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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Celles et ceux qui me suivent ici ou là sur les réseaux littéraires savent mon engouement pour les écrivains du XIXème siècle… Il était donc normal que cet essai, Féminin/Masculin dans la presse du XIXème siècle, paru aux Presses Universitaires de Lyon sous la direction de Christine Planté et Marie-Eve Thérenty et proposé par la masse critique non-fiction de Babelio, attire mon attention.

Depuis quelques années, les études de genres intéressent de plus en plus les étudiants et les doctorants en lettres… Ici, elles sont croisées avec une analyse de l'évolution de la presse à une époque où la diffusion des journaux prend une certaine ampleur et où les femmes essaient de faire entendre leurs voix.
Personnellement, je peux citer facilement, sans tricher, quelques noms d'autrices du XIXème siècle comme George Sand, La Comtesse de Ségur, Marceline Desborde-Valmore, Jane Austen, les soeurs Brontë, Mary Shelley… ; je pense aussi à d'autres que je ne me risque pas à nommer sans vérifier, peut-être mortes après 1900 ou nées avant 1900 mais plutôt rattachées selon les dates de publications de leurs oeuvres au XVIIIème ou au XXème siècles. Je pourrais les inclure dans ma petite liste puisque les deux directrices de recherches évoquent un « grand XIXème » s'étalant de la veille de la Révolution à l'entre-deux-guerres…
En revanche, je suis incapable de citer la moindre journaliste et j'ignore si certaines autrices ont également publié des articles dans la presse.
Mais je connaissais l'expression « Bas-bleus », auréolée de pédantisme, pour désigner les femmes un peu trop savantes, les intellectuelles ou celles qui avaient, envers et contre tout, des prétentions littéraires !

Ce manuel aborde diverses focalisations très intéressantes autour du rôle de la presse dans la codification des postures masculines et féminines, dans la construction identitaire ou la propagation des stéréotypes sociaux ; il est question de la place des femmes objets, sujets ou destinataires des contenus journalistiques, de leur rapport à l'actualité, à l'espace public, de la féminisation de la langue…
Cinq parties :
- Diffusion et contestation des stéréotypes,
- Discours sur l'art et la littérature au prisme du genre,
- Faits divers,
- Femmes journalistes,
- Vers le XXème siècle.
Un sommaire dense et éclectique…

Compte tenu de l'état de ma PAL, je n'ai pas eu le temps de tout lire in extenso dans le délai d'un mois imparti pour rendre ma chronique sur Babelio… de plus, je pense que ce genre de manuel est surtout un outil de travail pour les étudiants de lettres ou les passionnés de la période ; personnellement, j'ai favorisé la picorage à partir de l'index et la lecture des sujets qui m'attiraient le plus.
Je me suis interrogée sur la réception des articles écrits par des femmes, sur la représentation des lectrices de journaux, apolitiques, mondaines, acheteuses, modernes, féministes…, sur l'engouement romanesque du lectorat féminins pour les compte-rendu de procès d'assises et les faits divers criminels, sur la popularité des articles mettant en scène des femmes criminelles, sur les manières différentes de traiter les scripts selon que le coupable est un homme ou une femme…
J'ai daté une nouvelle approche de l'homosexualité à la lecture de l'analyse des articles parus dans la presse à la suite du procès d'Oscar Wilde
J'ai retenu quelques noms de femmes militantes, reportrices ou reporteresses, journalistes : Marie Bonnevial, Marie-Louise Néron, Mathilde Stevens (alias Jeanne Thilda), Camille Selden, Clémence Badère, la Comtesse Dash, Albertine Philippe, Judith Mendès (alias Judith Gauthier), Jeanne de Moncel, Clémence de Sergy, la Comtesse de Marly, Jane Maberlay, la Comtesse Davrigny, Marie Montermerli, Solange Clésinder-Sand… Elles ont longtemps été cantonnées aux rubriques concernant les mondanités, la mode, la maison, les sphères intimes et privées ; pas question pour elles de parler politique, diplomatie ou de signer des éditoriaux ! Apparaissent alors les noms de Marie d'Agoult (écrivant d'abord sous le pseudonyme de Daniel Stern), Félicité de Lamennais, Marguerite Durand (fondatrice de la Fronde), Caroline Rémy (alias Séverine), Hélène Sée, Marie-Louise Néron, Avril de Sainte-Croix (alias Savioz) … Il faudra encore de temps pour évoluer vers un véritable professionnalisme avec un salariat, vers un véritable réseau de femmes journalistes.

J'ai ainsi appris diverses choses…
Saviez-vous que Stéphane Mallarmé a entièrement rédigé une luxueuse revue, La dernière Mode, sous différents pseudonymes féminins ?
Connaissez-vous le nom du premier journal entièrement féminin ? Il s'agit de la Fronde, fondé en 1897, un périodique de haute tenue littéraire et politique, quotidien jusqu'en 1903, puis mensuel jusqu'en 1905. de nombreuses journalistes de premier plan y collaborent : Séverine, Marcelle Tinayre, Pauline Kergomar, Colette. Pour les curieux, sachez que, sur Gallica, ce journal est consultable de 1897 à 1908, mais aussi, lors de sa relance, pour 1926 et 1929.
Avez-vous entendu parler des Matinées espagnoles, revue internationale européenne à la parution bimensuelle de 1883 à 1896 à Paris et Madrid, dirigée par Marie-Laetitia de Rute (alias Baron Stock) ?

La conclusion des deux directrices réactualise les différentes recherches en fonction de problématiques très actuelles autour notamment de la pandémie de la Covid, du maintien des discriminations genrées…

Voilà un manuel que je range en bonne place sur les rayonnages de ma bibliothèques consacrés aux Lettres Modernes ; je sais que j'y reviendrai souvent.
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Au xixe siècle, la presse connaît un essor remarquable sous l'effet des transformations économiques, techniques et sociales à l'oeuvre dans la société française : on entre dans ce que des historiens ont appelé la « civilisation du journal ». Dans un temps où les rapports entre les sexes et les normes de genre évoluent, la presse contribue à redéfinir les rôles de chacun.
Merci Babelio de m'avoir fait découvrir ce petit bijou. Ce livre est extrêmement intéressant et retraces en détails l'évolution de la femme et la féminité dans la presse à travers ce long siècle. le vocabulaire employé est parfois compliqué mais compréhensible par le contexte.
Très beau travail de la part des chercheurs. Merci!
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