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Le roman s'ouvre sur une étrange scène, un prologue qui place le lecteur en contact avec de mystérieux acteurs : une créature sauvage, un humain inerte, les deux en contact involontaire sous l'eau, sorte de mise en bouche qui précise un contexte très flou que l'on reliera ou pas avec le reste de l'oeuvre, quelques points communs avec un événement futur pouvant se dégager.

Puis on entre dans le récit, on fait connaissance de Yolande Baudier, qui habite à proximité du café où commence l'histoire, retraitée qui observe et constate l'arrivé d'un personnage qui entre au café.

Si le début peut paraître confus en raison de l'emploi de la troisième personne du singulier pour présenter ce premier acteur et décrire le comportement des personnages principaux, Jean-Luc et Jean-Claude, la situation s'éclaircit rapidement, même si les propos des deux amis installés au bar sont quelques peu incohérents, ce qui permet de les cerner.

Jean-Luc et Jean-Claude sont deux individus inséparables. Jean-Luc semble veiller tant bien que mal sur son ami Jean-Claude, diabétique. Les deux viennent d'un foyer, sont sous tutelle et curatelle, sont encadrés par un éducateur et connus de Jacqueline, la propriétaire du café qui connaît les interdits et s'impose pour les empêcher de transgresser.

Le contexte le permettant, les deux amis se retrouvent en voiture avec Florent, ce jeune homme qui consommait à leur côté chez Jacqueline, et se retrouvent dans une situation proche d'une aventure que l'on pourrait qualifier d'extraordinaire étant donné le peu de repères de nos héros qui se mettent en danger : les deux reçoivent un traitement médicamenteux indispensable à leur santé physique ou mentale.

Un beau roman sur le handicap, la fragilité de certains êtres qui ne peuvent s'aventurer dans des lieux inconnus sans subir de graves perturbations, un roman sur la détresse des personnes en situation de précarité. Si l'on s'attache rapidement à Jean-Claude et son ami parce qu'on imagine fort bien leur situation et les dangers qui les guettent, on a parfois du mal à cerner florent, intermédiaire en difficulté lui aussi, mais qui reste un personnage secondaire.

L'autrice nous offre également une agréable promenade en baie de somme, avec quelques repères sur sa faune, sa flore, ses dangers, un milieu sauvage qui ajoute une certaine ambiance au roman.

La fin brise hélas la routine du récit, la sortie scolaire et ses ados difficiles à gérer, scène avec des dialogues qui m'ont sortie du confort relatif dans lequel je m'étais installée semble plaquée n'aide pas à comprendre la situation de Jean-Claude. Comment est-il arrivé à là ? je n'en dirai pas plus pour éviter de divulgâcher.

Deuxième bémol : le prologue : s'il y a une similitude entre la scène de départ et la fin, on notera une incohérence entre la situation initiale et la situation finale.

