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Début des années 20. Berta Altmann se cherche en tant qu'artiste et tente de trouver un mouvement qui lui convient, s'il existe ! de Weimar à Prague, nombreux sont les peintres inspirants dont elle croisera le chemin, et cela jusqu'à la fin de sa vie. Des années après sa mort, une équipe de tournage israélienne s'intéresse à ses travaux et son destin de femme indépendante. Ils en déterrent des informations fracassantes.

Magdaléna Platzova livre ici un roman illustrant les heures sombres du siècle dernier, autrement dit la Seconde Guerre mondiale et la déportation des Juifs, le tout sous le prisme de l'art. de cette intrigue sensiblement sordide émerge Berta Altmann, un personnage très touchant au regard doublement ancien et moderne sur l'art. A travers cela, une quête de vérité se prépare. Elle veut se connaître, elle, les autres, et l'essence même du monde qui l'entoure. C'est à la fois beau et déroutant la façon dont l'intrigue peut prendre cette tournure si philosophique. Berta est directement inspirée de Friedl Dicker-Brandeis, enseignante d'art au camp de Terezín en République Tchèque et assassinée à celui d'Auschwitz.

Le lecteur alterne assez régulièrement entre la vie de Berta et celle de l'équipe de tournage. Il se trouve propulsé des années en arrière au coeur des plus grandes écoles d'art à peine créées, fréquente des maîtres intemporels comme Klee mais aussi Kandinsky, prend part aux débats et aux disputes mais surtout, rêve avec eux de grandeur, d'inspiration et de nouveauté. le problème ? Les personnages sont extrêmement nombreux, voire trop. Il est plus que facile de s'emmêler les pinceaux, car les personnalités mises en valeur au sein du livre sont très rares. Différencier les personnages avec l'unique aide de leur nom devient rapidement un calvaire.

Beaucoup de passages sur l'Art sont également très élitistes et mettent en exergue de vrais sujets de niche, ce qui ne facilite pas la lecture de celui qui ne s'y connaît pas beaucoup en Histoire de l'art. le saut d'Aaron n'en reste pas moins une intrigue forte et intéressante mais dont l'écriture et les sujets auraient nécessité une plus grande simplicité pour émouvoir davantage.
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Ce roman nous fait remonter le temps et nous plonge au coeur de la vie d une artiste des années 30-40, Berta Altmann. C est Kristina, une amie qui nous invite à se souvenir d elle.

J ai eu du mal à suivre le schéma narratif. On passe d un personnage et d une époque à l autre. Les transitions sont parfois assez abruptes.
Écrit par une auteure tchèque, j ai trouvé l écriture assez particulière. le récit pourrait être poignant mais c est assez impersonnel. Kristina raconte des souvenirs sans prendre à parti le lecteur. Je suis restée un peu spectatrice de l histoire. Malgré tout, les pensées des personnages sont fidèles, collent bien à leur époque et c est assez agréable d essayer de se mettre dans un contexte différent, et tenter de faire fi de notre regard contemporain sur le passé.

Je n ai pas compris le titre car le personnage d Aaron est pour moi très secondaire, c est surtout la vie de Berta Altmann, inspirée de la vie de la peintre Friedl Dicker-Brandeis et de Kristina, la principale narratrice qui nous sont révélées.

