Citations sur Les Annales du Disque-Monde, Tome 16 : Accros du roc (55)
À la vérité, la musique qu'il aimait vraiment, c'était celle qu'on ne jouait jamais. De son point de vue, ça gâchait la musique de la martyriser au moyen de peaux séchées, d'intestins de chats crevés et de morceaux de métal transformés à coups de marteau en tiges et tuyaux. Elle devait rester écrite sur le papier sous forme de petits points noirs en rangs impeccablement consignés entre des lignes. Là seulement elle demeurait pure. C'était quand on se mettait à la manipuler que les choses se gâtaient. Il valait beaucoup mieux lire les partitions tranquillement assis dans sa chambre, sans autre intermédiaire entre l'esprit du compositeur et soi qu'un gribouillis d'encre. L'imaginer jouée par de gros types baignant dans leur sueur ou avec du poil dans les oreilles tandis que des gouttes de salive dégoulinent du pavillon de leur hautbois... Cette seule idée le faisait frémir. Mais pas trop, parce qu'il ne poussait jamais les choses à l'extrême.
En théorie, elle suivait présentement le cours de littérature. Suzanne détestait la littérature. Elle préférait lire un bon livre.
"Vous n'avez pas de muesli? demanda-t-elle.
- C'est une espèce de saucisse ? fit Albert d'un air soupçonneux.
- C'est toutes sortes de noix et de céréales.
- Y a du gras dedans ?
- Je ne crois pas.
- Comment tu fais pour le frire, alors ?
- On ne le frit pas.
- T'appelles ça un petit-déjeuner ?
- Un petit-déjeuner n'est pas forcément frit, dit Suzanne. Tenez, vous avez parlé de bouillie d'avoine, et ça ne se frit pas, la bouillie d'avoine...
- Où t'as vu ça ?
- Un œuf à la coque, alors ?
-Ah, l'eau bouillante, ça vaut rien, ça tue pas tous les germes.
ECOUTE, LES FILLES ORDINAIRES ONT UN XYLOPHONE. ELLES DEMANDENT PAS A LEUR GRAND-PERE D’OTER SA CHEMISE.
- Je voudrais vous présenter Chrysoprase, les gars, fit Planteur. Un vieil ami à moi. Lui et moi on s'connait depuis un bout de temps. Pas vrai, Chrys ?
Chrysoprase gratifia Planteur du sourire chaleureux et amical qu'un requin accorde à un aiglefin avec lequel il ne voit pas d'objection, pour le moment, à nager dans la même direction. Une légère contraction des muscles aux commissures des lèvres laissait également entendre qu'une certaine personne allait un jour regretter de l'avoir appelé "Chrys".
Le vieux n'était pas petit, s'aperçut Suzanne. Plutôt grand, même, mais il marchait le dos voûté de guingois, ce qui lui donnait une silhouette normalement associée aux assistants de laboratoire de la variété Igor.
Il existe un type de filles incapables de nettoyer leur chambre même sous la menace d'un couteau mais qui se bagarrent pour obtenir le privilège de passer la journée à pelleter du fumier dans une écurie.
" Cette boutique, fit Côlon. Cette boutique, là-bas... elle était là, hier ?"
Chicard observa la peinture écaillée, la petite fenêtre encroûtée de crasse, la porte branlante. " 'videmment, répondit-il. L'a toujours été là. ca fait des années. "
Côlon traversa la rue puis essuya un carrear. on distinguait vaguement des formes obscures dans la pénombre.
"Ouais d'accord, marmonna-t-il. Seulement... j'veux dire... Est-ce qu'hier elle était là depuis des années ?"
-Bon sang!Qu'est-ce qui pourrait déprimer la Mort?
-Albert a l'air de croire u(il pourrait faire ...une bêtise.
-Oh là là .Pas trop grosse,j'espère.C'est possible ça? Ce serait un ... morticide ,je suppose . Ou un cidicide.
- J'AI VU L'INFINI. ÇA N'A RIEN D'EXTRAORDINAIRE.
- Ne racontez pas de bêtises, vous ne pouvez pas voir l'infini. Parce que c'est infini, justement.
- SI, JE L'AI VU.
- D'accord. A quoi ça ressemblait ?
- C'EST BLEU.