : « On dirait que t'es allé aux fraises. » Cette phrase les amis, apprenez-la par coeur. Je ne peux vous dire pourquoi, mais j'aime cet instant, ce regard d'un père vers son fils. Ici, dans cet axe, tout est fusion. le relationnel, l'émancipation de ce jeune homme, le trait-d'union d'une émotion vive comme une parabole coquelicot en plein champ. J'ai pleuré, ici, mais que c'est beau ! Ce détournement par une image parabolique. Éric Plamondon sème des cailloux sur son chemin. Nous le suivons, le coeur léger, l'âme apaisée. Et sans doute, les secrets percent au travers des empreintes de ses pas sur la neige de son adolescence où il côtoie des êtres ivres d'humanité, de fraternité, des instants un peu risqués qui ne sont que des bons souvenirs et des alliés pour le lendemain. « Faudrait pas que ça vire en neige. -De toute façon, on arrive à Sainte-Anne, on va pouvoir ressortir le gin. Veux-tu que je r'prenne le volant ? -Je peux encore faire un p'tit boute. » Que va-t-il se passer ? Rires, rires, rires, surprises… Ballon de baudruche qui va éclater. Prenez le temps de lire ce grand livre, encore et encore. Surtout dans la troisième partie, arrêtez-vous près d'Éric Plamondon. L'heure est grande, magique. Ce sera ici, la renaissance. J'aimerai dire à Éric Plamondon combien « Aller aux fraises » est salvateur. Combien ce livre arc-en-ciel entre neige et tendresse est une bouffée d'oxygène. Cette ode à l'apprentissage de la vie est vivifiante et magistrale. Publié par les Éditions Quidam éditeur qui nous prouvent une nouvelle fois une haute qualité éditoriale.
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critiques presse (1)
LaPresse
25 mai 2021
« Qu'est-ce que vieillir ? » Voilà une bien grande question que pose Éric Plamondon dans son tout nouveau recueil de nouvelles, Aller aux fraises.
Lire la critique sur le site : LaPresse
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
On s'est fait un dernier signe de la main et ils ont disparu derrière la haie de cèdres des voisins à mesure que nous prenions de la vitesse. Je ne savais pas encore ce que mon père savait depuis longtemps : même si j'allais parfois revenir, c'était fini. En quittant cette maison, je quittais définitivement mon enfance, mon père, sa blonde. Je reviendrais, mais ce ne serait plus pareil. C'était la fin d'un monde. Je comprendrais bientôt ce que signifie être seul, assumer ses choix, décider d'avancer ou de reculer, n'avoir personne à appeler au milieu de la nuit réveillé par un cauchemar où l'on tombe en tourbillon vers la gueule ouverte d'une baleine aux yeux injectés de sang mélange d'Icare et de Jonas, humains punis de leur orgueil et de leurs blasphèmes. C'était la fin de quelque chose. Je me dirigeais tout droit vers les responsabilités, les histoires d'amour compliquées, les haines partagées, les collègues insignifiants, le mariage, le divorce, avoir un enfant, vieillir, changer d'idée, douter, chercher des réponses, sombrer, se relever, tenter, recommencer et, souvent me souvenir de la fois où mon père m'avait dit : "On dirait que t'es allé aux fraises."
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J’avais l’impression de m’enfoncer dans la tempête, de plonger en son sein alors que ce n’étaient que les cieux qui passaient au-dessus de moi en balayant toute la Belle Province. Les phares de la Honda Civic creusaient un tunnel dans le blanc des tourbillons de cristaux. Ce n’était plus le véhicule qui avançait mais les éléments qui se précipitaient vers moi. J’étais comme Han Solo quand il fait passer le Faucon Millenium en hyper-espace et que des milliards de points lumineux semblent bombarder le cockpit : étoiles, super nova, naines blanches, soleils, galaxies… Mon retour devenait l’errance d’un naufragé solitaire.
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Mon père a fini par s’approcher et m’a pris dans ses bras. Il m’a serré très fort contre lui, comme il ne l’avait jamais fait. Et j’ai senti les sanglots qui montaient à travers les soubresauts de son corps. Des larmes se sont formées au coin de nos yeux. Il a reculé d’un pas en me tenant par les épaules et il m’a dit « Je t’aime, mon fils. »

(Le Quartanier, p.39)
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Mon père et sa blonde étaient rentrés de Vancouver un jour plus tôt que prévu à une heure du matin. On venait de faire l’amour sur le divan dans le salon avec Isa. Ça nous avait ouvert l’appétit. On s’était fait des toasts au beurre de peanuts et un verre de Quick. Tout nus au milieu de la cuisine, on avait mis quelques secondes à réaliser que le bruit de moteur et l’éclat des phares dans la cour annonçaient la fin de notre solitude à deux. On était vite allé se mettre en robe de chambre tout en essayant de faire comme si de rien n’était. Comme on dit, on s’était vraiment fait pogner les culottes à terre. Mon père et ma belle-mère avaient fait un ben beau voyage.
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Je me dirigeais tout droit vers les responsabilités, les histoires d'amour compliquées, les haines partagées, les collègues insignifiants, le mariage, le divorce, avoir un enfant, voir ses parents, vieillir, changer d'idée, douter, chercher des réponses, sombrer, se relever, tenter, recommencer et, souvent, me souvenir de la fois où mon père m'avait dit : "On dirait que t'es allé aux fraises."
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Vidéo de Éric Plamondon
Alison, libraire du rayon Poche, présente Taqawan d'Eric Plamondon paru aux éditions Quidam.
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