C est un roman d introspection, n y attendez donc pas de l action. Je pense que le style ne m a pas plu et ne m a pas permis d apprécier le livre comme il se doit mais qu il plaira à d autres, sans aucun doute.
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Librement inspiré de la vie de la peintre Friedl Dicker-Brandeis, le saut d'Aaron est un roman exigeant par sa narration non linéaire et ses références artistiques.
J'avoue être passé un peu à côté. le destin de cette femme dans les années 30, entre Autriche, Allemagne et Tchéquie ne manque pourtant pas d'intérêt. C'est clairement le traitement choisi par l'autrice qui n'a pas su susciter mon enthousiasme.
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M'aventurer dans un roman tchèque, voilà qui me sort clairement de mes habitudes de lecture !
Lorsque des réalisateurs israéliens viennent tourner un documentaire sur Berta Altmann, une peintre de l'entre-deux guerres assassinée à Aushchwitz, Kristýna y voit l'occasion de donner à son amie la renommée qu'elle méritait et n'a pas eue.
Milena, la petite fille de Kristýna, va quant à elle servir d'interprète à l'équipe de tournage, et les accompagner sur les lieux où a vécu la peintre.
Trois femmes, trois regards sur la société dans laquelle elles évoluent. Berta, Kristýna et Milena sont autant de facettes du roman.
Le tournage de ce documentaire, en poussant Kristýna à se retourner sur son passé, va lui offrir l'occasion de revenir sur certains secrets de son passé, souvenirs enfouis volontairement pour ne pas avoir à les affronter.
Berta, dont le roman retrace la vie est un personnage fascinant et j'avais hâte de reprendre ma lecture pour la suivre. Son charisme est indéniable et l'impression qu'elle a laissée durablement sur ceux qu'elle a fréquentés ressort dans les interviews réalisées dans le cadre du tournage.
Quant à Milena, encore jeune, elle bâtit sa vie sur les souvenirs que lui ont laissés ses aînés, et s'interroge sur son avenir.
J'aime beaucoup les narrations alternées et le saut d'Aaron ne fait pas exception à la règle. Ces trois points de vue, tous féminins, sont aussi émouvants les uns que les autres.
Ce qui m'a aussi particulièrement plu, c'est l'ancrage dans l'Histoire.
Cette gravité, les interrogations, les dilemmes auxquels ont été confrontés les juifs d'Europe Centrale, se ressentent très fortement et font de ce roman une oeuvre empreinte d'émotion, qui entretient le devoir de mémoire.
En lisant la présentation de ce roman par les Editions Agullo, j'ai appris que Berta Altmann était inspirée de Friedl Dicker-Brandeis, une artiste que je ne connaissais pas du tout, qui apprit l'art aux enfants en camps de concentration et fut envoyée à la mort le lendemain de sa déportation à Auschwitz.
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PEINTURE INTROSPECTIVE

Traduit par Barbora Faure

Le saut d'Aaron est un roman qui donne le vertige. Artistique dans un premier temps, sentimental dans un second, et historique dans un troisième temps. Magdalena Platzová est une autrice exigeante, aux multiples strates narratives. À travers une équipe de tournage israélienne, et les lettres de Berta qui n'est autre que le double fictif de Friedl Dicker-Brandeis, l'autrice écrit avec pudeur et retenue. Certains pourraient s'y perdre, mais le jeu en vaut la chandelle. Ces lettres fictives parlons-en car elles rayonnent par la lucidité, l'exaltation, l'introspection qu'une femme dans les années 20 puisse ressentir. Dans une Europe des années 20 qui commence à partir en fumée avec ses imperfections bien sur mais toujours avec honnêteté. Parfois les choses ne s'expliquent pas, elles viennent à vous et vous touchent. Un roman propre, académique ou scolaire passe inaperçu et ne laisse aucun souvenir. J'aime être surpris et apprendre au fil de mes lectures et ce n'est pas mon pote Confucius qui dira le contraire « Celui qui aime apprendre est bien près du savoir ». Comme tout premier roman il y a cette volonté de tout donner à son lecteur, parfois un peu trop. Et pourtant, l'histoire de cette femme qui enseigna l'art aux enfants dans l'enfer du camp de Terezin m'a touché. Parce qu'elle aborde ce pan de l'Histoire à rebours de certaines littératures, ici c'est l'art qui gouverne. Un art transmis par le prisme de l'école du Bauhaus à partir de 1919 où la créativité, l'absence de différence entre artiste et artisan, la construction comme leitmotiv, étaient des éléments fondateurs.

