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sur 733 notes
N° 1432 - Février 2020.

Le parti pris des choses (1942) suivi de Proêmes (1949) – Francis PONGE- Gallimard.

Ce sont des poèmes en prose écrits par Ponge (1899-1988) au cours des années pendant lesquelles il a travaillé au Messageries Hachette et qu'il a qualifiées de « bagne ». On retrouve cette ambiance et ce rythme de la journée de travail dans certains de ces textes. Il a prétendu que cette période lui a laissé peu de temps pour écrire mais il s'est cependant laissé émouvoir par les choses les plus banales du quotidien comme une bougie, un cageot, une huître, le pain, la pluie, les lieux familiers, les humains… On est loin des sources d'inspiration des surréalistes dont il a pourtant été proche sans adhérer au mouvement. le langage est précis avec la volonté de se dégager des contraintes de le versification. Pour Ponge, la poésie n'est ni romantique ni même une façon de s'engager mais au contraire de une manière de célébrer la matérialité des choses. C'est sans doute la raison pour laquelle il contestait pour lui-même la qualité de poète. le titre même du recueil indique qu'il prend effectivement le parti des choses, qu'il les choisit. Il multiplie les images, file des métaphores, use de périphrases, joue sur les mots, réenchante le quotidien par la description qu'il en fait. Quand il évoque à sa manière, c'est à dire d'une façon fine et subjective, un objet ordinaire, il insiste sur son utilité, sa trivialité, sa brève durée de vie, sa simplicité, sa vanité, mais, paradoxalement il en souligne l'importance et nous invite à porter sur lui un regard différent. En choisissant ainsi de parler des objets banals, il renouvelle à sa manière le langage poétique. Cela m'évoque cette citation de Victor Ségalen « Voir le monde et l'ayant vu dire sa vision ». Il choisit de collationner les choses, de leur donner sa propre définition comme le ferait un dictionnaire, de procéder à une véritable « leçon de choses ».

Ce recueil est aussi une sorte d'exorcisme à cause de la douloureuse perte de son père. Après cette épreuve, il se réfugie dans le monde des objets quotidiens dont il croise chaque jour la réalité. Dans une moindre mesure il évoque aussi la réalité de la vie de salarié.

Avec « Poême », mot valise qui est la contraction de  prose et poème  mais aussi vient d'un mot latin signifiant prélude, il semble nous dire que ce qu'il écrit n'est finalement qu'un préliminaire à autre chose qui viendra par la suite puisque toutes les choses qui sont le prétexte de sa poétique sont elles-mêmes perpétuellement changeantes. Il réitère en créant l'expression « l'objeu », contraction des mots objets et jeu, non seulement il joue sur les lettres d'un mot mais il semble aussi nier ainsi l'arbitraire du langage. Il y a une forme de lyrisme chez Ponge, dans la façon d'appréhender les choses et de les évoquer pour son lecteur, de leur donner en quelque sorte une âme.

Il reste pourtant un poète inconnu du grand public, un « inconnu célèbre » que Sartres révéla à l'occasion de la publication de ce recueil. Ponge est sans doute un grand poète mais je dois bien avouer que j'ai assez peu vibré à ces textes.


