L'idée du bonheur -argumentais-je- ne tenait qu'à condition que personne n'arriverait jamais à être heureux . p.247
Tomàs nous regardait, pensif, et je regardai Violeta qui le regardait les yeux ronds et brillants, qui étaient les yeux qu'elle faisait quand, je donne un exemple, tante Lucia nous avait emmenés à Letona voir le zoo et que nous nous étions arrêtés devant la cage du mandrill. p. 156
( Tomàs prof de musique 30 ans-Violeta 14 ans )
Qui veut l'infini ? Nous ne voulons que la finitude parfaite.
- Toujours la même chose ! s'exclama ma mère. La haine des gens de San Román contre nous, toute la famille d'abord et nous après, les bonnes soeurs et les curés en tête. Parce que nous n'allons pas à la messe. Et la réputation d'athée de ton grand-père ... Nous autres, nous avons toujours été des aigles, et elles, les bonnes soeurs, des volailles, des oiseaux de basse-cour. Tout leur est bon pour réciter leurs petites prières, une petite prière à Saint-Antoine quand elles perdent leurs épingles à cheveux. Parce qu'elles ne sont pas comme nous, parce qu'elles sont incapables de se débrouiller toutes seules. Elles nous envient car elles ne sont rien ni personne. Tandis que nous autres, nous sommes, nous nous contentons d'être et nous étincelons déjà comme des archanges, comme Lucifer, qui étincelait, est-ce qu'on ne vous apprend rien au catéchisme ?
C'était dimanche soir. L'heure du thé. En dépit des rideaux tirés depuis un moment, le vent échevelé évoquait sur les volets tout le grand automne de l'océan et de l'île et du brouillard, terrible dehors qui faisait que je me sentais beaucoup mieux chez moi que nulle part ailleurs.
Cet hiver-là fut plus hiver qu'aucun autre hiver.