« À l'époque d'une révolution, l'art n'est pas une vocation ou une profession, c'est une névrose… »

Fille d'une dissidente tchèque et d'un réalisateur de documentaires, nous sentons que Magdalena Platzová ne fut pas insensible à ces thématiques où la petite histoire vient croiser la grande. Sans jamais être larmoyante, sans jamais toucher de trop près au sensible, elle vient parsemer par petites touches l'épisode tragique de la Shoah. le disant elle-même en live dans @vleel_ elle ne pouvait pas aborder l'horreur, cela était trop fort pour elle. Oui, ce texte est exigeant et notamment pour quiconque est étranger à l'art (ce que je suis en immense partie mais je me soigne) où vous essaierez de faire des ponts avec certains artistes. L'autrice aborde de nombreuses thématiques universelles mais notamment l'utilité de l'art, le dévoiement des Hommes quant à leur propre liberté, eux, qui ne mesurent pas la chance qu'ils ont d'être pour la majorité d'entre eux : libres. À travers ce mélange entre intrigue sentimentale, émancipation d'une femme après avoir été été enfermée dans une relation impossible avec un homme marié, Berta mérite toute la place qu'elle occupe. Avec ce roman vous serez surement déboussolé, ne vous attendez pas à de multiples rebondissements, prenez le temps de savourer certains passages délicieux sur cette femme qui dit le monde d'antan.
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Les romans retraçant des vies d'artistes sont des types de livres que j'apprécie souvent. Les questions tournants autour de la création artistique me passionnent et me rappellent mon premier amour, l'histoire de l'art. Magdaléna Platzova propose avec le saut d'Aaron, traduit par Barbora Faure, l'histoire romancée de Friedl Dicker-Brandeis, une artiste autrichienne morte à Auschwitz et proche du Bauhaus.A travers plusieurs récits, Magdalena Platzova dresse le portrait de Berta Altman, double de l'artiste Friedl Dicker-Brandeis, entre Vienne, Weimar, Prague et Berlin. Elle fait le choix de se concentrer sur son parcours artistique et non sur sa déportation. L'accent est mis sur les choix de Berta pour devenir une artiste et une femme libre. Elle s'engage dans des combats esthétiques mais aussi idéologiques. Elle fait partie de l'école du Bauhaus et créé à partir de plusieurs médiums différents mais l'histoire de l'art semble l'avoir oublié. En parallèle de ce récit et des extraits des carnets de Berta, nous suivons une équipe de tournage israélienne qui entreprend de réaliser un documentaire sur sa vie. Pour cela il rencontre Krystyna, qui fut amie avec l'artiste, ainsi que Milena sa petite fille. Leur recherche permettra de déterrer des secrets enfuis.
Le premier chapitre du livre décontenance. On peine à savoir où l'autrice veut nous mener. Puis progressivement je me suis pris de tendresse pour Berta et le charme a opéré. le récit de sa vie, mêlée aux extraits de ses carnets, questionne sur la création artistique mais aussi sur l'émancipation des femmes. Des petites phrases parlant d'allaitement ou d'équilibre entre création et maternité m'ont particulièrement touchée et fait oublier certaines maladresses de construction.
Ce que l'histoire à reconnu de Friedl Dicker-Brendeis ce sont les cours de dessins donnés aux enfant dans le camp de Terezin mais l'autrice choisi de mettre l'accent sur l'art. Elle refuse de parler de ce qui est attendu, de l'horreur et de la mort. La fin tragique de l'artiste est suggérée mais pas racontée. C'est l'art qui est au coeur de ce roman ainsi que tous les questionnements qu'il suscite. L'école de Weimar, qui donne naissance au Bauhaus, est le terrain de débats acharnés et radicaux. le premier directeur de l'école entendait réunir tous les arts dans l'objectif de bâtir et d'abolir la différence entre artiste et artisan. Les édifices conçus et décorés par les artistes du Bauhaus, devaient servir à ceux qui les utilisait. Ils tendaient vers le mythe de l'art total. Même si l'école de Weimar subit les affres de l'histoire et périclite rapidement, l'influence de ces intenses années de débats artistiques a une influence sur les décennies à venir. Il est à l'origine du style international en architecture et continu d'imprégner les nouveaux édifices dressés dans nos villes. Les années que Friedl passe là-bas sont très riches sur le plan de la recherche artistique. Peintre, elle développe également un travail en reliure, en tissage ou encore en couture. Magdalena Platzova nous présente son personnage à ce moment de sa vie, et explore avec Berta l'intime de l'artiste.
Ce que l'histoire à reconnu de Friedl Dicker-Brendeis ce sont les cours de dessins donnés aux enfant dans le camp de Terezin mais l'autrice choisi de mettre l'accent sur l'art. Elle refuse de parler de ce qui est attendu, de l'horreur et de la mort. La fin tragique de l'artiste est suggérée mais pas racontée. C'est l'art qui est au coeur de ce roman ainsi que tous les questionnements qu'il suscite. L'école de Weimar, qui donne naissance au Bauhaus, est le terrain de débats acharnés et radicaux. le premier directeur de l'école entendait réunir tous les arts dans l'objectif de bâtir et d'abolir la différence entre artiste et artisan. Les édifices conçus et décorés par les artistes du Bauhaus, devaient servir à ceux qui les utilisait. Ils tendaient vers le mythe de l'art total. Même si l'école de Weimar subit les affres de l'histoire et périclite rapidement, l'influence de ces intenses années de débats artistiques a une influence sur les décennies à venir. Il est à l'origine du style international en architecture et continu d'imprégner les nouveaux édifices dressés dans nos villes. Les années que Friedl passe là-bas sont très riches sur le plan de la recherche artistique. Peintre, elle développe également un travail en reliure, en tissage ou encore en couture. Magdalena Platzova nous présente son personnage à ce moment de sa vie, et explore avec Berta l'intime de l'artiste.
Les parties du roman où nous suivons l'équipe de tournage m'ont moins emportées. Elles questionnent le poids du passé et ce qu'on decide de faire des mémoires traumatiques. L'écriture est belle mais à mon sens le récit est un peu en deçà du reste. J'ai néanmoins pris beaucoup de plaisir à découvrir cette artiste méconnue et au destin atypique. Je crois que la littérature à ce rôle aussi de nous ouvrir les yeux sur les oubliés de l'histoire. Berta / Friedl fut une très belle rencontre et une invitation à en connaitre d'avantage sur son travail.
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Fin des années 1990. Krystina reçoit une équipe de cinéastes israéliens venus réaliser un reportage sur son amie juive Berta Altmann, artiste peintre morte en déportation.