Un roman court, qui laisse en tête une ambiance générée par ce périple en baie de somme, et le souvenir de deux êtres fragiles et attachants.
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Jean-Luc et Jean-Claude sont deux personnes placées sous curatelle renforcée et sous tutelle, qui vivent dans un foyer. Un jeudi après-midi, jour où ils sont autorisés à sortir, alors qu'ils sont dans le café du village dont ils connaissent très bien la patronne et qu'ils consomment des boissons non alcoolisées, ils font la connaissance de Florent, un jeune homme tout blond qui craint de ne pas avoir assez d'essence pour rentrer chez sa mère à Louviers et n'a pas assez d'argent pour en acheter. Jean-Luc tient absolument à faire un loto, mais la patronne refuse car le foyer lui a indiqué qu'il ne devait pas jouer à des jeux d'argent. Florent consent à les emmener à quelques kilomètres de là, à l'Intermarché, où Jean-Claude pourra jouer. C'est le début de leur errance. ● C'est un premier roman très réussi, d'abord par le style, magnifique. On se laisse emporter par la prose de l'autrice, par ses images à la fois pertinentes et superbes, qui ouvrent sur le conte merveilleux, comme dans ce paragraphe : « À force d'être secoué, Jean-Claude finit par revenir à lui. L'odeur profonde et légère de sous-bois et de roches digérées par des êtres microscopiques s'est insinuée dans ses narines et sous ses paupières. Un souvenir de papier journal posé sur un évier, et la terre sablonneuse y crépite en se détachant du pied du champignon. Des fragments de feuilles et des éclats de brindilles s'y déposent aussi. Il revoit la lame usée de l'Opinel du pépé qui gratte la peau chamoisée du chapeau. Ça sent pareil, la lisière humide, un parfum de cru et de mystère organique qui vient du sol et mêle dans ses volutes le spongieux et le poudreux, les étoiles vertes de la mousse et tous les filaments qui tissent sous la peau de la forêt une résille immense et parcourue. » ● Les personnages sont très réussis, la gémellité entre Jean-Luc et Jean-Claude ajoute à la vulnérabilité de ces deux personnages, qui s'en trouve comme multipliée. On sent que Florent n'est pas très loin d'être comme eux. La précarité de ces personnages nous émeut. Les personnages secondaires sont magnifiquement campés, comme la directrice du foyer, les deux gendarmes, ou encore la classe de collège, d'un réalisme stupéfiant, avec des dialogues qui claquent de vérité. ● L'intrigue nous emmène au bord d'un précipice dans lequel on ne sait jamais si les personnages vont tomber. le drame est sans cesse imminent : va-t-il avoir lieu ? ● Les deux premières pages sont déconcertantes ; elles trouveront une explication plus tard ; je n'aime pas trop cette entrée en matière déceptive qui risque de faire fuir le lecteur. ● C'est ma seule réserve (avec toutefois aussi quelques obscurités dans des formulations trop travaillées) car j'ai adoré ce roman riche et maîtrisé plein de tendresse et d'humour qui met en scène des personnages qu'on ne voit pas souvent dans la littérature.
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C'est bien écrit, les personnages étaient prometteurs, décalés, avec leur handicap psy qui rend leur rapport au monde et aux autres pas toujours évident, mais je suis restée sur ma faim. Finalement, on ne les côtoie pas tant que ça, Jean-Luc et Jean-Claude. J'aurais aimé mieux les connaître, savoir un peu plus ce qui se passe dans leur tête, voir leur belle amitié se développer… Laurence Potte-Bonneville n'aime pas creuser, du coup quand nos deux protagonistes ne rentrent pas dans leur foyer, on s'éparpille un peu dans les différents personnages qui les cherchent au lieu de les accompagner. Dommage. Certains ne manquent pas d'intérêt, comme Florent, bien dans la mouise socialement et sentimentalement, avec, à vingt-trois ans, un hématome à la place du coeur; face à nos deux amis, il oscille entre mépris, agacement, envie d'être gentil et une vraie forte émotion. Mais même la justesse et la subtilité qui me semblait caractériser l'écriture de Laurence Potte-Bonneville n'est pas tenue jusqu'au bout, le propos devient assez caricatural avec l'évocation d'une sortie scolaire.
Pas une lecture indispensable, malgré d'indéniables qualités.
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Comme chaque semaine, Jean-Luc et Jean-Claude franchissent la porte du bar, mais cette fois quelque chose a changé. Ils se laissent distraire de leur routine rodée par la présence d'un jeune homme, dont la blondeur surprend. Malgré les consignes qu'ils connaissent, ils succombent à la tentation de suivre l'inconnu qui accepte de les conduire au PMU voisin où ils pourraient jouer au loto. Un échange de veste, un quiproquo et les voilà livrés à eux-même loin du foyer qui les héberge et dans l'impossibilité de joindre quiconque. D'autant qu'ils s'éloignent du centre commercial pour se perdre dans la campagne, tandis que Jean-Claude commence à ressentir les effets de sa maladie. Pendant ce temps le jeune homme blond poursuit sa route, dans l'angoisse de tomber en panne d'essence.

On s'attache rapidement à ces personnages fragiles et émouvants, qui tentent d'accéder à leurs rêves les plus fous, en toute innocence et avec une confiance terriblement risquée.
On ressent également de l'empathie pour le troisième personnage, dont on pourrait craindre le pire et qui reste énigmatique.

Le roman est loin d'être sombre, et la sortie scolaire qui croise la trajectoire de nos deux héros est suffisamment caricaturale pour faire sourire.


Ce premier roman met en évidence une capacité d'observation particulièrement fine , parfaitement retraduite dans les dialogues que l'on entend en les lisant.
En mettant en avant ce trio improbable, l'autrice réussit à construite une intrigue originale et percutante.

