Oedipe l'enfant trouvé

Après Thésée et Orphée, cette nouvelle incursion de Pommaux dans la mythologie grecque nous propose un des récits les plus connus et les plus « durs » de ce légendaire. C'est d'ailleurs ce que nous annonce le grand-père narrateur en introduisant la légende, « la plus triste, la plus tragique, la plus pitoyable de toutes ». Mais c'est aussi l'une des plus connues de notre culture actuelle, psy et autres sphinx en font foi !
Donc, comme nous le savons, Oedipe, abandonné par son père suite à une prédiction de la Pythie, finit quand même par épouser sa mère et tuer son père, jouet de dieux cruels. Mais l'histoire d'Oedipe, c'est aussi celle d'Antigone, une des plus belles héroïnes de la mythologie classique, exemple de piété filiale. Et le cycle d'Oedipe et Antigone est le terreau des plus grandes tragédies antiques … Autant de raison de se plonger dans ce récit fixé par Pommaux dans un style fluide, évitant les excès et le pathos, pour mettre à la portée des jeunes lecteurs l'un des plus grands mythes grecs. Et cette histoire de mensonge et de vérité, de colère et de violence, est mise en images de la manière la plus douce et la plus paisible, dans une gamme de couleurs un peu passées, où le soleil grec est tamisé, où les créatures monstrueuses semblent descendre directement d'un vase antique. Au final donc, un bel album équilibré pour cette histoire pleine de sang et de colère, à lire sans craindre un excès d'horreur.

C'est avec un réel plaisir que j'ai déniché les adaptations faites par Yvan Pommaux, chez l'Ecole des Loisirs, des légendes de Thésée, d'orphée et d'Oedipe. Ces beaux albums grand format, au dos toilé, proposent des versions complètes, à mi-chemin entre la BD et le livre illustré, de ces histoires. Les illustrations, ligne claire et couleurs pastels, sont belles et lisibles, mais surtout très bien exploitées : l'équilibre texte/illustration est parfait, et cela permet une lecture, le soir avant l'extinction des feux, fluide et appuyée par les images. Quand les illustrations sont trop peu nombreuses, on perd l'attention des plus jeunes, et quand elles le sont trop, c'est au détriment du texte qui devient du coup trop simple. Ici, c'est juste l'idéal.
La seule question qui reste, c'est par quel livre commencer ?
Certainement "Thésée" ou "Orphée", car des trois, "Oedipe" est le plus dur, ce qui ne surprendra personne. du coup, je ne l'ai pas encore lu avec les enfants. Inceste, meurtre, abandon et mutilation d'enfant, suicide, auto-mutilation : ce matériau est encore un peu trop rude pour mes bambins. Je leur lirai, car ce livre est aussi réussi que les autres, mais je vais quand même attendre que le cadet soit un peu plus âgé.