Les petits carnets laissés par Berta ouvrent à des flash backs sur ses pérégrinations à Weimar, Berlin, Vienne, Prague, sorte de parenthèses dans la grande Histoire, celle de l'entre-deux guerres, entre montée du nazisme et révolution russe.

C'est le moment de la révolution artistique que fut la période du Bauhaus : quand il s'agit d'abandonner les formes traditionnelles dites bourgeoises et subversives pour "construire", se défaire de l'individuel pour aller vers le collectif, adapter l'art et le soumettre au progrès. Mais la soumission n'est pas au programme de Berta qui, elle, croit en l'homme et qui, après avoir longtemps eu peur d'elle-même, fait le choix de la vérité et de la liberté.

Libre dans son art. Libre dans sa vie.

Mais être libre, c'est aussi parfois renoncer. Ainsi, renoncer à l'amour pour ne pas être prisonnière de l'amour.

A travers le destin de Berta, c'est aussi à la naissance de la "nouvelle femme" que l'on assiste, celle qui devient responsable de son sort, fût-il funeste. Naissance d'une femme engagée.

C'est au coeur de ces bouleversements structurels et sociétaux que le romanesque trouve sa place, lorsqu'il s'agit de dévoiler un secret tu pendant 50 ans, révélé bien après la mort de Berta.

