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Citations sur Toutes les femmes sauf une (34)

Être mère, je l’apprendrai avec les semaines, c’est trouver des endroits sur Terre, des coins dans les maisons et pouvoir en puissance aller très loin. Je chercherai un lieu frais pour veiller ton sommeil en été. Un lieu pour te regarder marcher. Je chercherai encore un lieu sûr pour te laisser, quand il s’agira pour moi de disparaître ou de guérir. Je chercherai les lieux sans bruit pour te parler, nous cacher.
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Des filles qui montrent leurs genoux, elle dit qu’elle sont vulgaires, nous sommes en 1996. Des jolies, des soignées, qu’elles singent leur mère. Le féminin est condamné. Une porte après l’autre. Je ne sais plus par où passer. Tout est interdit, tout est porno. Elle m’arrache des mains le Journal d’une femme de chambre, sur la liste des lectures du collège, porno. Elle éteint la radio, porno. Des filles qui s’épilent les mollets elle dit aguicheuses et les bronzées sont des folles.
Moi je te protège. Tu me diras merci.
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Adèle, ne participe pas à ta propre oppression. Je ne t'apprendrai rien de plus entier. Et si un jour, l'oppression c'est moi, va-t'en. Je suis restée moi trop longtemps auprès des femmes faibles. Il me reste quoi. Un petit livre à leur envoyer à la gueule, au temps où la littérature n'a plus d'estomac.
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Je crois, j’ignore où je l’ai pris, qu’une condition élève à jamais : écrire. Les pauvres femmes sont penchées sur les éviers, la terre, les bites, les bassines, les mômes, les poules. Une femme penchée sur un cahier, c’est un homme. C’est un homme et personne ne l’emmerde. Ainsi, depuis trop longtemps pour pouvoir désormais en guérir, je conçois ma vie dans une ahurissante limite qui, presque, m’interdit d’habiter ma propre chair. Mais toi, Adèle, mon enfant de la fin de l’hiver, tu sauras : une femme penchée sur son art, c’est naturel.
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Elle m'apprend à parler aux absents, à la lumière, à confier aux profondeurs du temps le fond de mes désirs, jusqu'à ce que, devinés par les astres, mes désirs prennent vie.
Tu as un ange, parle-lui.
L'univers entend.
Elle m'apprend le principe d'éternité, d'infini, à partir de quoi l'on ne craint plus grand chose.
Presque personne.
Et encore d'autres choses qui convergent toutes vers un seul combat: l'exigence.
Inouïe, épuisante.
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Mon âge égale le temps passé à taper sur l'armure, de l'intérieur.
J'écris et personne ne peut m'embrasser.
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L'insomnie, la dépression. J'appelle ma mère comme on se fait dessus. Je dis "aide-moi", ça arrive quand on coule, on appelle maman, on dit aide-moi, ça se fait, Adèle.
Moi : Ça va très mal.
Elle : "Comment oses-tu me dire ça à moi ?"
La femme au téléphone hurle que c'est elle qui souffre, elle. Mon père est parti, elle n'a jamais travaillé, ses enfants la négligent, est-ce que je peux en dire autant ?
"Toi, tu crois pas que tu peux te débrouiller ?"
Je raccroche et je coule tout à fait.
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Rien ne commence par le lait, tu sauras ça, hors pour les bêtes. Chez les animaux que nous sommes, fous du désir de parler, ça commence par la catastrophe de la langue. Les mots qu’on nous dit, les phrases pour nous assommer, les phrases pour nous gouverner, les phrases pour endormir, interdire, séparer, les phrases pour reproduire. Une fille après l’autre tenues par la langue que désormais je m’occupe à défaire (…).
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Les autres possèdent. L'assurance, des affaires, les permissions de minuit, le futur, le sexe opposé. Moi le truc du pauvre : les mots. Je balance par rafales. Je fais plus de mal que j'imagine.
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Ma mère vient de raccrocher, je l'ai appelée avant tout le monde sans quoi ça me retombait dessus. J'ai pas eu de nouvelles. Je suis qui ? Une étrangère ? Tu parles, des nouvelles, elle pourrait tenir deux ans sans en prendre. Personne ne t'oublie comme elle, ne t'obsède comme elle. Elle ne viendra pas à la maternité, elle ne veut pas. La route, la météo, les autres, les cochonneries qui traînent à l'hôpital et surtout la vérité : tu la vieillis, elle voudra t'ignorer.

Je lui raconte l'accouchement. Raconter c'est toute ma vie, mais là je n'en rajoute pas. Un malaise, un déclenchement, dix heures, un échec, rebelote, encore huit heures, la douleur, une hémorragie, la syncope mais enfin tu es là. Immobile et loin au téléphone, les mots depuis toujours agissant à sa place, elle a dit :

J'en étais sûre. Tu as raté ça. Tu n'avais pas préparé ?
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