Ne pas se laisser perturber en lisant la première page, aux propos sibyllins : le sens viendra plus tard.

Très belle découverte.

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Escapade en baie de Somme

L'un est sous curatelle, l'autre sous tutelle. Jean-Luc et Jean-Claude s'offrent une virée hors de leur foyer. Sous la plume de Laurence Potte-Bonneville, qui signe ici son premier roman, cette sortie va prendre des allures d'épopée initiatique.

Au foyer où vivent Jean-Luc et Jean-Claude, une nouvelle directrice tente une pédagogie plus ouverte et assouplit les règles pour que les pensionnaires puissent vivre mieux. Les deux hommes ont même le droit à une sortie hebdomadaire. Même si elle se limite souvent à une visite au café où Jacqueline veille sur eux. Elle sait qu'ils ne peuvent pas consommer d'alcool et que les jeux de loterie leurs sont interdits. Mais ce soir la chance est de leur côté. Florent leur propose de les conduire au centre commercial où ils pourront valider une grille de loto.
Le trio entame alors un périple qui va le marquer à tout jamais. Sans dévoiler plus avant le détail de leurs péripéties, on dira que les phoques de la baie, la doudoune de Jean-Claude, une classe verte et deux gendarmes vont croiser leur route.
Alors que la directrice du foyer cherche à retrouver ses deux pensionnaires - son coup de fil aux autorités est un morceau d'anthologie - on hume avec bonheur l'air du large.
Cette parenthèse, qui permet pour un temps au mec à la doudoune blanche et à son balèze de copain de se sentir enfin libres, nous permet de jeter un regard différent sur le handicap.
Laurence Potte-Bonneville, qui travaille avec les handicapés, met son expérience au service de ce récit d'une belle humanité. Il n'y a cependant rien de larmoyant dans ce texte qui se rapproche bien davantage de la loufoquerie d'un Forrest Gump.
Soulignons aussi combien ce road-movie en baie de Somme est construit avec poésie et humour. Les personnages y sont détaillés en quelques lignes qui les rendent immédiatement visibles, les dialogues sonnent juste, le regard du phoque sur ces drôles de bestioles qui gesticulent à quelques mètres de son espace vital est d'une belle lucidité. Bref, voilà un premier roman habilement ficelé. de ceux que l'on referme en espérant voir leur auteur nous proposer de nouvelles aventures.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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La recommandation d'une libraire et ce titre tellement accrocheur de Jean-Luc et Jean-Claude m'ont décidé à lire ce premier roman.

Jean-Luc est sec, nerveux, ancien alcoolique. Il est placé sous curatelle.
Jean-Claude est un grand pataud qui adore fixer à toutes choses des prix qui se finissent en 99. Il est placé sous tutelle.

Ils sont copains depuis toujours et vivent dans un foyer à proximité de la Baie de Somme. Jean-Luc veille sur Jean-Claude, surtout à cause de son diabète.
Tous les jeudis, ils ont le droit d'aller boire un verre, mais sans alcool attention, dans le bar du village où ils résident. Mais un jeudi, leur petite routine dérape et les voilà partis pour l'aventure après avoir rencontré un jeune homme très blond qui les fascine et semble perdu dans ce petit café.

Portrait sensible de deux grands zozos d'une cinquantaine d'années et des gens rencontrés au cours de leur cavale, ce premier roman est plein de tendresse pour ses personnages cabossés. On s'attache à eux, on s'inquiète pour eux tout au long de la lecture. Ma seule réserve porte sur l'écriture dans la première partie du livre qui à mon sens, aurait mérité plus de simplicité.

C'est rare de rencontrer de tels personnages dans la littérature et je salue l'auteure d'avoir choisi de raconter la vie de ces deux zigotos et d'en avoir fait un portrait si attachant.

