Durant le jour, la créature ne me laissait pas seul un moment ; et pendant la nuit, à chaque instant, quand je sortais de mes rêves pleins d’une intraduisible angoisse, c’était pour sentir la tiède haleine de la chose sur mon visage, et son immense poids, - incarnation d’un cauchemar que j’étais impuissant à secouer, - éternellement posé sur mon cœur !
Le Chat noir
Un instant après, une douzaine de bras robustes s’acharnaient sur le mur. Il tomba tout d’une pièce. Le corps, déjà grandement délabré et souillé de sang grumelé, se tenait droit devant les yeux des spectateurs. Sur sa tête, avec la gueule rouge dilatée et l’œil unique flamboyant, était perchée la hideuse bête dont l’astuce m’avait induit à l’assassinat, et dont la voix révélatrice m’avait livré au bourreau. J’avais muré le monstre dans la tombe !
Le Chat noir
j’en vins à le considérer avec une indicible horreur, et à fuir silencieusement son odieuse présence, comme le souffle d’une peste.
Le Chat noir
Un matin, de sang-froid, je glissai un nœud coulant autour de son cou, et je le pendis à la branche d’un arbre.
Le Chat noir
Pluton - c’était le nom du chat - était mon préféré, mon camarade. Moi seul, je le nourrissais, et il me suivait dans la maison partout où j’allais.
Le Chat noir
J’étais particulièrement fou des animaux […]. Je passais presque tout mon temps avec eux, et je n’étais jamais si heureux que quand je les nourrissais et les caressais.
Le Chat noir
Mon dessein immédiat est de placer devant le monde, clairement, succinctement et sans commentaires, une série de simples événements domestiques. Dans leurs conséquences, ces événements m’ont terrifié, m’ont torturé, m’ont anéanti.
Le Chat noir
Derrière cette porte se tenait alors la haute figure de lady Madeline Usher, enveloppée de son suaire. Il y avait du sang sur ses vêtements blancs, et toute sa personne amaigrie portait les traces évidentes de quelque horrible lutte.
La Chute de la maison Usher
Et alors apparut, comme pour ma chute finale et irrévocable, l'esprit de PERVERSITE. De cet esprit la philosophie ne tient aucun compte. Cependant, aussi sûr que mon âme existe, je crois que la perversité est une des primitives impulsions du coeur humain, -une des indivisibles premières facultés, ou sentiments, qui donne la direction au caractère de l'homme. Qui ne s'est pas surpris cent fois commettant une action sotte ou vile, par la seule raison qu'il savait devoir ne pas la commettre. N'avons-nous pas une perpétuelle inclination, malgré l'excellence de notre jugement, à violer ce qui est la Loi, simplement parce que nous comprenons que c'est la Loi ? Cet esprit de perversité, dis-je, vint causer ma déroute finale. C'est ce désir ardent, insondable de l'âme de se torturer elle-même, de violenter ainsi sa propre nature, de faire le mal pour l'amour du mal seul, qui me poussait à continuer, et finalement à consommer le supplice que j'avais infligé à la bête inoffensive.
"Le Chat noir"
Alors je sentis fondre sur moi mille souvenirs de Ligeia, - je sentis refluer vers mon coeur, avec la tumultueuse violence d'une marée, toute cette ineffable douleur que j'avais sentie quand je l'avais vue, elle aussi, dans son suaire. La nuit avançait, et toujours, - le coeur plein des pensées les plus amères dont elle était l'objet, elle, mon unique, mon suprême amour, - je restais les yeux fixés sur le corps de Rowena.