Ce roman présente une analyse documentée sur une période charnière, tant sur le plan politique qu'artistique. Quelle est la place et le rôle de l'art dans cette nouvelle société ? Et d'y croiser plein d'artistes gravitant autour de ces pères de l'art abstrait que furent Klee et Kandinsky.

Mais surtout réel coup de coeur pour le destin de cette petite Berta Altmann, parachutée avec Art et Amours au sein d'une époque tourmentée. Berta, si fragile et si forte à la fois, si courageuse et si déterminée dans ses choix de vie. Berta qui illumine ce roman, de la même manière qu'elle adoucira les angoisses des enfants dans le camp de Terezin, en les initiant à l'art.

L'art qui ne sauve pas, mais qui apaise.

Roman d'atmosphère.

A savoir aussi que le personnage de Berta est inspiré de l'histoire réelle de Friedl Dicker-Brandeis, artiste peintre morte en déportation.
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le saut d'Aaron est une fiction dont le personnage autour duquel est bâtie la narration est Berta Altmann est très largement inspirée de l'artiste Friedl Dicker-Brandeis, figure incontournable du Bauhaus, assassinée à Auschwitz, après avoir passé des mois à enseigner le dessin aux enfants lors de son fermement au camp de concentration de Terezin, situé en république tchèque. Je découvre l'artiste avec ce titre, et surtout une femme indéniablement touche-à-tout dans son domaine de prédilection, l'Art, en peinture tout comme en décoration d'intérieur, architecture, elle fut autant enseignante, une pédagogue indéniablement douée, dont les cours d'art aux enfants de Terezin a été un extraordinaire défi de résistance à l'idéologie nazie, dont en tant que juive et communiste, elle était par nature l'ennemie. Comment sincèrement ne pas admirer une telle femme ?

Magdaléna Platzová a associé une poignée d'influences dans ce roman aussi instructif que saisissant. D'une part, ses influences qui lui viennent de son environnement familial, sa mère la journaliste Eda Kriseová était dissidente et issue d'une famille d'artistes, son père était réalisateur de documentaires. Si Berta Altmann est le double imaginaire de Friedl, nul doute que l'équipe qui réalise un reportage sur l'artiste assassinée est une sorte de succédané de l'auteure tchèque. Là où elle se détache du travail paternel, c'est qu'autour de l'occasion de raviver la mémoire de l'artiste, elle a monté de toutes pièces une fiction historique, qui réserve son lot de surprises.

Ce récit compte plusieurs focalisations narratives : Kristýna, autrefois l'amie de Berta, sa petite-fille Milena qui va seconder l'équipe en charge de questionner Kristýna et ses souvenirs. Puis Berta elle-même. le passé, la vie de Berta, est, on s'en rend peu à peu compte, relié par un mince mais bien réel fil au présent, celui du tournage, celui de Milena qui va s'enticher du cadreur, celui des secrets finalement amenés à être dévoilés. Ce roman est un drôle de mélange entre réalité et fiction dont les frontières ont été tellement gommées que j'ai fini par me demander à quel moment s'arrête l'une et commence l'autre. Car le twist narratif s'appuie effectivement sur l'un des éléments de la biographie de Berta. de cette plongée dans l'histoire à travers le prisme d'un mouvement artistique qui trouve ses moyens d'expression à travers différents procédés et qui ont révélés des personnalités uniques, qui ont marqué l'histoire à leur façon est en effet liée aux évènements vécus par Milena. Cette nouvelle performance artistique essentiel met en évidence le passé par la force d'une personnalité telle que celle de Berta, le présent reste tout de même en première ligne, le choix du titre le saut d'Aaron va dans ce sens-là.

Au-delà de cela, l'auteure aborde à travers la relation de Milena et d'Aaron une question à laquelle il n'y a pas de réponse vraiment satisfaisante, à savoir comment aujourd'hui aborder et raconter la Shoah. Certainement pas, c'est certain, par des comparaisons infâmes avec la campagne de vaccination du moment, mais le rire de ces rescapées de Terezin qui se finissent par se retrouver après tant d'années à l'évocation de leurs souvenirs communs heurtent autant un Aaron que la longue litanie de pleurs de Milena. Émoi débordant, colère, peine, l'auteure laisse ses personnages en proie avec la multiplicité de sentiments complexes que l'horreur de l'Histoire provoque.