Ce premier roman est à l'image de son titre : drôle, émouvant, un peu décalé. Une jolie découverte.
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Sur l'échiquier de la société, Jean-Luc et Jean-Claude ne sont ni des pions ni des rois. Ils ont plutôt tendance à prendre la diagonale. Dès le début du roman, on sait qu'il leur manque une case et que la partie risque de mal se terminer. Mais l'auteure ne s'appesantit pas sur leur handicap. Elle s'intéresse davantage à leur parcours, à la pression qui monte, telle une bouteille de Coca-Cola secouée trop vite.
Yolande, la directrice du centre, avait de bonnes intentions. La sortie du mercredi leur fait beaucoup de bien (l'autorisation administrative page 111 vaut le détour) à condition d'en respecter les horaires imposés. Tant qu'ils maraudent à l'Intermarché ou qu'ils se payent un soda. Tant qu'ils ne sortent pas de l'enclos psychologique qu'on leur a installé.
L'un est sous tutelle, l'autre sous curatelle. Vu de l'extérieur, ce sont deux neuneus qu'on préfère éviter. Les prédateurs sont ailleurs, pourtant. Subtilement, Laurence Potte-Bonneville montre qu'au pays de la normalité, les retardés mentaux ne sont pas les plus à craindre.
C'est un bon premier roman. L'auteure a parfaitement exploité sa connaissance du milieu associatif et des plus démunis. Ses personnages sont mémorables (y compris le phoque !) et son récit tient en haleine (de très beaux passages, ex p29). Il a juste le défaut des premiers romans : une fin hésitante. Nous verrons si cette néo-romancière pourra écrire au-delà de son expérience de vie.
Bilan : 🌹 🌹
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Jean-Luc et Jean-Claude, placés sous curatelle et tutelle ont la permission de quitter le foyer pour aller boire un pot au café du village le jeudi. Ils y rencontrent, un jeune homme blond, Florent avec qui ils sympathisent et qui accepte de les conduire à un endroit où ils pourront jouer au loto. C'est le début d'une petite aventure au cours de laquelle, les deux compères vont se perdre dans la nature et faire des rencontres improbables. Les responsables du foyer et les gendarmes alertés organisent les recherches, Jean-Claude étant en danger vital en l'absence de traitement de son diabète. Une belle écriture met qui en scène, successivement et alternativement la vulnérabilité de Jean-Luc, Jean-Claude mais également de Florent et d'une phoque. Quelques passages sous forme de dialogues, chez les gendarmes et avec la classe de découverte apportent fraîcheur et humour au récit. le début du roman intrigue, qui parle ? Patience cela s'éclaircira bientôt.
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Jean - Luc et Jean - Claude sont deux adultes sous tutelle pour l'un, sous curatelle pour l'autre. Ils vivent dans un foyer et ont leurs habitudes au café du coin. Tous les jeudis, ils peuvent sortir en autonomie pour boire un verre (sans alcool). Tous les deux sont soudés, l'un surveillant l'autre. Jusqu'au jour où tout se dérègle... On tremble pour eux dans ce premier roman.
L'histoire est bien menée, l'écriture est simple et agréable, les protagonistes attendrissants.
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Ecrire un bout de la vie de Jean-Luc et Jean-Claude qui sont logés tout deux en foyer pour personnes atteintes d'un handicap intellectuel n'a pas dû être facile. Comment exprimer cette complexité de pensées simplissimes ? Ces deux compères vivent l'instant présent, conscients parfois de leur décalage et parfois non. Leur vie rythmée d'habitudes et de repères institutionnels. Et pourtant ils sont aussi capables d'être imprévisibles dans leur choix. Un imprévu tellement déroutant pour nous qui n'avons pas ce handicap et se sentons responsables. Ainsi, la route du réel se retrouve plongée dans une virée à rebondissements colorée par l'imaginaire de chacun des protagonistes.
Chaque mot, chaque phrase est une galerie de paysages, de souvenirs, de sensations sans lien direct, qui enveloppe ce récit d'une ambiance onirique.
J'ai ressenti beaucoup de tendresse et d'humour dans ces phrases choisies méticuleusement par l'autrice.
Certe son style peut-être déroutant mais je crois que c'est justement ce qui traduit le mieux les sentiments et la relation que l'on peut vivre avec ces personnalités attachantes et surprenantes.
Je connais tant de Jean-Luc et de Jean-Claude autour de moi que parfois j'en oublie que leur singularité qui m'attendrit peut aussi les mettre en danger. Ce roman présente bien la particularité des adultes inadaptés mentaux : Savoir les protéger tout en respectant leur libre arbitre, leur choix.

Merci Laurence Potte-Bonneville de leur rendre hommage avec ce récit sous votre plume particulièrement poétique.

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