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Critique de chocobogirl


Maurice Lenoir est un retraité bien paisible qui s'est retiré loin de tout dans une petite maison de la Creuse. Il vit du RSA et des légumes qu'il fait pousser dans le jardin, sa seule occupation avec le plaisir de replonger dans le livre "Pierrot mon ami" de Queneau. Son seul contact avec le monde prend forme dans les apéros qu'il prend avec les voisins, couple de petits vieux sans histoires. Tout irait pour le mieux donc si la flicaille n'était pas venu le réveiller en ce samedi 14. C'est que les petits vieux d'à-côté, les Kowa, ont un fils. Un fils qui vient de devenir ministre de l'intérieur. Maurice l'ignorait et voit débouler dans son environnement paisible une armée de policiers de tout poil chargé de protéger ses voisins et de faire le vide autour d'eux. Manque de bol, la police découvre quelques plants de cannabis à l'arrière de son jardin : une bonne raison pour envoyer Maurice au frais quelque temps. Sauf que notre homme déjoue leur surveillance et rentre bien gentiment chez lui. Négociant la possibilité de rester chez lui sous bonne garde en échange de son silence sur la bourde policière, Maurice essaye de s'acclimater à cette présence policière encombrante qui pourrit son paysage et son quotidien. Une pression qui vient réveiller l'eau qui dort...
Car ce que les flics ignorent encore, c'est que Maurice s'appelle en fait maxime et s'avère être un dangereux terroriste recherché depuis longtemps. Aussi, maxime prend la fuite et est bien décidé à pourrir la vie de ce ministre qui lui a foutu en l'air les jours tranquilles du reste de sa vie !

Les Editions La Branche lancent une nouvelle collection, dirigé par Patrick Raynal, intitulée Vendredi 13. Basée sur le superstitieux thème du vendredi 13, elle sera constituée de 13 romans tournant autour de cette date un peu particulière. Les 3 premiers titres sont le fait de 3 auteurs français variés : J.B. Pouy, Pierre Bordage et Michel Quint. On notera également la grande réussite au niveau de la couverture : fendue en son milieu d'un trou, elle laisse apparaître l'oeil inquisiteur de l'auteur.

Chez Pouy, le vendredi 13 s'avère finalement le jour funeste où le nouveau ministre de l'intérieur est nommé, un jour funeste pour ce dernier même s'il l'ignore encore !
Notre Maurice / maxime a pris la poudre d'escampette et déjoue les dispositifs policiers, quitte même à les narguer parfois. C'est que, il a été finalement identifié par la police comme LE terroriste recherché activement par la DCRI... L'agent Dormeaux de la DCRI, qui s'est ridiculisé en ne reconnaissant pas l'homme sur l'affaire duquel il travaille de nombreuses années, est pressurisé par son incommodante patronne, Yvonne Berthier qui oscille entre le foutre au placard et l'utiliser pour son enquête et son éventuelle promotion. C'est que la tension monte au coeur de l'Etat : les flics passent pour des incapables et maxime semble bien décidé à tous les faire chier, le ministre en premier.
Personnage totalement sympathique qui cache derrière sa bonhomie des ressources bien étonnantes, maxime entraîne son lecteur à sa suite, de cache en cache, de voyages en train improvisés en France à un séjour au pied du volcan Stromboli , muni de fausses identités de secours préparées au cas où. Sa cavale se pimentera même d'une aventure avec la jolie Béatrice qui recèlera en son sein bien des surprises et prouvera ô combien les capacités et l'ironie de notre fuyard ! En même temps que maxime fait la nique à ses poursuivants, des fuites opportunes commencent à révéler quelques casseroles que le ministre se traînait discrètement. Bref, maxime fout le bordel et la rancoeur de Dormeaux envers Berthier est loin d'arranger les choses...

Vous l'aurez compris, il s'agit ici de l'aventure assez rocambolesque d'un terroriste assagi qui a décidé de rendre la monnaie de sa pièce à ceux qui l'ont impunément dérangé. maxime s'avère un personnage extrêmement sympathique dont les réparties fumasses ou ironiques sont un vrai festival ! Et de fait, Pouy construit un personnage haut en couleurs qu'il affuble d'un franc-parler populaire et imagé qui s'épanouit dans un luxe d'argot et de synonymes. Les ficelles et l'imagination dont il fait preuve dans ses diverses machinations sont de haut vol et l'auteur réussit à les distiller au fil du récit et à surprendre son lecteur.
Un héros atypique qui n'hésite pas d'ailleurs à citer Queneau dont on retrouve de nombreux extraits dans le récit.
De leur côtés, les flics passent pour des branquignoles, pas foutus de tenir en cage (dont ils ont oubliés de fermer le verrou !) un vieux papy inoffensif ou de reconnaître l'ennemi public n°1.L'ambiance au sein de la police n'est pas forcément très rose. Chacun cherche à tirer la couverture à soi et la vengeance peut parfois amener à retourner sa veste.
L'appareil d'état en prend aussi pour son grade. le nouveau ministre, qui veut tout contrôler, impose une politique répressive démesurée mais se garde bien de nettoyer dans son pré. Entre malversations et infidélité, les hommes politiques sont loin d'être des enfants de coeur.
C'est donc une intrigue où la critique, sociale ou politique, n'est pas loin et on ne s'en étonnera pas de la part de Jean-Bernard Pouy, écrivain gauchiste reconnu.
On ne s'étonnera donc pas non plus de la sensation toute particulière de déjà-vu qui transpire de ce texte et de sa portée bien contemporaine. Pour ma part, le ministre m'a quelque peu fait penser à Sarkozy et je crois que l'inspiration n'est pas totalement à exclure !

Au final, "Samedi 14" s'avère un roman particulièrement jouissif qui manie l'humour noir avec brio et tacle avec plaisir les travers de l'appareil politique tout comme l'attrait du pouvoir à tout prix et de l'argent. Les personnages sont savoureux et l'intrigue surprenante à de multiples égards. Cette histoire écrite par un vieux briscard du roman noir et social est bien évidement à lire ! Moi, je ne suis pas loin du coup de coeur ! (La toute fin ne m'a juste pas complètement convaincue)
Voilà donc qui augure d'une collection de qualité ! Les 3 premiers titres sont sortis ce jeudi 13 (hélas, ça ne sera pas un vendredi !) alors n'hésitez pas !
Lien : http://legrenierdechoco.over..
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