Ce roman aux multiples facettes dessine des ponts entre le passé et le présent à travers l'histoire sémite entachée encore aujourd'hui d'une malédiction qui les laissent englués dans des conflits interminables. Mais aussi à travers dont chacun vit et travaille à travers son art. Aaron n'a certes rien d'une Berta, femme indépendante et courageuse, artiste revendiquée, mais il a sa façon bien à lui de voir le monde, révélé par l'objectif de sa caméra, et de vivre une guerre différente mais toute aussi destructrice et dont les enfants ne sont pas davantage épargnés.

Ce premier titre de la rentrée littéraire combine tout ce que j'aime : une vision historique de cette Europe Centrale tellement riche, la destinée d'une artiste hors norme, la vision d'une République Tchèque moderne et enfin cette mémoire de l'Holocauste qui se transmet de génération en génération, vécue sous le signe du rire pour certains, de la colère pour d'autres.


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A travers les yeux de Kristina qui l'a accompagné jusqu'à son départ pour le camp de Terezin, on découvre la vie de Berta Altmann, artiste juive autrichienne des années 20/30, réfugiée à Prague et qui sera assassinée à Auschwitz.
Une écriture qui ne m'a malheureusement pas accroché. Un style plat et des personnages auxquels je ne me suis pas attaché.
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Une équipe de tournage israélienne est venue à Prague pour réaliser un documentaire sur la peintre Berta Altmann qui est morte à Auschwitz. Pour reconstituer le parcours de cette femme, les réalisateurs vont interroger Kristyna qui était l'amie de Berta. Sa petite-fille, Milena, va servir d'interprète à l'équipe et la guider dans la ville. le tournage va raviver les souvenirs de Kristyna et des secrets qu'elle a longtemps tus.

Le roman de Magdalena Platzova est inspiré du destin tragique de Friedl Dicker-Brandeis. Celle-ci fut élève de l'école du Bauhaus à Weimar dès son ouverture. Elle fut ensuite enseignante et précurseur de l'art thérapie. Elle donna d'ailleurs des cours de dessin aux enfants enfermés comme elle dans le camp de Terezin. Elle fit partie du dernier convoi que les allemands firent partir de ce camp vers celui d'Auschwitz. L'ancrage historique du roman m'a beaucoup intéressée. La vie de Berta traverse une période extrêmement trouble et tourmentée pour l'Europe Centrale. Berta est née à Vienne, elle a également vécu à Prague, à Berlin. L'entre-deux-guerres fut source de révolutions positives (la proclamation de la République en Autriche par exemple) et d'évènements sombres qui menèrent à la seconde guerre mondiale. le bouillonnement artistique et intellectuel de l'époque est également très bien retranscrit. J'ai notamment beaucoup apprécié la partie concernant le Bauhaus fondé par Walter Gropius.

Au coeur de ces bouleversement, Berta Altman est un personnage passionnant, complexe et touchant. Une femme libre, indépendante mais qui est restée prisonnière de ses relations avec ses amants. Elle fut toujours à l'avant-garde sans réussir à concrétiser son talent. C'est finalement dans l'enseignement qu'elle s'est réalisée.

L'intrigue du roman fait des allers-retours entre le présent et le passé, nous proposant trois portraits de femmes. le personnage de Kristyna m'a intéressée car j'ai senti qu'elle avait des révélations à nous apporter sur la vie de Berta. En revanche, j'ai été moins convaincue par Milena qui m'a paru être en trop dans le roman.

« le saut d'Aaron » rend un très bel hommage au destin de Friedl Dicker-Brandeis et nous plonge dans l'entre-deux-guerre, en plein bouleversement historique et artistique.
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