©Hervé Gautier http:// hervegautier.e-monsite.com
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Un poète change notre regard sur le monde ou sur nous même . Ponge nous fait apercevoir les merveilles cachées dans l'humble prolétariat des objets ou des bêtes (cageot, cigarette , pain, papillon,escargots ) . A ces modestes il offre la magie de son langage et à nous le désir d'en faire autant ...mais ce n'est en rien facile.
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On referme ce recueil et on ne peut s'empêcher de regarder notre environnement autrement. Un regard poétique!
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Le Parti pris des choses ou le miracle de la poésie. Aucun mot n'est assez beau, ni assez grand pour décrire ce joyau de la prose française. A la fois force et tendresse, à la fois subtilité et vulgaire, la poésie de Ponge ne pourra jamais se démoder car son oeuvre relève tout simplement de l'immortel.
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F. Ponge développe sa forme poétique à partir de rien, d'objets du quotidien, autour de lui ou dans la nature. Il creuse l'évidence d'un simple galet, d'une huître (objet?), d'un cageot, d'une orange, voyage sur une croûte de pain.
Tout est devenu objet poétique. Il suffit d'ouvrir les yeux. Non qu'il ait donné une âme aux "objets inanimés", il les a animés de mots en voyageant dans l'infiniment petit ou dans le petit tout court car les choses finissent par posséder en elles, un esprit que le poète révèle de sa subjectivité. le désir n'est jamais bien loin et il fallait bien réussir à rendre dans une huître, cette allusion érotique: "…frange de dentelle noirâtre sur les bords."
La lecture de ce recueil est jubilatoire, c'est un hymne à la vie pour qui s'intéresse un tant soit peu aux objets non en tant que possessions mais en tant qu'êtres ayant leur vie propre et dont on doit creuser le mouvement pour en deviner le "parti pris". le mouvement de la mer revient d'ailleurs souvent, de même que les "objets" qui longent la plage, car c'est la mer qui imprime un mouvement au galet et non le galet qui bouge, la mer qui lui propose "un million de qualités inédites."
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Je ne suis pas un grand un lecteur, mais je sais tout de même apprécier une bonne oeuvre. Les poèmes c'est clairement pas mon truc, mais alors là, c'est si nul. Pourtant en lecture cursive pour cette année de première, je songe à arrêter ma lecture, ma note sera mauvaise, mais là j'ai vraiment du mal, je ne lis pas correctement et ne comprends donc pas bien les poèmes... Autant arrêter de me torturer.
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J'ai vraiment été déçue par ce recueil de poèmes. Malgré le fait d'en avoir étudié quelques uns en cours de littérature et donc d'avoir pu comprendre le système et la volonté de narration de l'auteur, la plupart des poèmes m'ont laissée de marbre et ne m'ont apporté aucune réflexion ou un quelconque plaisir de lecture.

Je pense qu'il s'agit du genre de lecture qu'il faut prendre le temps d'analyser mot par mot pour comprendre son sens caché et son message; ce qui est le plus intéressant selon moi, et qu'il ne faut pas tout lire d'une traite.

de plus, le fait que certains poèmes fassent plusieurs pages m'a quelque peu désarçonnée. En effet, j'ai trouvé cela ennuyeux et parfois lourd lorsque 'en plus je ne comprenais pas où l'auteur voulait en venir.

Cette oeuvre est malheureusement une déception bien que les poèmes que j'ai eu la chance d'analyser m'ont particulièrement plu du fait que j'en ai compris les nombreuses facettes.
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Il n'est pas toujours facile à lire, ce petit recueil de poèmes. Il faut avoir l'esprit disponible, rester concentré et même lire plusieurs fois pour comprendre « le parti pris des choses ».
Pourtant, Francis Ponge nous réserve quelques surprises au détour de ces petits poèmes en prose. Je me suis surprise à sourire de ces trouvailles et à l'envier d'être capable d'écrire ces textes tellement originaux.
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petite lecture aujourd'hui de Francis Ponge ! Alors, j'ai été conquise par certains de ses écrits même si certains m'ont semblé assez long (accrochez pour les quatres pages sur l'escargot et sur le galet !) Néanmoins, ce fut une formidable découverte de pouvoir lire la vision du monde de l'auteur. je trouve ça quand même assez incroyable tout ce que chacun peut penser de toutes les choses simples qui nous entoure !
Enfin bref, ce fut une agréable lecture, un peu longue (peut-être était-ce également ma fatigue) mais très intéressante !
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Si le livre est loin d'être accessible, son projet est plutôt intéressant. Poèmes en prose aux thèmes vulgaires (au sens de communs), les descriptions de Ponge ont la prétention de renverser la barrière entre l'idéal poétique et l'habituel insignifiant. Toutefois, ce n'est pas la poésie qui s'abaisse au niveau des objets, des animaux ou des lieux auxquelles elle est associée, mais ce sont eux, au contraire, qui sont élevés par la langue et l'interprétation aux firmament des nobles matières de l'esprit. Les procédés sont récurrents : personnifications sans identifications, métaphores filées, jeux entre l'étymologie oubliée des mots et leur sens contemporain souvent diminué, altéré ou dévoyé.
A moins d'être un lecteur plutôt passif qui ne demande pas plus que de se laisser bercer par le rythme et les sonorités du texte sans se soucier du fond, on apprécie difficilement ce recueil qui semble se signaler ostensiblement à l'étude littéraire académique, au mépris d'un lectorat autodidacte qui cherche le juste équilibre entre l'édifiant et le beau.
Je retiens et recommande particulièrement les poèmes "Bords de mer" et "R.C. Seine n°", que je préserve de cette dernière phrase.
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